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HOMÉLIE LXXXIII.


JÉSUS AYANT DIT CES CHOSES, S’EN ALLA AVEC SES DISCIPLES au-delà DU TORRENT DE CÉDRON, OU IL Y AVAIT UN JARDIN, DANS LEQUEL IL ENTRA, LUI ET SES DISCIPLES. (CHAP. 18, VERS. 1, JUSQU’AU VERS. 36)

ANALYSE.

  • 1. Commencement de la Passion du Sauveur.
  • 2. Ce Malchus blessé par saint Pierre et guéri par Jésus-Christ, est le même serviteur qui donna un soufflet au Sauveur. – Premier reniement de saint Pierre.
  • 3. Combien notre nature est faible, lorsque Dieu nous abandonne. – Deuxième et troisième reniements de saint Pierre.
  • 4. Jésus devant Pilate.
  • 5. Nous devons suivre l’exemple de Jésus-Christ. – Récit des outrages et des tourments que le divin Sauveur a soufferts pour nous. – Belles réflexions sur les injures qu’on nous fait ou qu’on nous dit. – La gloire et les choses humaines ne sont qu’une ombre, et n’ont rien de réel. – Échelle de ce qu’elle nous marque. – Se corriger peu à peu de ses défauts : dans ce mois d’un, dans le suivant d’un autre. – S’élever à la vertu et à la perfection comme par degrés.


1. La mort est quelque chose de redoutable et d’effrayant ; mais non pour une âme nourrie de la céleste philosophie. Celui qui n’a nulle idée des choses futures, et qui regarde la mort comme la dissolution de son être, la fin et le terme de sa vie, a raison de la craindre et d’en avoir de l’horreur, croyant qu’il va cesser d’être. Mais nous, à qui Dieu fait la grâce de révéler les secrets et les mystères de la sagesse (Ps. 50,7), nous qui regardons la mort comme un passage, nous n’avons nulle raison de la craindre ; au contraire, à ses approches nous devons nous réjouir et avoir du courage, parce que de cette vie périssable nous passons à une vie meilleure et plus glorieuse, qui n’aura point de fin. C’est là ce que nous apprend Jésus-Christ par son exemple ; il va à la passion et à la mort, non par force et par nécessité, mais volontairement et de bon gré.
« Jésus parla de la sorte », dit l’évangéliste, « et s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu-là, parce que Jésus y avait souvent été avec ses disciples (2) ». Le Sauveur se met en marche vers le milieu de la nuit ; il passe le torrent, il se hâte d’arriver à ce lieu que le traître connaissait, pour exempter ceux qui lui dressent des embûches de la peine et de la fatigue du chemin ; il fait voir à ses disciples qu’il marche volontairement à la mort, ce qui devait beaucoup les consoler ; et il se constitue comme en prison dans ce jardin.
« Jésus dit ces choses ». Jean que dites-vous ? le Sauveur avait prié son Père, il lui avait fait sa prière ? Pourquoi ne dites-vous donc pas que l’ayant finie, il vint en ce lieu ? Parce que ce n’était point là une prière, mais un entretien qu’il eut avec son Père, au sujet de ses disciples. Et ses disciples entrèrent dans le jardin ; ainsi il les délivra de la crainte où ils étaient, de sorte qu’ils ne refusèrent pas d’aller au jardin, et qu’ils y entrèrent sans difficulté. Qu’est-ce qui porta Judas à y venir ? ou d’où apprit-il qu’il y fallait aller ? Par là on voit que Jésus passait souvent les nuits dehors ; s’il les eût passées dans la maison, Judas ne le serait pas venu chercher dans ce désert, mais il serait allé à la maison pour le trouver endormi.
Mais de peur qu’entendant parler de jardin, vous ne croyiez que Jésus avait voulu se cacher, l’évangéliste ajoute : « Judas connaissait