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n’était point » ; qu’ « il n’était point avant qu’il fût né » ; qu’ « il avait été fait dans le temps et tiré du néant » ; qu’ « il n’était pas proprement de la nature, ou de la substance du Père » ; qu’ « il était une créature parfaite, mais non pas comme une autre des créatures » ; qu’ « il n’était pas vrai Dieu, mais Dieu par participation » ; qu’ « il n’était pas éternel, mais qu’il avait été créé avant le temps et les siècles » ; que « le Fils ne connaissait pas et ne voyait pas parfaitement le Père ». Ils eurent même l’impiété de dire que « le Fils n’était pas l’unique et le véritable Verbe », et qu’ « il n’était le Verbe que de nom » ; qu’ « il n’était la Sagesse que de nom seulement » ; que « c’était par grâce qu’il était Fils, le « premier-né des créatures » ; que « le Verbe était muable » ; et qu’ « il y avait plusieurs. Verbes ».
Arius lui-même disait que le Verbe qui était en Dieu était différent de celui dont saint Jean disait « Au commencement était le Verbe ». Car dans cette impie doctrine, les Ariens n’étaient pas tous d’accord entre eux ; souvent l’un enseignait le contraire de ce que disait l’autre : et comment auraient-ils été d’accord entre eux, puisqu’ils ne l’étaient pas toujours avec eux-mêmes ? Tant il est vrai que l’erreur est peu stable et peu ferme !
Il s’en trouvait encore parmi eux qui soutenaient que le Fils n’était point semblable à son Père. Sur ce dogme il se forma différents partis : les uns excluant absolument toute ressemblance, les autres en admettant une, et même de substance. Ceux qui niaient que le Fils était « Homoousios », consubstantiel, et qui le disaient « Homoiousios », semblable en substance, firent une secte particulière, et étant différents en quelque chose des purs Ariens, ils furent appelés « Semi-Ariens ». Ces « Demi-Ariens » se partagèrent aussi en diverses sectes : car quelques-uns d’eux enseignaient que le Fils était semblable au Père en substance, par une ressemblance imparfaite, telle que peut être celle de la créature au Créateur, de l’image à l’original. Cette image, cette ressemblance qui est hors de Dieu, disaient-ils, c’est Dieu qui l’a faite ; et elle est semblable à la substance de Dieu, autant qu’une chose créée hors de Dieu peut être semblable à la substance de Dieu. Et ceux-ci ne différaient des purs Ariens que de nom et de parole. En effet, les Ariens, recevant l’Évangile, ne pouvaient s’empêcher de reconnaître une ressemblance imparfaite entre les créatures et le Créateur, puisqu’il est dit dans l’Évangile : « Afin que vous soyez semblable à votre Père, etc. »
Mais d’autres Semi-Ariens, dont Basile, évêque d’Ancyre, était le chef, expliquaient cette ressemblance de substance d’une manière toute différente ; car ils admettaient dans le Père et le Fils une entière ressemblance de substance. Mais toutefois ils rejetaient « l’Homoousion », ou la consubstantialité du Père et du Fils ; et pour plusieurs raisons que rapporte et réfute en même temps saint Athanase « dans son Livre des Synodes, p. 764 ». Ce Père ajoute « dans ce même Livre, p. 757 » que ces Demi-Ariens, dont nous parlons, rejetaient le mot : « Homoousion », parce qu’il avait été proscrit dans le concile d’Antioche, on Paul de Samosate fut condamné, quoique ce ne fût pas dans le même sens que le concile de Nicée le reçut depuis, et le mit dans sa profession de foi : ce qui se prouve évidemment par les propres paroles de Denis d’Alexandrie qui avait assisté et souscrit au concile d’Antioche. Cet évêque ayant été accusé devant Denis, évêque de Rome, de ne se point servir dans ses sermons de « l’Homoousion », répondit qu’il le recevait et le regardait comme tout à fait catholique ; mais qu’il s’abstenait alors de s’en servir, parce qu’il avait affaire aux Sabelliens qui en abusaient, l’employant pour confondre les trois Personnes en une seule, et, détruisant la Trinité par le terme même de « Consubstantialité ».
Ces Semi-Ariens, plus doux et plus mitigés, rejetaient le mot : « Homoousion », et lui substituaient celui de « Homoiousion », qu’ils expliquaient dans un sens tout à fait catholique, ne différant que dans les termes et les expressions. Car ils admettaient une parfaite ressemblance de substance entre le Père et le Fils, et ils confessaient que le Fils était égal au Père ; quoique le mot:« Homoiousios », semblable, exprime en soi quelque chose d’impie. En effet, si le Fils est semblable à son Père par sa substance, s’il est véritablement Dieu, comme ils l’avouaient, il ne peut point être d’une autre substance, d’une substance différente : oit ne peut pas dire qu’une chose qui est une et la même, soit seulement semblable. Mais si le Père et le Fils sont de différente substance, si le Père est Dieu, si le Fils est aussi Dieu, il y aura donc deux Dieux ; car la substance de Dieu est Dieu même. Ainsi le Fils, semblable au Père par sa substance, sera Dieu semblable à Dieu ; il y aura donc deux Dieux. Mais les Semi-Ariens, dont nous parlons, ne recevaient pas cette conséquence, quoiqu’elle parût naturellement suivre de l’« Homoiousios ». Certainement dans l’explication ils s’approchaient du sens catholique, mais ils avaient tort d’introduire ce terme, et aussi ils étaient blâmables de ne recevoir pas le mot d’« Homoousion », de consubstantiel, que le saint concile de Nicée avait introduit et appliqué à cette signification. Néanmoins saint Athanase, cette grande lumière de l’Église, ne veut pas qu’on les traite d’ennemis, ou d’hérétiques, comme on le peut voir « dans son Livre des Synodes, p. 755 ». Il s’ensuit donc de ce que nous venons