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HOMÉLIE II.


OR, CEUX QUI ÉTAIENT PRÉSENTS, L’INTERROGEAIENT, DISANT : SEIGNEUR, SERA-CE DANS CE TEMPS-CI QUE VOUS RÉTABLIREZ LE ROYAUME D’ISRAËL ? (ACT. 1,6)

ANALYSE.

  • 1. Saint Chrysostome, dans cette Homélie, développe d’abord les raisons qui ont porté le Sauveur à ne pas répondre directement à la question que lai faisaient les apôtres, s’il allait rétablir le royaume d’Israël, et il rapproche sa réponse évasive de celle qu’il leur fit quand ils l’interrogèrent sur la fin du monde.
  • 2. Il décrit ensuite l’admirable spectacle de l’Ascension ; et il tire une preuve de la divinité de Jésus-Christ de ce qu’il s’éleva par sa propre vertu, et sans le secours d’un char de feu, comme le prophète Elle.
  • 3. La vue de deux anges sous une forme humaine, vint alors consoler les apôtres consternés de ne plus voir Jésus, en les assurant qu’il reviendra, au dernier jour, de la même manière, c’est-à-dire, en son humanité sainte.
  • 4. Mais il ne pourrait reparaître en cette humanité, s’il n’était véritablement ressuscité ; c’est pourquoi l’orateur s’élève contre les Manichéens qui niaient la résurrection des corps, parce qu’ils regardaient la chair comme essentiellement mauvaise, et comme l’œuvre du principe du mal. – Ce principe, ils le faisaient coéternel avec Dieu, et soutenaient que Dieu n’était bon que pour le combattre.
  • 5. L’Orateur, pour réfuter ces blasphèmes, en montre l’extravagance, et prouve que sans le secours des sens corporels l’âme ne pourrait rien savoir, ni rien apprendre. – Enfin, il démontre que le mal ne peut exister exclusivement sans le bien, puisqu’il en renferme toujours quelque partie, et il termine par une profession de foi sur la résurrection des corps, dont celle de Jésus-Christ est le fondement et le modèle.


1. Les apôtres, voulant interroger Jésus-Christ, l’entourèrent tous ensemble, afin d’en obtenir une réponse, ne fût-ce que par unanimité de leur prière. Car ils n’ignoraient point que dans sa bouche cette parole : « Nul ne sait le jour » (Mt. 24,36), signifiait moins un refus formel et une complète ignorance qu’une réponse évasive. Ils s’approchent donc de nouveau et renouvellent leur demande. Mais ils n’eussent jamais osé la lui adresser s’ils n’avaient cru à sa prédiction ; et parce qu’il leur avait promis que bientôt ils recevraient l’Esprit-Saint, ils se croyaient déjà dignes de connaître ce jour et de jouir de la liberté promise. C’est qu’ils ne voulaient pas se lancer dans de nouveaux périls et ne songeaient qu’à goûter quelque repos. Et en effet, ils n’oubliaient point les dangers qu’ils avaient courus et même le péril de mort auquel ils avaient été exposés. Aussi, sans faire aucune mention de l’Esprit-Saint, posent-ils ainsi la question : « Seigneur, sera-ce dans ce temps-ci que vous « rétablirez le royaume d’Israël ? » Ils ne disent pas : Quand rétablirez-vous ? mais : Sera-ce présentement que vous rétablirez ; tant ils désiraient connaître ce jour ! C’est pourquoi ils abordent le Sauveur tous ensemble et comme pour lui faire honneur.
Je pense toutefois qu’ils ne comprenaient pas clairement en quoi consistait ce royaume, car ils n’avaient pas encore été instruits par l’Esprit-Saint. Observons aussi qu’ils ne disent pas : Quand cela arrivera-t-il ? mais : « Sera-ce dans ce temps-ci que vous rétablirez le royaume d’Israël ? » Comme si déjà l’époque était passée. Au reste, cette demande prouve qu’ils étaient encore attachés aux choses de la terre, quoique bien moins qu’auparavant. Et cependant, quelque imparfaits qu’ils soient, ils se font déjà de Jésus-Christ des idées plus hautes ; et lui-même, les voyant plus avancés dans les voies spirituelles, leur tient un langage plus sublime. Il ne répète donc point ce mot : « Le Fils de l’homme ne connaît pas ce jour », mais il leur dit : « Ce n’est point à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a disposés dans sa puissance ». C’est comme s’il leur eût dit : Vous demandez