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Sur la seconde, pourquoi le Saint prêchait au point du jour, le savant Éditeur conjecture que c’était pour ne pas interrompre la suite des autres Sermons qu’il prêchait pendant le cours de l’année et où assistaient généralement tous, les catholiques de tout âge, de tout sexe, et de toutes conditions.
D’où il suit, pour répondre à la troisième question, qu’il ne se trouvait à ces Sermons du matin que des hommes et des femmes, qui, ayant plus de zèle, de ferveur et d’esprit, étaient aussi plus en état de profiter des instructions du saint Docteur, et plus capables de combattre ensuite contre les hérétiques et de réfuter les arguments que ces hommes, qui fuyaient la lumière, tiraient principalement de plusieurs passages de saint Jean qu’ils n’entendaient point, et ; qu’ils détournaient à leurs sens dépravés.
Saint Chrysostome avait deux emplois : l’un d’instruire tous les catholiques dans la piété, dans la vertu, et contre toutes sortes de vices, et il le faisait avec beaucoup de force, de courage et d’assiduité, prêchant souvent, malgré la faiblesse et la délicatesse de sa santé, jusqu’à deux ou trois fois la semaine ; l’autre, d’armer les fidèles contre les assauts des hérétiques, qui se trouvaient alors en foule parmi eux, et de les mettre en état de répondre aux discours qu’ils semaient dans les entretiens familiers, et aux arguments qu’ils prétendaient tirer de plusieurs textes de l’Évangile de saint Jean comme on le verra dans ces Homélies.
Les Anoméens sont les hérétiques que saint Jean Chrysostome combat plus particulièrement dans ces discours. Il les a vivement poursuivis pendant tout le temps qu’il a rempli le ministère de la prédication, et à Antioche, presque aussitôt que ; Flavien, son évêque, l’eût élevé au sacerdoce, et à Constantinople, lorsqu’il fut mis sur le siège patriarcal, de cette ville. A Antioche, il les attaqua dès la première année qu’il commença à prêcher, il y fit même douze Sermons où il les réfute excellemment ; il repousse leurs traits avec beaucoup de vigueur, et fournit de très-puissants arguments contre eux. Mais toutefois dans ses premiers discours il ne les attaque pas avec la même force, ni de la même manière qu’il le fit dans la suite, parce qu’il en voyait venir plusieurs a ses Sermons et l’écouter avec plaisir ; parce qu’ainsi qu’il le dit lui-même, il ne voulait pas « chasser le gibier », et qu’il désirait de les attirer et de les gagner par la douceur, et par l’évidence dés raisonnements"et des preuves. Dans la suite, les Anoméens l’ayant eux-mêmes engagé d’entrer en lice ; il attaqua vivement leurs erreurs, et néanmoins toujours honnêtement et charitablement ; ne voulant point blesser ou terrasser ses ennemis, mais au contraire les relever de leur chute.
Quoique saint Chrysostome réfutât ; les Anoméens avec des termes d’amitié et de bonté, il ne laissait pourtant pas de les pousser vigoureusement, et certes, c’est avec raison et avec justice : car ces hérétiques s’attribuaient la science de toutes choses. Et ce qui surprend davantage, c’est qu’ils disaient qu’ils connaissaient Dieu, comme Dieu se connaissait lui-même. Ces hérétiques se vantant donc d’avoir ure si haute et si sublime connaissance, il n’est point étonnant qu’ils aient eu la témérité de sonder les profondeurs de Dieu, et l’audace d’examiner sa substance, d’agiter tant de questions sur la Divinité, et de les proposer à tous les catholiques qu’ils rencontraient, même dans les places publiques : Si quelqu’un les reprenait de cette extrême insolence, ils lui répliquaient : « Quoi ! vous ne connaissez pas ce que vous adorez » ? Ils rebattaient continuellement ces paroles, et aux oreilles de tout le monde : « Le Fils n’est point consubstantiel à son Père : il est une créature, il n’a pas un pouvoir égal à celui de son Père, il ne juge pas avec la même autorité : celui qui prie son Père, ne peut point être égal à son Père ». Ils ajoutaient encore : « Le Fils n’est pas semblable au Père » ; d’où ils furent appelés ANOMÉENS, c’est-à-dire, DISSEMBLABLES. Comme donc ces hérétiques étaient fort opiniâtres, grands parleurs, et qu’ils disputaient continuellement contre des catholiques, le Saint ne cesse point de les combattre dans les Homélies qu’il a prêchées à Antioche et à Constantinople. Et comme ils tiraient leurs arguments et leurs preuves de plusieurs textes de saint Jean expliqués à leur manière, et accommodés à leur sens, c’est aussi dans ces Homélies que saint Chrysostome les attaque et les presse plus fortement. Le lecteur ne sera sans doute pas fâché de trouver ici leurs principaux arguments avec les réponses du saint Docteur, après que nous lui, aurons donné une idée succincte de l’origine et du progrès de leur hérésie. En effet, il est nécessaire de connaître ces hommes que le Saint combat si souvent : Sans cette connaissance on ne peut même lire avec goût et avec fruit un grand nombre de ses Homélies.

Origine et progrès de l’hérésie des Ariens et des Anoméens.


Arius répandit son exécrable hérésie dans l’Église de Jésus-Christ vers l’an 320. Il eut beaucoup de disciples et de sectateurs, il jeta le trouble partout, presque toutes les églises du monde en furent ébranlées. Les principaux chefs et articles de l’hérésie d’Arius et des Ariens sont que « Dieu n’avait pas toujours été Père », que « le Fils n’avait pas toujours été » ; qu’ « il y avait eu un temps auquel il