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au-dessus de Jésus-Christ, sous la forme d’une colombe ; et aujourd’hui qu’il s’agit d’évangéliser l’univers, il vient comme un feu ardent. « Et il s’arrêta sur chacun d’eux » ; c’est-à-dire, se fixa et se reposa sur chacun d’eux, car telle est la signification du verbe s’arrêter. Mais l’Esprit-Saint ne se reposa-t-il que sur les douze apôtres, à l’exclusion de tous les autres ? Nullement, il se répandit également sur les disciples qui étaient au nombre de cent vingt. Aussi est-ce avec juste raison que saint Pierre cite ce passage d’un prophète : « Dans ces derniers temps, dit le Seigneur Dieu, je répandrai mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront ; vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes ». (Joël, 3,1)
Observez aussi que ce ne fut pas seulement pour frapper d’étonnement les disciples, mais encore pour les remplir de grâce que l’Esprit-Saint s’annonça sous le double symbole du vent et du feu. C’est pourquoi saint Luc ajoute « Qu’ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint, et qu’ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l’Esprit-Saint leur donnait « de les parler ». Ce don des langues, inouï jusqu’alors, fut le seul signe des opérations du divin Esprit, et il était un témoignage bien suffisant. Mais ce divin Esprit « s’arrêta sur chacun d’eux » ; par conséquent sur Joseph qui n’avait pas été élu, et qui n’eut plus à envier la préférence donnée à Matthias. « Et tous furent remplis » ; c’est-à-dire que la grâce de l’Esprit-Saint ne leur fut point départie comme avec mesure, mais dans toute sa plénitude. « Et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l’Esprit-Saint leur donnait de les parler ». Saint Luc n’eût point dit « tous », s’il n’eût voulu désigner que les apôtres, et si ce don n’eût été communiqué également à tous les autres disciples. Et, en effet, puisqu’il avait précédemment désigné les apôtres chacun par son nom, il lui eût suffi de constater ici leur présence.
Observez encore que l’Esprit-Saint descendit sur les disciples dans le temps qu’ils persévéraient dans la prière et l’union des cœurs. Ces mots : « Comme des langues de feu », nous rappellent un autre prodige de ce genre, celui du buisson ardent. « Selon que l’Esprit-Saint leur donnait de parler », car toutes leurs paroles étaient autant de sentences. « Or, il y avait à Jérusalem », poursuit saint Luc, « des Juifs religieux qui y habitaient ». C’était par un motif de religion que ces Juifs s’y étaient fixés. Et, comment ? Parce que pour le faire ils avaient dû, étant de diverses contrées, quitter leur patrie, leurs biens et leur famille. Aussi saint Luc dit-il « qu’il y avait à Jérusalem des habitants, Juifs religieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel ; et ce bruit s’étant répandu, il s’en assembla un grand nombre, et ils furent fort étonnés ». Le prodige s’était accompli dans l’intérieur de la maison, et une légitime curiosité y faisait accourir tous ceux qui en entendaient parler. « Et ils étaient fort étonnés ». Que signifie cette expression ? Elle marque en eux un mélange de trouble et d’admiration.
Mais saint Luc nous révèle la cause de cette disposition, quand il ajoute que « chacun les entendait parler en sa langue. Or, cette multitude s’entre-disait : Ces gens-là qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? » Voyez-vous comme tous les esprits et les regards se tournent vers les apôtres. « Comment donc les entendons-nous parler chacun la langue du pays où nous sommes nés ? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont et l’Asie, la Phrygie et la Pamphylie, l’Égypte et cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs aussi et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler, chacun en notre langue, des merveilles de Dieu. Ils étaient donc dans la stupeur et l’admiration, se disant l’un à l’autre : Que veut dire ceci ? » (Act. 2, 5, 12) Les voyez-vous accourir de l’Orient et de l’Occident ? « Mais quelques-uns se moquaient, disant : C’est qu’ils sont pleins de vin nouveau ».
2. Quelle impudence et quelle malignité ! car la Pentecôte ne tombait pas au temps de la vendange. Mais, ô comble de la malice ! tandis que tous les autres, Romains, prosélytes, et peut-être même les bourreaux qui avaient crucifié le Christ, reconnaissent la vérité du prodige ; ces Juifs ne savent répondre aux nombreux miracles qu’opèrent les apôtres que par cette raillerie : « Ces gens sont pleins de vin nouveau ». Mais reprenons l’explication des premiers versets. « L’Esprit-Saint », dit saint Luc, « remplit toute la maison ». Ce divin Esprit fut pour les apôtres comme une piscine d’eau, et le feu