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venues pour oindre le corps de parfums, et qu’il était encore nuit, il est vraisemblable que quelques-unes d’entre elles pouvaient être assoupies.
« Et les gardes en furent tellement saisis de frayeur, qu’ils devinrent comme morts (4). Mais l’ange s’adressant aux femmes leur dit : Pour vous, ne craignez point ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié (5)». Pourquoi l’ange leur dit-il : « Pour vous, ne craignez point », sinon parce que tout d’abord il voulait les délivrer de la frayeur où elles étaient avant de leur parler de la résurrection ? Ce mot, « pour vous autres », est bien honorable pour ces femmes, et montre en même temps que si ceux qui avaient osé commettre un attentat si étrange, ne rentraient en eux-mêmes, ils devaient s’attendre à une horrible vengeance. Car ce n’est pas à vous à craindre, dit-il à ces femmes ; c’est à ceux qui ont crucifié le Sauveur. Après les avoir ainsi délivrées de cette frayeur, et par ses paroles, et par la joie qui était peinte sur son visage, dont l’expression était d’accord avec l’heureuse nouvelle qu’il apportait, il continue de leur parler : « Je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié ». Il ne rougit point de dire que Jésus-Christ a été crucifié, parce qu’il savait que sa croix était la source de tous nos biens. « Il n’est point ici, il est ressuscité ». Et pour le prouver, il ajoute, « comme il l’avait dit lui-même (6) ». Si vous vous défiez de mes paroles, souvenez-vous de la sienne, et vous me croirez. Et pour leur en donner encore une autre preuve, il leur dit : « Venez voir le lieu où le Seigneur avait été mis ». Ainsi l’ange avait détourné la pierre, afin que les femmes fussent convaincues par leurs propres yeux. « Et hâtez-vous d’aller dire à ses disciples qu’il est ressuscité d’entre les morts : Il va devant vous en Galilée, c’est là que vous le verrez : je vous en avertis auparavant (7) ». Il veut qu’elles annoncent ensuite aux autres ce qu’il leur a fait croire avec tant de certitude, Il marque à dessein la « Galilée » comme un lieu paisible éloigné des périls, et où leur foi ne devait être mêlée d’aucune crainte.
« Et sortant aussitôt du sépulcre avec crainte et avec beaucoup de joie, elles coururent pour annoncer ceci aux disciples (8) ». Elles sont saisies d’une extrême joie mêlée de crainte, parce qu’elles avaient vu une chose tout à fait étonnante et bien consolante tout ensemble ; elles avaient vu ouvert et vide ce même sépulcre, où elles avaient vu peu auparavant ensevelir Jésus-Christ. L’ange les avait fait approcher, afin que cette vue même du tombeau les persuadât que le Sauveur était véritablement ressuscité. Car elles pouvaient bien s’assurer que le sépulcre étant gardé par tant d’hommes armés, nul n’aurait pu enlever son corps, à moins que lui-même ne l’eût rejoint à son âme en ressuscitant. Ainsi, dans l’admiration où elles se trouvent, elles sont ravies de joie, et elles reçoivent enfin le prix de leur persévérance, ayant été jugées dignes de voir les premières Jésus-Christ ressuscité, et d’annoncer ensuite aux apôtres non seulement ce que les anges leur avaient dit, mais ce qu’elles avaient vu de leurs propres yeux.
3. « Et comme elles allaient porter cette nouvelle aux disciples, Jésus se présenta devant elles, et leur dit : Salut ! Elles s’approchèrent, lui embrassèrent les pieds et l’adorèrent (9) ». Et après s’être ainsi approchées de lui avec ce transport de joie, et avoir, par l’attouchement de ses pieds, connu la vérité de sa résurrection, « elles l’adorèrent ». Mais que leur dit Jésus-Christ ?
« Alors Jésus leur dit : Ne craignez point (10) ». Il bannit encore toute crainte de leur esprit, afin que cette paix prépare dans leur cœur l’entrée à la foi. « Allez dire à mes frères qu’ils s’en aillent en Galilée, c’est là qu’ils me verront ». Considérez encore une fois, mes frères, comment Jésus-Christ se sert de ces femmes, pour annoncer ses mystères à ses disciples. Il veut relever ainsi l’honneur de ce sexe qui était tombé dans le mépris, par la chute d’Éve, il anime sa confiance et il le guérit de ses faiblesses.
Je ne doute point, mes frères, qu’il n’y eu ait parmi vous qui souhaiteraient d’avoir été avec ces saintes femmes pour embrasser avec elles les pieds du Sauveur. Mais si ce désir est sincère dans votre cœur, vous pouvez encore aujourd’hui embrasser non seulement ses pieds ou ses mains, mais même sa tête sacrée, lorsque vous participez à nos redoutables mystères avec une conscience pure et sainte. Car vous le verrez non seulement ici, mais encore au jour de sa gloire, lorsqu’il viendra accompagné de tous ses anges, si vous êtes charitables envers les pauvres. Il ne vous dira pas seulement ces paroles : « Je vous salue » ; mais celles-ci : «