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HOMÉLIE LXXXIV.


C’EST POUR CELA QUE JE SUIS NÉ, ET QUE JE SUIS VENU DANS LE MONDE, AFIN DE RENDRE TÉMOIGNAGE A LA VÉRITÉ : QUICONQUE APPARTIENT A LA VÉRITÉ, ÉCOUTE MA VOIX. (VERS. 37, JUSQU’AU VERS. 15 DU CHAP. XIX)

ANALYSE.

  • 1. Jésus-Christ nous enseigne la patience. – Pilate cherche d’abord à délivrer Jésus.
  • 2. La peur se saisit de Pilate et lui fait prononcer une sentence injuste.
  • 3. Avoir toujours présente la passion de Jésus-Christ, la méditer continuellement. – Elle sera un souverain remède à toutes nos afflictions et à tous nos maux. – Jésus-Christ a souffert, afin que nous marchions sur ses pas. – Imiter sa douceur, et celle des apôtres, pour attirer à la pénitence ceux qui nous ont offensés. – La colère et le mensonge viennent du diable. – Nous sommes inutilement venus au monde et pour notre perte, si nous n’y pratiquons pas la vertu. – La foi seule et destituée des œuvres ne fait point entrer dans le ciel, elle attire une plus grande condamnation. – Philosophie, vertu des gentils supérieure à celle des chrétiens : grand sujet de honte et de condamnation. – On peut mourir tous les jours, se tenir prêt : faire ici les provisions nécessaires pour ce voyage : là-haut on n’en trouve point.


1. La patience est une vertu admirable, qui délivre l’âme des flots de cette mer orageuse et des malins esprits. Pendant toute sa vie Jésus-Christ nous l’a enseignée, et il nous l’enseigne surtout maintenant qu’on le traîne devant les juges et qu’on le traduit de tribunaux en tribunaux. Il est mené chez Anne, où il répond avec une grande douceur, et au serviteur qui l’a frappé, il fait une réponse capable de réprimer tout faste et tout orgueil. De là on le conduit chez Caïphe, ensuite chez Pilate ; il y passe toute la nuit et ne cesse de faire paraître une extrême douceur. Lorsque les Juifs l’accusaient d’être un méchant, ce qu’ils ne pouvaient point prouver, il resta silencieux. Mais lorsque Pilate l’interrogea sur son royaume, alors il lui répondit, et en l’instruisant, il l’éleva à la plus haute et à la plus sublime théologie.
Mais pourquoi Pilate n’examine-t-il pas cette affaire en présence des accusateurs, et pourquoi entre-t-il dans le prétoire ? Parce qu’il avait une grande estime et une haute opinion de Jésus, et qu’il voulait, loin des clameurs des Juifs, s’informer exactement de tout. Ensuite, lorsqu’il eut dit à Jésus : Qu’avez-vous fait ? Jésus-Christ, à la vérité, ne lui répondit point sur cette question, mais il l’instruisit de ce qu’il tenait le plus à savoir, de son royaume ; c’est sur quoi il lui a répondu par ces paroles : « Mon royaume n’est point de ce monde », c’est-à-dire, véritablement je suis roi, mais non pas tel que vous le soupçonnez ; mon royaume est infiniment plus glorieux. Par là et par ce qui suit, le divin Sauveur déclare qu’il n’a fait aucun mal. Car celui qui dit : « Je suis né pour cela, et je suis venu pour rendre témoignage à la vérité », déclare qu’il n’a fait aucun mal.
Ensuite, quand Jésus dit : « Quiconque appartient à la vérité, écoute ma voix », il attire Pilate et l’engage à écouter attentivement ce qu’il lui dit ; si quelqu’un, dit-il, est vrai, désire, aime la vérité, sûrement il m’écoutera. De cette manière, et avec ce peu de paroles, il l’attire et l’engage à lui dire : « Qu’est-ce que la vérité (38) ? » Mais cependant Pilate poursuit l’affaire qui le presse, car il vit bien que la question qu’il venait d’entamer demandait du temps, et il voulait délivrer Jésus de la fureur des Juifs. C’est pour cela qu’il sortit du palais ; et que dit-il ? « Je ne trouve aucun crime en cet homme ». Mais remarquez avec quelle prudence il parle. Il n’a