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AVERTISSEMENT.


Dans ces Homélies, le Saint prend une autre route que celle qu’il avait tenue dans l’explication de l’Évangile de saint Matthieu. Il rapporte les versets de son texte, et s’arrête principalement sur ceux que les hérétiques détournaient du vrai sens, qu’ils appliquaient favorablement à leurs erreurs, et qu’ils objectaient aux catholiques. Le Saint prémunit et fortifie son auditeur contre leurs arguments et leurs sophismes : et c’est là son intention principale, c’est à quoi il tend, à quoi il s’applique plus fortement. Il veut former le soldat chrétien, qu’il voit tous les jours aux mains avec les hérétiques, il lui fournit des armes et le met en état de repousser les traits de son adversaire. C’est aussi ce que le lecteur ne doit point perdre de vue dans la lecture de la plupart de ces Homélies, afin de n’en pas perdre le fruit. Mais ce peu d’attention qu’on lui demande ne le doit pas rebuter. Tous ces discours ne sont pas polémiques, le Saint n’y combat pas toujours les hérétiques seulement, il les attaque et les repousse, lorsqu’il rencontre les passages, qui prouvent et établissent l’égalité et la consubstantialité du Fils, ou ceux dont ils abusaient pour appuyer leurs blasphèmes. Lorsqu’il ne s’y agit point de la divinité, ni de la consubstantialité du Fils, il explique en peu de mots la lettre de son texte, et ensuite il finit par une exhortation morale, pathétique, et toujours très-éloquente.
Nous avons quatre-vingt-huit Homélies de saint Chrysostome sur l’Évangile de saint Jean. Mais, dit le savant Éditeur, comme il y avait beaucoup d’Ariens et d’Anoméens dans Antioche et à Constantinople, il n’est pas facile de découvrir dans laquelle de ces deux villes le Saint les a prêchées.
Toutefois, par un endroit de la septième Homélie, sur la première Épître aux Corinthiens, il fait voir et prouve assez vraisemblablement que c’est à Antioche que le saint Docteur les a prononcées. Le Saint y renvoie ses auditeurs à la cinquantième Homélie sur saint Jean. Il est donc certain et indubitable qu’il les a prononcées dans Antioche, les ayant prêchées avant les Homélies qu’il a faites sur la première et la deuxième Épître aux Corinthiens.
Le Révérend Père Dom Bernard de Montfaucon se propose ensuite trois questions : 1° En quel temps saint Chrysostome a prêché ces Homélies. – 2° Pourquoi il les a prononcées dès le matin, au point du jour. – 3° Quels auditeurs il avait.
A la première question, il répond qu’elle n’est pas facile à résoudre, et qu’il est même impossible d’assigner l’année. Saint Chrysostome fut, fait prêtre l’an 386. Il prêcha ensuite ses Homélies sur saint Matthieu, qui sont au nombre de 90, des panégyriques, et sur d’autres sujets : il a donc pu commencer à prêcher celles-ci vers l’an 390, et les finir en 394 ou 395, et prêcher les 74 Homélies sur la première et la deuxième Épître aux Corinthiens dans les années suivantes et jusqu’au commencement de l’an 398, qu’il fut malgré lui arraché d’Antioche, amené à Constantinople, et ordonné évêque de cette ville impériale.