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4. Et comme le temps les pressait (Jésus étant mort vers la neuvième heure[1]), Joseph ensuite ayant été chez Pilate, de là lui et Nicodème étant allés détacher et prendre le corps, il y a toute apparence que le soir approchait ; et alors, la fête commençant, il n’était point permis de travailler : comme donc le temps les pressait, ils déposèrent le corps dans le tombeau le plus proche. Et il arriva, par une disposition de la divine Providence, que ce corps fut déposé dans un sépulcre tout neuf, où personne n’avait encore été mis, afin qu’on ne crût pas que c’était un autre mort enseveli avec lui qui était ressuscité : et afin que les disciples pussent facilement y aller et assister à l’événement, ce lieu étant proche de la ville : et encore, afin que non seulement les disciples de Jésus, mais aussi ses ennemis fussent témoins de sa résurrection. En effet ; la précaution qu’avaient prise les Juifs de s’assurer du sépulcre, d’en sceller la pierre et d’y mettre des soldats pour le garder (Mt. 27,66), était un témoignage bien sûr que Jésus y était enseveli. Jésus-Christ n’eut pas moins de soin que sa sépulture fût publiquement reconnue que sa résurrection. Les disciples aussi s’attachent fortement à établir et à confirmer cette vérité, que Jésus était véritablement mort ; car, dans la suite des temps la résurrection devait être suffisamment prouvée. Mais si l’on eût pu répandre des doutes et des ténèbres sur la mort, et même si elle n’eût été tout à fait certaine et évidente, les preuves de la résurrection auraient été obscurcies. Ce n’est donc pas pour ces raisons seulement que le corps fut enseveli dans ce lieu voisin de la ville, mais encore afin que le bruit, que les disciples l’avaient furtivement enlevé, se montrât absolument faux.
« Le premier jour de la semaine », c’est-à-dire le dimanche, « au premier point du jour et dès le matin, Marie-Madeleine vint au sépulcre, et elle vit que la pierre avait été ôtée du sépulcre ». (Chap. 20,1) Jésus-Christ était ressuscité, et la pierre et les sceaux étaient là exposés aux yeux du public. Et comme il fallait que les autres aussi fussent persuadés de la résurrection, le sépulcre fut ouvert, et par là on reconnut ce qui venait d’arriver. La vue de ce sépulcre ainsi ouvert toucha Marie, qui aimait si ardemment son Maître : le jour du sabbat étant passé, elle n’eut point de repos qu’elle n’eût été au sépulcre, et elle y vint au point du jour, pour recevoir quelque consolation du lieu : et l’ayant vu, et ta pierre renversée, elle n’entra point, elle ne regarda point dedans, mais brûlant d’amour, elle courut vers les disciples, parce qu’elle avait un très-grand désir d’apprendre au plus tôt ce qu’était devenu le corps. Sa course et ses paroles le marquaient et le déclaraient hautement.
« On a enlevé mon Maître, et je ne sais où on l’a mis ». Ne voyez-vous pas que Marie n’avait point encore une claire connaissance de la résurrection, et qu’elle pensait qu’on, avait transporté le corps die son Maître ? n’entendez-vous pas aussi avec quelle ingénuité elle raconte aux disciples ce qu’elle vient de voir ? Mais l’historien n’a pas manqué de lui donner toutes les louanges qu’elle méritait, et n’a pas cru se déshonorer en faisant connaître que c’était d’elle, qui avait été de nuit au sépulcre, qu’ils avaient appris les premières nouvelles de la résurrection : ainsi se montre, et éclate en tout on amour pour la vérité. Marie étant donc venue et ayant rapporté ces choses, les disciples courent aussitôt au sépulcre, et ils voient les linceuls qui y étaient, comme une marque et un témoignage de la résurrection (3, 4, 5, 6). Si l’on eût, emporté le corps, on ne l’aurait pas dépouillé ; auparavant ; et si on l’avait dérobé, on ne se serait pas donné le soin ni la peine d’ôter le linceul, de le plier et de le mettre en un endroit, mais on l’aurait emporté comme il était. C’est pourquoi l’évangéliste n’a tant d’empressement et de soin de marquer que le corps avait été enseveli avec beaucoup de myrrhe, substance qui colle et attache le linge au corps comme le plomb, qu’afin qu’ayant appris que les linceuls étaient pliés en un lieu, il part, vous n’écoutiez pas ceux qui disent qu’on avait enlevé le corps par fraude. Un voleur n’aurait pas été assez fou pour employer tant de temps à une chose inutile. Pour quelle raison aurait-il laissé les linceuls ? Comment se serait-il arrêté à les détacher du corps, sans qu’on s’en fût aperçu ? Il fallait pour cela bien du temps, et s’il eût ainsi tardé, il n’aurait guère pu manquer d’être pris sur le fait.
Mais pourquoi les linceuls étaient-ils là séparément, et le suaire plié en un lieu à part ? Peut vous montrer que, cela ne s’était pas fait à la hâte

  1. C’est-à-dire, sur les trois heures après midi.