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HOMÉLIE XC.


« APRÈS QU’ELLES FURENT PARTIES, QUELQUES-UNS DES GARDES VINRENT DANS LA VILLE ET RAPPORTÈRENT TOUT CE QUI S’ÉTAIT PASSÉ AUX PRINCES DES PRÊTRES. CEUX-CI SE RÉUNIRENT AVEC LES ANCIENS ET AYANT TENU CONSEIL, ILS DONNÈRENT UNE GRANDE SOMME D’ARGENT AUX SOLDATS, EN LEUR DISANT : DITES QUE SES DISCIPLES SONT VENUS DURANT LA NUIT LORSQUE VOUS DORMIEZ, ET ONT DÉROBÉ SON CORPS ». (CHAP. 28,11, 12, 13, JUSQU’À LA FIN)

ANALYSE.

  • 1 et 2. La nouvelle de la résurrection de Jésus-Christ est apportée aux princes des prêtres et aux anciens. – Moyens qu’ils emploient pour tromper encore une fois le peuple. – Dernières paroles de Jésus-Christ à ses apôtres ; il les envoie évangéliser le monde.
  • 3 et 4. Combien tout ce que Dieu nous commande est facile à exécuter. – Que c’est cette facilité qui sera cause que nous serons plus châtiés au jour de son jugement. – Que l’avarice corrompt tout. – Du martyre des riches et de la vanité des richesses. – Que le christianisme inspire l’amour de la pauvreté.

1. Ces grands tremblements de terre ne se firent que pour étonner les soldats, afin qu’ils rendissent témoignage de ce qu’ils avaient vu, comme ils le firent en effet. Rien n’était moins suspect que cette sorte de témoignage que les gardes mêmes rendaient à la vérité de la résurrection du Sauveur. Car une partie de ces prodiges se faisaient alors à la vue de toute la terre ; et les autres se passent en particulier en présence d’un petit nombre de personnes. Les miracles qui se firent devant tout le monde furent les ténèbres et l’obscurcissement du soleil ; les autres plus particuliers furent le tremblement de terre auprès du sépulcre et tout ce qui fut fait ou qui fut dit par les anges.

Lors donc que les gardes furent venus dans la ville, et qu’ils eurent rapporté aux princes des prêtres tout ce qui s’était passé au sépulcre du Sauveur (grande gloire pour la vérité, puisqu’elle eut pour témoins ses ennemis mêmes), ces prêtres leur donnèrent encore une grande somme d’argent, afin qu’ils publiassent partout que ses disciples étaient venus, et qu’ils avaient dérobé son corps. Mais, aveugles et insensés que vous êtes, comment les disciples ont-ils pu faire ce larcin ? Comment osez-vous opposer une opiniâtreté si stupide et si grossière à une vérité si évidente, sans qu’il vous reste le moindre prétexte pour colorer tant soit peu vos mensonges et vos impostures ? Car comment les disciples ont-ils pu dérober le corps de leur Maître ? Comment serait-il possible que des hommes sans science, sans nom, sans appui, qui étaient alors si frappés de crainte qu’ils n’osaient pas même paraître, eussent jamais pensé à former une entreprise si hardie ? Ce tombeau n’était-il pas scellé ? N’était-il pas environné des gardes, des soldats et des Juifs, qui se défiaient de cela même, qui n’étaient là que pour empêcher cet accident, qui veillaient avec soin, et qui n’oubliaient rien pour se défendre de cette surprise ?

Mais par quel motif ces disciples auraient-ils voulu dérober ce corps ? Aurait-ce été afin d’établir par cet artifice la croyance de la résurrection de leur Maître dans toute la terre ? Comment ce dessein aurait-il pu tomber dans l’esprit de pauvres gens qui se trouvaient trop heureux de pouvoir vivre dans un lieu secret et de demeurer inconnus à tous les hommes ? Comment auraient-ils pu exécuter ce dessein quand ils l’auraient eu, sans être découverts ? Quand ils auraient été assez résolus pour mépriser la mort, comment auraient-ils osé entreprendre de forcer tant de gardes et de gens armés ? Mais ce qui était arrivé un peu auparavant, nous assure beaucoup plus de leur