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partie de la prophétie concerne la maison et les biens de Judas, et la seconde se rapporte à son apostolat et à son sacerdoce. Mais, par cette citation, Pierre semble dire : « que je vous propose est bien moins mon propre conseil que l’accomplissement des décrets de celui qui l’a fait prédire. Et en effet, le témoignage du Psalmiste empêchait qu’il ne parût vouloir exécuter seul cette élection, et faire ce que Jésus-Christ aurait fait lui-même.
« Il faut donc », dit-il, « que parmi ceux « qui ont toujours été unis à nous ». Pourquoi fait-il cette communication à toute l’assemblée ? Afin de prévenir toute contestation, et toute dispute. Car ce qui était autrefois arrivé aux apôtres pouvait se renouveler parmi les disciples. Aussi Pierre, qui veut en éviter jusqu’au moindre prétexte, a-t-il soin de dire dès le début : « Mes frères, il faut choisir parmi nous ». Ainsi il abandonne l’élection au choix de la multitude, et par là il témoigne de son respect envers ceux qui seront proposés, et éloigne de lui tout soupçon de partialité. Or, qui ne sait que souvent ce soupçon a causé les plus grands maux ? L’apôtre cite donc la prophétie pour établir la nécessité de l’élection, et il ne se réserve que de désigner ceux sur qui elle peut tomber, en disant : « Il faut choisir un de ceux qui ont toujours été unis à nous ». S’il eût circonscrit le choix parmi les plus dignes, il eût offensé tous les autres. C’est ce qu’il évite, s’en remettant au bénéfice de l’élection. Observons encore qu’il ne dit pas simplement : « Parmi ceux qui ont été unis à nous », mais « parmi ceux qui ont toujours été unis à nous pendant que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, à commencer depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il faut qu’on en choisisse un qui soit avec nous témoin de sa résurrection ». Eh ! pourquoi ce choix était-il nécessaire ? Afin que le collège apostolique fût complet. Mais est-ce que Pierre ne pouvait pas choisir lui-même ? Sans doute, il le pouvait, et il s’en abstint par humilité. D’ailleurs il n’avait pas encore reçu l’Esprit-Saint.
« Alors ils en présentèrent deux, Joseph, appelé Barsales ; et surnommé le Juste, et Matthias ». C’est l’assemblée qui les présente, et non pas Pierre. Celui-ci s’est borné à proposer cette élection, moins comme un projet venant de lui que comme l’accomplissement d’une ancienne prophétie. Ainsi, il interprète l’Écriture, et ne commande rien. « Ils présentèrent Joseph, appelé Barsales ; et surnommé le Juste ». Peut-être plusieurs parmi les frères se nommaient-ils Joseph : c’est pourquoi saint Lue désigne celui-ci par un double surnom. Nous observons également que parmi les apôtres plusieurs ont eu un surnom : ainsi nous trouvons Jacques fils de Zébédée ; Jacques fils d’Alphée ; Simon Pierre ; Simon le Zélé ; Jude, frère de Jacques et Judas Iscariote. Le surnom de Juste pouvait aussi lui venir du changement de ses mœurs, ou bien il se l’était donné lui-même. Quoi qu’il en soit, « ils présentèrent Joseph, appelé Barsabas, et surnommé le Juste, et Matthias ; et se mettant en prière ; ils dirent : Seigneur, vous, qui connaissez les cœurs de tous les hommes, montrez-nous lequel des deux vous avez choisi pour prendre place dans ce ministère et dans l’apostolat dont Judas est déclin par son crime, pour s’en aller en son lieu ». Ils mentionnent ici son crime, comme pour déclarer qu’ils ne cherchent qu’un témoin de la résurrection de Jésus-Christ, et qu’ils ne veulent que compléter le collège apostolique. « Alors ils tirèrent leurs noms au sort, car l’Esprit-Saint n’avait pas encore été donné, et le sort tomba sur Matthias, et il fut compté avec les onze apôtres ». (Act. 1,20, 26)
« Ceux-ci », dit saint Luc (ayant entendu la parole des anges), « retournèrent à Jérusalem de la montagne appelée des Oliviers, éloignée de Jérusalem de tout le chemin qu’on peut faire un jour de sabbat ». Cette remarque indique qu’ils n’eussent pu faire un long trajet dans l’état de frayeur et de crainte où ils se trouvaient. « Et étant entrés, ils montèrent dans une chambre haute », parce qu’ils n’osaient se montrer dans la ville. Ils montèrent donc dans une chambre haute, afin qu’il fût plus difficile de les découvrir. « Et ils persévéraient tous unanimement dans la prière ». Observez ici avec quel soin ils persévèrent dans la prière, et admirez l’unanimité qui règne parmi eux. Elle est si grande qu’ils semblent tous ne faire qu’un cœur et qu’une âme. C’est le double témoignage que leur rend saint Luc.
Quant à Joseph, époux de Marie, il était probablement mort, car si les frères de Jésus croyaient en lui, comment fût-il resté incrédule, lui qui avait cru avant tous ? Et en effet,