fêtes, et voilà que l’épouse du malade apprenant qu’on se hâte sur l’avis du médecin, se répand en larmes et en soupirs, comme à l’approche d’un malheur. Bientôt, en effet, toute la ' maison retentit de cris et de gémissements, et l’on dirait qu’un criminel condamné à mort est conduit au supplice. Cependant le malade lui-même devient plus souffrant, et la guérison, quand elle a lieu, augmente son anxiété et semble le frapper d’un coup terrible. C’est que, ne s’étant point préparé au sacrement, il ne montre qu’une honteuse faiblesse et fuit les luttes de la vertu. Voyez-vous donc quels artifices déploie le démon, et combien il rend aux yeux dos païens notre foi risible et ridicule ! Mais si nous voulons nous soustraire à toutes ces dérisions, vivons selon les préceptes du divin Sauveur. Or, il a institué le baptême non pour crue nous le recevions à nos derniers moments, mais pour qu’après l’avoir reçu nous produisions des fruits de vie. Et comment direz-vous à un mourant : Couvrez-vous de fruits ? Et cependant ne savez-vous pas que « les fruits de l’Esprit-Saint sont la charité, la joie et la paix ? » (Gal. 5,22)
Mais hélas ! tout le contraire arrive. Une épouse verse des larmes quand elle devrait se réjouir ; des enfants sanglotent, quand ils devraient se livrer à la joie ; et le malade lui-même, déjà entouré des ombres de la mort, ne manifeste que trouble et qu’inquiétude ; ce jour devrait être pour lui un jour de fête, et il s’abandonne à un profond chagrin, parce qu’il va laisser ses enfants orphelins, son épouse veuve et sa maison déserte. Est-ce ainsi, je vous le demande, qu’on s’approche des saints mystères et que l’on s’assoit à la table eucharistique ? En vérité, ce n’est pas supportable. Lorsque l’empereur adresse aux prisonniers des lettres de grâces, c’est un sujet de joie et d’allégresse. Et quand, du haut des cieux, le Seigneur envoie son divin Esprit et nous remet, non une dette pécuniaire, mais tous nos péchés, vous n’accueillez cette grâce que par des pleurs et des gémissements. N’est-ce pas là une révoltante anomalie ? Je ne dis pas encore que l’eau baptismale n’est versée que sur un cadavre et qu’un sacrement est profané, car le ministère du prêtre n’est pas ici en cause, et je n’attaque que l’indifférence de quelques-uns. C’est pourquoi, je vous en conjure, élevez-vous au-dessus de toutes ces difficultés et approchez-vous du baptême avec un saint empressement. L’ardeur que nous aurons montrée sur la terre pour mener une vie chrétienne, nous donnera l’assurance de parvenir un jour au bonheur céleste. Puissions-nous tous l’obtenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient la gloire et l’empire, dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
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