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HOMÉLIE LXXXVII.


OR, THOMAS, L’UN DES DOUZE APÔTRES, APPELÉ DIDYME, N’ÉTAIT PAS AVEC EUX, LORSQUE JÉSUS VINT. – LES AUTRES DISCIPLES LUI DIRENT DONC : NOUS AVONS VU LE SEIGNEUR. MAIS IL LEUR DIT : SI JE NE VOIS, JE NE CROIRAI POINT, ETC. VERS. 24, 25, JUSQU’AU VERS. 15, DU CHAP. XXI)

ANALYSE.

  • 1. Pourquoi Jésus-Christ n’apparut à Thomas que huit jours après s’être montré aux autres apôtres. – Pourquoi Jésus-Christ a conservé dans son corps les cicatrices de ses plaies.
  • 2. Pierre avait l’esprit plus vif et plus bouillant, Jean plus élevé et plus pénétrant.
  • 3 et 4. Quel bonheur de voir Jésus-Christ dans sa gloire ! – Ne rien épargner pour se procurer la bienheureuse éternité. – Souffrir avec Jésus-Christ, ce que c’est. – La vue des biens futurs rend la vie étroite, douce et aisée. – Combien l’amour est puissant. – L’amour de Jésus-Christ produit le mépris de toutes les choses terrestres. – Parallèle de l’amour de saint Paul pour Jésus-Christ, et du nôtre. – Ce qu’on a horreur d’entendre, on n’a point honte de le faire. Description de nos vices. – On fait tout pour amasser de l’argent, rien pour le salut de l’âme. – Portrait de l’avare : sa fureur, ses excès. – À quoi les gens du monde dissipent leur argent. – Celui qu’on donne aux femmes de mauvaise vie rend ridicule et infâme. – Paix et assurance de l’homme de bien.

1. Si c’est être trop facile et trop complaisant que de croire à la légère, c’est aussi être bien dur et bien grossier que de vouloir curieusement tout voir et tout examiner à la rigueur. Voilà de quoi on a lieu d’accuser Thomas, quand les apôtres disaient : « Nous avons vu le Seigneur » ; il ne crut point, moins par défiance à leur égard que par doute au sujet de la possibilité du fait, je veux dire d’une résurrection. Car il n’a pas dit : Je ne vous crois point, mais : « Si je ne mets ma main dans la plaie, je ne le croirai point ». Comment les autres apôtres étant tous ensemble au même lieu, Thomas seul n’y était-il pas ? Il est vraisemblable qu’il n’était pas encore de retour de la précédente dispersion et de sa fuite.

Pour vous, mes chers frères, voyant ce disciple incrédule, pensez à la clémence du Seigneur, à la bonté avec laquelle, dans l’intérêt d’une seule âme, il montre les plaies qu’il a reçues, et vient au secours d’un seul disciples d’esprit plus grossier que les autres. Voilà pourquoi Thomas voulait établir sa foi sur le témoignage du plus grossier de tous les sens, et il ne s’en rapportait pas même à ses yeux. Car il n’a pas dit seulement : si je ne vois, mais encore : si je ne touche ; de peur que ce qui paraissait ne fût qu’un fantôme et une illusion. Mais cependant les disciples qui annonçaient cette résurrection étaient dignes de foi, et aussi le Seigneur qui l’avait promise. Et néanmoins, quoiqu’il demandât beaucoup de choses, Jésus-Christ voulut bien le satisfaire en tout.

Et pourquoi Jésus-Christ n’apparut-il pas sur-le-champ à Thomas, mais seulement huit jours après ? Afin que les disciples l’ayant auparavant instruit, et ayant eu tout le temps de lui faire le récit de tout ce qu’ils avaient vu et entendu, son ardeur s’en accrût, et qu’il fût dans la suite plus ferme dans la foi. D’où avait-il appris que le côté avait été ouvert ? Des disciples. Pourquoi crut il à une chose sans croire à l’autre ? Parce que cette seconde chose était, de beaucoup, ce qu’il y avait de plus surprenant. Mais, mes frères, considérez ici avec quelle vérité les apôtres parlent ; voyez comment ils ne cachent ni leurs défauts ni ceux des autres, et rapportent tout avec une très-grande sincérité.

Jésus-Christ se fait voir encore à ses disciples ; il n’attend pas que Thomas l’en prie, ni rien de pareil ; mais, de lui-même, il prévient