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Que sont, en réalité, les divinités du paganisme : Minerve, Apollon et Junon ? Des démons qui se font adorer sous ces divers noms. Et est-il un roi idolâtre qui ne désire mourir pour obtenir les honneurs de l’apothéose ? Combien la conduite des apôtres est opposée ! Car, écoutez ce que disent Pierre et Jean après la guérison du boiteux : « Hommes d’Israël, pourquoi nous regardez-vous, comme si par notre vertu ou notre puissance nous avions fait marcher cet homme ? » Et dans une autre circonstance, ils s’écrient : « Nous sommes mortels et hommes comme vous ». (Act. 3,12 ; 14, 14) Dans les philosophes, au contraire, tout est orgueil, arrogance et recherche de la gloire ; le vrai amour de la philosophie ne dirigea jamais leur conduite. Or, dès qu’on n’agit que par désir de la gloire, tout se ressent de cet esprit vil et grossier ; et quelles que soient d’ailleurs ses qualités extérieures, le philosophe qui ne possède pas celle-ci, n’est point véritablement ami de la sagesse ; il n’est que l’esclave d’une violente et honteuse passion. Mais le mépris de la gloire humaine est bien propre à nous enseigner la vertu et à chasser de notre âme toute affection vicieuse. Je vous exhorte donc à faire tous vos efforts pour guérir en vous cette maladie, car c’est le seul moyen de nous rendre agréables à Dieu et d’attirer sur nous le bienveillant regard de cet œil qui ne se ferme jamais. Ainsi, employons tous nos soins à acquérir les dons célestes, à fuir les maux présents et à mériter les biens éternels, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant, toujours et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE V.



HOMMES DE LA JUDÉE, ET VOUS TOUS QUI, HABITEZ JÉRUSALEM, APPRENEZ CECI ET PRÊTEZ L’OREILLE A MES PAROLES. (ACT. 2,14, JUSQU’AU VERS. 21)

ANALYSE.

  • 1. L’orateur explique le discours de l’apôtre saint Pierre, et en fait voir toutes les beautés d’ensemble et de détail. – D’abord ce n’est plus cet homme timide qui tremblait à la voix d’une servante, mais c’est un apôtre plein d’une noble hardiesse et d’une mâle éloquence.
  • 2. L’application de la prophétie de Joël à la conversion des gentils lui fournit ensuite d’heureux développements, et l’annonce qu’elle contient de la ruine de Jérusalem lui en fait tracer un lugubre et effrayant tableau.
  • 3. Mais si le Seigneur châtie ainsi ses ennemis sur la terre, quels seront les supplices de l’enfer ? Et quoique ce sujet soit peu agréable à ses auditeurs, il est obligé de le traiter pour satisfaire aux devoirs de sa charge.
  • 4. De là l’orateur est amené à se comparer au magistrat sévère qui maintient l’ordre dans la cité, et que le peuple maudit quelquefois, tandis qu’il n’a que des louanges et des applaudissements pour le riche citoyen qui lui prodigue les fêtes et les jeux. – Mais lequel des deux est réellement le plus utile ? – Le doute n’est pas possible ; et de même l’évêque qui explique la loi divine, et qui montre la terrible sanction dans les menaces de l’enfer, est le vrai père de son peuple. – Celui-ci ne doit donc point murmurer contre lui, mais profiter de ses avis pour acquérir les biens éternels.


1. Pierre s’adresse ici à cette foule d’étrangers qui étaient accourus, mais, en leur parlant, il ne néglige pas de réfuter ses calomniateurs. Car la divine Providence n’avait permis leurs amères critiques que pour donner à l’apôtre l’occasion de se défendre et d’annoncer l’Évangile. Et parce qu’ils se glorifiaient beaucoup d’habiter Jérusalem, il leur dit : « Apprenez