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rable ? » se disait Prokoritch en pensant à l’ivrogne qui lui avait repassé la trouvaille, et de grosses gouttes de sueur lui vinrent au front.

Le cabaret se remplissait cependant peu à peu de gens du peuple, mais Prokoritch, au lieu de servir ses clients avec sa bonne humeur habituelle, les jeta dans un profond étonnement, non seulement en refusant de leur verser du vin, mais encore en leur démontrant d’une manière très touchante que, pour le pauvre, tout le malheur vient de la boisson.

« Si encore, disait-il à travers ses larmes, vous vous contentiez chacun de boire un petit verre, soit ; ce serait même profitable. Mais vous ne songez qu’à saisir les occasions pour avaler des tonneaux tout entiers. Et qu’arrive-t-il ? Vous vous enivrez, on vous traîne au poste, et là, pour tout profit, vous recevez cent coups de bâton.