Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/83

Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE LXXXIX.


« MAIS LE LENDEMAIN, QUI ÉTAIT LE JOUR D’APRÈS CELUI QUI EST APPELÉ LA PRÉPARATION DU SABBAT, LES PRINCES DES PRÊTRES ET LES PHARISIENS S’ÉTANT ASSEMBLÉS VINRENT TROUVER PILATE, ET LUI DIRENT : SEIGNEUR, NOUS NOUS SOMMES SOUVENUS QUE CET IMPOSTEUR A DIT LORSQU’IL ÉTAIT ENCORE EN VIE : JE RESSUSCITERAI TROIS JOURS APRÈS MA MORT. COMMANDEZ DONC, S’IL VOUS PLAÎT, QUE LE SÉPULCRE SOIT GARDÉ JUSQUES AU TROISIÈME JOUR POUR QUE SES DISCIPLES NE VIENNENT LA NUIT DÉROBER SON CORPS ET NE DISENT : IL EST RESSUSCITÉ D’ENTRE LES MORTS, ET AINSI LA DERNIÈRE ERREUR SERA PIRE QUE LA PREMIÈRE ». (CHAP. 17,62, 63, 64, JUSQU’AU V. 11, DU CHAP. XXVIII)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Résurrection de Jésus-Christ ; elle est démontrée vraie.
  • 3 et 4. Les femmes sont les premières à voir Jésus-Christ après sa résurrection. – Contre le luxe et la vanité des femmes. – Que les âmes qui se plaisent à ces puérilités, ne peuvent s’appliquer à rien de grand, et sont toujours dans une bassesse et dans une servitude honteuse. – Qu’on doit particulièrement éviter ces magnifiques habits, lorsqu’on va à l’église, où les chrétiens n’en ont que de l’horreur. – Que la gloire des femmes est leur modestie. – Combien il est rare de voir une femme qui veuille vendre un seul de ses diamants pour nourrir les pauvres.


1. L’erreur et l’imposture tombe toujours d’elle-même, et elle sert enfin malgré elle à établir la vérité. Voyez en effet : il fallait que toute la terre crût que Jésus-Christ avait souffert, qu’il était mort, qu’il avait été enseveli et qu’ensuite il était ressuscité. Or, tout cela s’établit par l’artifice et par la malice de ses propres ennemis. Pesez toutes leurs paroles, et considérez avec étonnement le témoignage qu’elles rendent à la vérité de nos mystères : « Nous nous sommes souvenus, disent-ils, que cet imposteur a dit lorsqu’il était encore en vie », il n’était donc plus alors en vie, et il était mort : « Je ressusciterai trois jours après ma mort. Commandez donc que le sépulcre soit gardé. » Il était donc dans le sépulcre : « De peur que ses disciples ne viennent la nuit dérober son corps » Puisque le sépulcre du Sauveur est gardé avec tant de soin, n’est-il pas visible qu’il n’y a plus lieu de craindre aucune illusion de la part de ses disciples ? Ainsi vos précautions font qu’on ne doit plus douter de la vérité de cette résurrection. Car le sépulcre du Fils de Dieu ayant été scellé et gardé avec tant de vigilance quelle tromperie pourrait-on craindre ? Que s’il n’y en a aucune, et que le sépulcre néanmoins se soit trouvé vide, n’est-il pas certain que cela n’a pu se faire que par la résurrection véritable de Celui qui y était enseveli ?
Vous voyez comment ils établissent la vérité qu’ils veulent détruire. Mais considérez, je vous prie, la sincérité des Évangélistes, et combien ils sont exacts à ne rien cacher de ce que les ennemis de Jésus-Christ disaient de plus honteux et de plus injurieux à sa grandeur, puisqu’ils ne cèlent point qu’ils l’appelaient « séducteur et imposteur. » Cet outrage nous fait voir également la cruauté des Juifs, qui ne pouvaient encore pardonner à un homme mort, et la sincérité des disciples à rapporter fidèlement toutes choses.
Mais il est bon maintenant de rechercher quand est-ce que le Sauveur a dit aux Juifs qu’il ressusciterait trois jours après sa mort.
Nous voyons souvent dans l’Évangile qu’il avait dit à ses apôtres qu’il ressusciterait après trois jours : mais nous n’y voyons point qu’il l’ait dit aux Juifs, autrement que dans l’exemple de Jonas. Ils avaient donc bien compris ce qu’on leur disait ; et ce n’était que par un excès de malice, et par une abondance de