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fer, le feu et mille sortes de morts qu’on leur préparait à tout moment, si la force de Jésus-Christ ressuscité ne les eût soutenus dans ces rencontres ? Les Juifs, après tant de miracles de Jésus-Christ, qu’ils avaient vus de leurs yeux, ne laissent pas d’en perdre le souvenir et de crucifier Celui qui les avait faits ; et on pourrait croire que lorsque les apôtres leur prêcheraient la résurrection de ce même Jésus-Christ, ils se laisseraient persuader par eux ? Qui pourrait avoir cette pensée ? Ce n’est donc point de cette manière que toutes ces choses se sont faites. C’est la seule force de Jésus-Christ ressuscité qui a agi dans ses apôtres.
2. Mais considérez la malignité de ces prêtres juifs : « Nous nous sommes souvenus », disent-ils, « que cet imposteur a dit, lorsqu’il était encore en vie : Je ressusciterai dans trois jours ». Si c’est un imposteur qui ne disait que des choses vaines, pourquoi les craignez-vous ? pourquoi tremblez-vous ? pourquoi témoignez-vous tant d’inquiétude ? pourquoi employez-vous tant de ressorts ? « Nous craignons », disent-ils, « que ses disciples ne viennent dérober son corps et qu’ils ne trompent ensuite le peuple ». Nous venons de faire voir que cela était impossible. Cependant comme la malice des hommes est opiniâtre dans ses desseins, ils ne se rendent point et ils agissent contre toute la lumière de la prudence. Ils commandent qu’on garde exactement le sépulcre jusqu’au troisième jour, sous prétexte de soutenir leur loi contre un imposteur ; ils ont surtout si fort à cœur de montrer que Jésus-Christ était un séducteur, qu’ils étendent leur envie et leur malignité contre lui jusqu’après sa mort.
C’est pour cela que le Fils de Dieu se hâte de ressusciter de bonne heure, afin de ne leur point donner lieu de dire qu’il n’avait pas tenu sa parole, et qu’on était venu l’enlever.
Car on ne pouvait trouver à redire qu’il ressuscitât un peu plus tôt qu’il n’avait dit, tandis que le faire un peu plus tard eût donné lieu à beaucoup de soupçons. En effet, si Jésus-Christ ne fût ressuscité lorsque ces soldats environnaient encore son sépulcre pour le garder, et qu’il ne l’eût fait que lorsqu’ils se seraient retirés après le troisième jour, les Juifs auraient eu quelques raisons, sinon fondées, du moins spécieuses à alléguer, pour justifier leur refus de croire à la résurrection. Il se hâta donc de ressusciter pour ôter à ses ennemis jusqu’au moindre prétexte. Car il raflait qu’il ressuscitât, lorsque son sépulcre était encore environné de ses gardes. Il ne devait pas attendre que les trois jours fussent entièrement accomplis, puisque sa résurrection eût pu être trop suspecte. C’est pourquoi il permit que les Juifs prissent toutes les précautions qu’ils voulaient, qu’ils scellassent son tombeau, et qu’ils y missent des gardes. Et lorsqu’ils agissaient de la sorte, ils ne se mettaient guère en peine du jour du sabbat, mais ils n’avaient point d’autre but que de satisfaire leur passion. Ils crurent qu’ils auraient ainsi l’avantage sur le Sauveur par un aveuglement incompréhensible, et par une crainte tout à fait à contre-temps, puisqu’ils témoignaient appréhender un homme mort, à qui ils avaient fait tout ce qu’ils avaient voulu pendant sa vie. Car ne devaient-ils pas, si Jésus-Christ n’était qu’un homme comme les autres, faire alors cesser toutes leurs craintes, et être dans un plein repos pour l’avenir ?
Mais enfin Jésus-Christ voulant leur montrer qu’il n’avait rien souffert de leur part que ce qu’il avait bien voulu souffrir, leur fait voir ici qu’avec cette pierre si bien scellée et ces gardes, ils ne pouvaient le retenir. Tout ce qu’ils ont gagné par leurs artifices, c’est qu’ils ont rendu sa résurrection plus célèbre et plus constante ; de sorte qu’on ne peut en douter raisonnablement, puisqu’il ressuscita en présence des Juifs mêmes et des soldats.
« Le soir du sabbat, à la première lueur du jour qui suit le sabbat, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre. (Chap. 28,1). Et voilà qu’il se fit un grand tremblement de terre : car un ange du Seigneur descendit du ciel, et vint renverser la pierre qui était devant la porte du sépulcre et s’assit dessus (2). Son visage était brillant comme un éclair, et ses vêtements blancs comme la neige (3) ». L’ange parut aussitôt après la résurrection du Fils de Dieu. Pourquoi parut-il et enleva-t-il la pierre de dessus le sépulcre, sinon à cause de ces femmes qui avaient vu le Sauveur dans le tombeau ? Afin donc qu’elles crussent qu’il était véritablement ressuscité, on leur fit voir que le corps n’était plus dans le sépulcre. Voilà pourquoi l’ange ôta la pierre, pourquoi le tremblement de terre eut lieu, c’était afin de les avertir de se lever et de se réveiller. Comme elles étaient