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sont impardonnables. « Et touchant la justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus (10) » ; c’est-à-dire, j’ai mené une vie irréprochable, et en voici la preuve : je m’en vais à mon Père. Comme les Juifs lui reprochaient continuellement de n’être point envoyé de Dieu, et que pour cela ils publiaient qu’il était un pécheur et un méchant ; Jésus-Christ dit qu’il leur ôtera ce sujet de reproche. Si la pensée qu’ils ont que je ne suis point envoyé de Dieu, leur fait croire que je suis un méchant, lorsque le Saint-Esprit leur aura appris que je suis allé à mon Père, et que je n’y suis point allé pour une heure, mais pour y demeurer toujours ; car c’est là ce que signifie ce mot : « Vous ne me verrez plus », qu’auront-ils encore à alléguer ? Observez, mes frères, que Jésus-Christ détruit la mauvaise opinion qu’on avait de lui par ces deux arguments : il n’est pas d’un pécheur de faire des miracles, car un pécheur ne peut pas faire ces sortes d’œuvres, et aussi il n’est pas d’un pécheur d’être envoyé de Dieu : donc vous ne pouvez pas dire que Jésus est un pécheur, ni qu’il n’est pas envoyé de Dieu.

« Et touchant le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé (11) ». Jésus-Christ parle encore ici du jugement, parce qu’il a vaincu l’ennemi, le prince de ce monde ; ce qu’un pécheur ne peut faire, ni aucun juste d’entre les hommes. Que c’est à cause de moi, dit le Sauveur, qu’il est jugé et condamné : ceux qui dans la suite le fouleront aux pieds, et qui verront manifestement les signes de ma résurrection, le sauront, et ils reconnaîtront que c’est là la marque de sa condamnation : et en effet, il n’a pu me tenir. Les Juifs m’ont accusé d’être possédé du démon et d’être un séducteur : mais toutes ces accusations se montreront vaines et frivoles. Aurais-je terrassé le prince du monde, si j’étais coupable de péché ? Le voilà cependant condamné et chassé.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les porter présentement (12) ». Il vous est donc utile que je m’en aille ; lorsque je m’en serai allé, alors vous pourrez les porter. Et qu’est-il arrivé ? Le Saint-Esprit est donc plus grand que vous, puisque maintenant nous ne pouvons porter ces choses, et qu’il nous rendra capables de les porter ? Sa vertu a-t-elle plus de force et d’efficace que la vôtre ? Nullement. Car il vous enseignera ce qui est de moi. C’est pourquoi il dit : « Il ne parlera pas de lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu (13). Il me glorifiera, parce qu’il recevra de moi, et il vous l’annoncera (14). Tout ce qui est à mon Père est à moi (15) ». Jésus-Christ avait dit : le Saint-Esprit vous enseignera et vous fera ressouvenir, et il vous consolera dans vos afflictions, (ce qu’il n’avait pas fait lui-même). Et : il vous est utile que je m’en aille, afin qu’il vienne ; et : maintenant encore, vous ne pouvez pas porter ces choses, mais alors vous le pourrez. Et : il vous introduira dans toute vérité. De peur que de ces paroles les disciples ne prissent occasion de croire que le Saint-Esprit était plus grand que le Fils, et qu’ils ne tombassent par là dans une extrême impiété, il ajoute : « Il recevra de ce qui est à moi » ; c’est-à-dire, ce que j’ai enseigné, il t’enseignera aussi lui-même, il ne dira rien de contraire, rien qui lui soit propre, rien d’étranger à ma doctrine. Comme donc le Sauveur, parlant de soi, dit : je ne parle point de moi-même : c’est-à-dire, je ne dis que ce que j’ai reçu de mon Père ; je ne dis rien qui me soit propre ou qui lui soit étranger, il faut entendre de même ce qu’il dit du Saint-Esprit. « De ce qui est à moi » ; c’est-à-dire, de ce que j’ai appris, de ce que je sais ; car la science du Saint-Esprit et la mienne sont la même science.

« Et il vous annoncera les choses à venir ». Par cette promesse, Jésus-Christ élève l’esprit de ses disciples, puisque l’homme ne désire rien tant que d’apprendre ce qui doit arriver. C’est là sur quoi ils faisaient de fréquentes questions, disant à leur Maître : « Où allez-vous ? » Quelle est la voie ? Le Sauveur voulant donc les tirer de cette inquiétude, leur dit : l’Esprit-Saint vous instruira de toutes choses, de peur que vous ne tombiez inconsidérément.

« Il me glorifiera ». Comment ? Il fera les œuvres en mon nom. Comme après la venue du Saint-Esprit les disciples devaient faire de plus grands miracles, Jésus-Christ montre de nouveau son égalité, en disant : « Il me glorifiera ». Mais qu’est-ce qu’il appelle : « Toute vérité ? » Car il assure que le Saint-Esprit les introduira dans toute vérité. Jésus-Christ, soit à cause de l’infirmité de la chair dont il était revêtu, ou pour ne paraître point parler