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à ses disciples qu’il leur est utile qu’il s’en aille, puisque jusqu’à ce temps ils n’ont rien demandé, et que quand il se sera en allé, ils obtiendront tout ce qu’ils demanderont. Encore que désormais je ne doive plus demeurer avec vous, ne vous croyez pas pour cela abandonnés ; mon nom vous donnera une plus grande confiance et un plus grand pouvoir.

2. Et comme ces paroles étaient un peu obscures, il y ajoute : « Je vous ai dit ces choses en paraboles. L’heure vient en laquelle je ne vous entretiendrai plus en paraboles (25) ». Il viendra un temps auquel vous entendrez tous clairement toutes ces choses (ce temps, c’est celui de sa résurrection). Alors je vous parlerai ouvertement de mon Père. (Act. 1,3) Et en effet, Jésus-Christ a demeuré quarante jours avec ses apôtres, conversant, mangeant avec eux, et leur expliquant ce qui regarde le royaume de Dieu. Maintenant, la crainte dont vous êtes prévenus ne vous permet pas de faire attention à ce que je vous dis, mais alors, tue voyant ressuscité et au milieu de vous, vous pourrez apprendre toutes choses avec une entière liberté, parce que mon Père lui-même vous aimera, lorsque vous aurez en moi une foi plus vive et plus ferme.

« Et je ne prierai point mon Père (26) ». L’amour que vous avez pour moi suffit pour vous obtenir sa protection. « Car mon Père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de mon Père (27). Et je suis venu dans le monde, maintenant je laisse le monde, et je m’en retourne à mon Père (28) ». Comme le seul mot de résurrection, et ainsi cette parole de leur Maître, qu’il était sorti du Père et qu’il y retournerait ; comme, dis-je, ces choses ne consolaient pas peu les disciples, le divin Sauveur les leur répète souvent ; il leur assurait l’une parce qu’ils croyaient sincèrement en lui, et l’autre pour leur montrer qu’ils devaient être en repos et ne rien craindre. Lors donc qu’il leur disait : « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps, et vous me verrez », il était naturel qu’ils ne comprissent pas ce qu’il voulait dire ; mais, à l’égard de ces dernières paroles. « Qu’il ressusciterait, qu’il était sorti du Père, qu’il y retournerait », il n’en était pas de même, ils les comprenaient fort bien.

Que signifient ces mots : « Vous ne m’interrogerez plus ? » C’est comme s’il disait : « Vous ne me direz plus : “Montrez-nous votre Père”. Et : “Où allez-vous ?” parce que vous serez remplis de toutes sortes de connaissances, et que mon Père vous aimera comme je vous aime. C’est principalement cette promesse de l’amour et de l’affection du Père qui leur donna une bonne espérance et les fortifia ; voilà pourquoi ils disent : « Nous voyons bien à présent que vous savez toutes choses (30) ». Ne le remarquez-vous pas, mes frères, que le Sauveur parlait à ses disciples selon les sentiments et les dispositions qu’il voyait dans leur cœur ? « Et que vous n’avez pas besoin que personne vous interroge » ; c’est-à-dire, vous voyez ce qui nous trouble, avant même que nous ouvrions la bouche pour vous le déclarer, et vous nous avez tous réjouis et consolés, en nous disant : « Mon Père vous aime lui-même parce que vous m’avez aimé ». Après tant et de si grandes choses, qu’ils ont vues ou entendues, ils disent donc enfin : « Nous voyons ». Vous le voyez aussi, mes frères, combien ils étaient grossiers.

Ensuite, comme c’est par forme d’action de grâces qu’ils disent : « Nous voyons », le Sauveur leur réplique : Vous êtes encore bien éloignés de la perfection ; pour y atteindre, vous avez besoin de beaucoup d’autres choses, il ne sort de votre bouche encore rien de parfait. Et maintenant, vous allez m’abandonner à mes ennemis, et vous serez saisis d’une si grande peur, que vous n’oserez même pas vous en aller ensemble ; mais cela ne me fera aucun tort ni préjudice. Ne voyez-vous pas combien le Sauveur tempère encore son discours, pour le proportionner à leur faiblesse ? Aussi leur reproche-t-il d’avoir constamment besoin d’excuse et d’indulgence. Comme ils lui disaient : « Vous parlez maintenant tout ouvertement, et vous n’usez d’aucunes paraboles, c’est pour cela que nous vous croyons » ; il leur fait voir que lors même qu’ils s’imaginaient croire, ils ne croyaient point encore ; il leur déclare qu’ils ne recevaient point leur confession de foi ; il dit cela pour les renvoyer à un autre temps.

« Mon Père est avec moi (32) ». C’est encore pour ses disciples que le Sauveur le dit. Et il a toujours eu une grande attention à le leur apprendre et à le leur bien inculquer. Ensuite, pour leur montrer qu’en disant ces choses il ne leur a pas encore donné cette