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tous les péchés, quelque graves qu’ils soient l’homicide ou l’adultère. Oui, il n’est aucun péché, ni aucune impiété que le baptême ne puisse remettre, parce que la grâce divine est pleine et entière. Supposons donc maintenant qu’après votre baptême vous retombiez dans ces mêmes crimes, sans doute le pardon qui vous a été précédemment accordé, n’est point révoqué, « car les dons de Dieu et sa grâce sont sans repentir » (Rom. 11,29) ; mais vous n’en mériterez pas moins, pour ces nouveaux péchés, un même châtiment plus rigoureux que si les premiers ne vous eussent pas été pardonnés. Car ici ce n’est plus un simple péché, mais un double et triple caractère de malice. Au reste, l’apôtre nous apprend combien est grande la punition de ces péchés. « Celui », dit-il, « qui viole la loi de Moïse, est mis à mort sans miséricorde, sur la déposition de deux ou trois témoins ; songez donc combien mérite de plus grands supplices celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, profané le sang de l’alliance, et outragé l’esprit de la grâce ». (Héb. 10,28, 29)
Je crains que quelques-uns n’interprètent mes paroles comme un conseil de différer leur baptême. Mais telle n’est point mon intention, et je veux seulement exhorter ceux qui l’ont reçu à persévérer dans la tempérance et la douceur chrétiennes. J’appréhende, me direz-vous, de ne pas conserver l’innocence de mon baptême. Vous la conserverez en recevant ce sacrement dans de pieuses dispositions. Mais je ne le reçois point par un effet de cette même appréhension. Eh quoi ! ne craignez-vous pas de mourir sans baptême ? Le Seigneur est miséricordieux, me répondrez-vous. C’est pourquoi vous devez recevoir le baptême, car le Seigneur est bon et secourable. Or, quand il est question d’agir sérieusement, vous oubliez cette bonté, et quand il ne faut que différer selon vos désirs, vous vous en faites un prétexte et un motif. Mais aujourd’hui le moment est favorable pour user de cette bonté, et plus nous aurons fait ce qui dépend de nous, et plus aussi elle s’épanchera large et abondante. Celui qui se confie à la miséricorde divine, obtiendra par la pénitence le pardon des péchés commis après le baptême, mais celui qui veut raffiner sur cette même miséricorde, s’expose, s’il meurt sans la grâce du baptême, à d’inévitables supplices.
Et pourquoi hasarder ainsi votre salut ? Car il est impossible, oui, il est impossible, selon moi, que, bercé par de telles espérances, vous fassiez quelque chose de vraiment grand et généreux. Que ne bannissez-vous ces craintes chimériques ? Et pourquoi attendre un avenir incertain ? Ne vaut-il pas mieux échanger la crainte contre l’activité et le travail qui vous rendront devant Dieu grand et élevé ? Est-ce que vous préféreriez la crainte au travail ? Mais si l’on vous mettait dans une maison qui menace ruine et qu’on vous dît : Attendez indolemment que la charpente tombe sur votre tête, car elle peut tomber comme elle peut tenir encore, ou bien remuez-vous et passez dans un bâtiment plus sûr. Je vous le demande, choisiriez-vous une indolence pleine de dangers, plutôt qu’un travail plein de sécurité ? Eh bien ! agissez de même aujourd’hui, car l’avenir est incertain et ressemble à une maison qui menace ruine ; mais la réception du baptême, quelque laborieuse qu’elle soit, nous préserve de tout danger.
7. Sans doute, fasse le ciel que nous ne péchions point après notre baptême ! Mais si ce malheur nous arrivait, ne nous décourageons pas, car le Seigneur est miséricordieux, et il nous facilite mille moyens d’obtenir notre pardon. Au reste, de même que le chrétien qui pèche après son baptême mérite d’être puni plus sévèrement que le catéchumène, ainsi ceux qui connaissent les voies de la pénitence et ne veulent point les suivre, sont dignes de plus rigoureux châtiments. Et en effet, autant est immense la bonté de notre Dieu, autant, si nous n’en profitons point, s’accroîtront nos supplices. Que dis-tu, ô homme ? Rempli de malice et de misères, soudain tu es rentré en grâce avec ton Dieu, et par un don gratuit de sa bonté, et non par tes propres efforts, tu as été élevé à l’honneur de partager son héritage, et voilà que de nouveau tu retombes dans tes premiers désordres, quoique tu n’ignores pas que tu en seras sévèrement puni. Cependant, ce même Dieu, loin de te repousser, multiplie sous tes pas les voies de la pénitence et les moyens de recouvrer son amitié ; mais toi, tu ne veux te donner ni action, ni mouvement.
Comment mériter ton pardon ? Et comment échapper aux justes railleries des gentils qui traitent ta conduite de mensonge et d’hypocrisie ? Si votre religion, nous disent-ils, est la véritable, pourquoi un si grand nombre négligent-ils de s’y faire initier ? Certes, vos mystères