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HOMÉLIE LXXXV.


ALORS DONC PILATE LE LEUR ABANDONNA POUR ÊTRE. CRUCIFIÉ. – AINSI ILS PRIRENT JÉSUS, ET L’EMMENÈRENT. – ET PORTANT SA CROIX, IL VINT AU LIEU APPELÉ DU CALVAIRE, QUI SE NOMME EN HÉBREU GOLGOTHA : OU ILS LE CRUCIFIÈRENT. (VERS. 16, 17, 18, JUSQU’AU VERS. 9 DU CHAP. XIX)

ANALYSE.

  • 1. Jésus est crucifié entre deux voleurs. – À quoi devait servir l’inscription de la croix de Jésus-Christ.
  • 2. Tunique de Jésus-Christ sans couture. – Pourquoi Jésus-Christ recommande sa mère à son disciple.
  • 3. La mort de Jésus-Christ n’est point une honte, mais une gloire.
  • 4. Ardent amour de Marie-Madeleine.
  • 5. Saint Chrysostome condamne le faste et la pompe des funérailles et la dépense qu’on y fait. – Description de ces sortes d’excès. – On expose les morts à demeurer nus sur la terre et sans sépulture. – Ne point mêler les choses saintes avec les choses profanes. – Ceux qui ont répandu de riches parfums sur le corps de Jésus-Christ n’avaient point encore de connaissance de la résurrection. – Jésus-Christ n’a point dit : Vous ne m’avez point enseveli, mais : Vous ne m’avez point donné à manger, etc. Rendre aux morts les derniers devoirs, et prescrire le faste et les dépenses superflues. – Faux et vrais témoignages de compassion pour les morts : les aumônes leur sont utiles et profitables. – Le superflu défendu aux vivants, à plus forte raison à l’égard des morts. – Dans le deuil et dans les funérailles, se conduire par la raison, c’est ce qui attire des louanges et des couronnes. —- Vertu, puissance de Jésus-Christ crucifié, d’avoir persuadé à ceux qui meurent que la mort n’est point une mort. – Troupe de pleureuses aux enterrements. – Ensevelir les morts de manière que cela tourne à la gloire de Dieu : répandre pour eux de grandes aumônes. – Mettre Jésus-Christ au nombre de ses héritiers, c’est se faire à soi et à eux une grande protection. – Une âme qui sort de ce monde nue et destituée de la vertu, est plus déshonorée que le corps qu’on a laissé sans sépulture et qu’on a jeté par terre.


1. La prospérité perd et égare facilement ceux qui ne sont pas vigilants et attentifs sur eux-mêmes ; ainsi les Juifs, sur qui Dieu régnait (1Sa. 8,7), voulurent se gouverner selon les mœurs et les coutumes des gentils ; et, après avoir mangé la manne dans le désert, se souvenant encore des oignons de l’Égypte, ils les regrettaient ; de même maintenant ils refusent Jésus-Christ pour leur roi, et ils demandent César avec instance et à grands cris. C’est pourquoi le Seigneur leur donna un roi selon leurs désirs. Pilate ayant entendu leur demande et leurs cris, leur abandonna Jésus pour être crucifié, mais par la plus grande injustice qui fût jamais. Il devait s’informer si Jésus avait aspiré à la royauté ; la terreur toute seule lui fait prononcer sa sentence, lors même que Jésus-Christ, pour l’en empêcher, l’avait prévenu en lui déclarant que « son royaume n’était pas de ce monde ». Ce juge se livre entièrement aux choses présentes et sa philosophie n’allant pas plus loin ; il ne pense, il ne voit rien au-dessus ; cependant le songe de sa femme aurait dû l’épouvanter. (Mt. 27,19) Mais rien de tout cela ne put le changer ; il ne leva point les yeux au ciel, et il abandonna Jésus.
Les Juifs voyant donc Jésus condamné le chargèrent de la croix ; ayant ce bois en abomination, ils ne voulurent même pas y toucher. Mais ce que nous voyons aujourd’hui, une figure l’avait prédit et annoncé ; Isaac avait porté le bois pour son sacrifice. (Gen. 22,6) Ce sacrifice alors n’a eu son accomplissement que dans la volonté du Père, parce qu’il était seulement la figure de ce qui devait arriver ; mais aujourd’hui la chose s’accomplit, comme la réalisation de la figure. « Et il vint au lieu appelé du calvaire ». Quelques-uns disent que c’est là qu’Adam est mort et repose, et que Jésus-Christ a élevé un trophée sur le lieu même où la mort a régné et exercé son empire ; car Jésus portait sa croix en trophée contre la tyrannie de la mort. De