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Ensuite il leur découvre une chose qui n’est point une légère, ni une commune marque d’amitié : Laquelle ? La voici : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis (16) ». C’est moi qui ai ardemment recherché votre amitié. Et je ne me suis point contenté de cela, mais : « Je vous ai établis », c’est-à-dire, je vous ai plantés. Le Seigneur continue encore la métaphore de la parabole, de la vigne, « afin que vous marchiez » ; c’est-à-dire, afin que vous vous étendiez, « et que vous rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure » toujours. Que si votre, fruit demeure, à plus forte raison demeurerez-vous vous-mêmes, non seulement, dit-il, je vous ai aimés, mais je vous ai aussi comblés de toutes sortes de biens, en étendant et, multipliant vos branches dans tout le monde.
2. Remarquez-vous, mes frères, en combien de manières le Sauveur déclare son amour à ses disciples : il le déclare en leur découvrant ses secrets et ses mystères. Il le déclare en les prévenant de son amour et de son affection, en les choisissant le premier ; il le déclare parles bienfaits dont il les comble, et partout ce qu’il a souffert pour eux. Par là il leur fait connaître qu’il demeurera toujours avec eux, afin qu’ils portent du fruit ; car pour en porter, ils ont besoin de son secours. « Afin que mon Père vous donne tout ce que vous lui demanderez en mon nom ». Mais c’est à celui à qui on demandé de faire porter le fruit, et ce que l’on demande au Père, pourquoi le Fils le fait-il ? Pour vous apprendre que le Fils n’est ni moins grand, ni moins puissant que le Père.
« Je vous ai dit ces choses, afin que vous vous aimiez les uns les autres (17) » ; c’est-à-dire, ce n’est pas pour vous en faire un reproche que je vous dis que je donne ma vie pour vous ; que je vous dis que je vous ai prévenus, que je vous ai choisis les premiers ; mais c’est pour vous engager à m’aimer. Ensuite, comme d’être rejetés de bien des gens, d’avoir à souffrir d’eux et des injures et des outrages, c’était une chose très-dure et insupportable, capable même d’abattre l’âme la plus grande et la plus courageuse, le Sauveur les a prévenus, et les a préparés à supporter courageusement ces insultes et ces affronts ; il les y a préparés en gagnant leur cœur et leur affection, et de plus en leur montrant et leur faisant connaître que ces choses, comme toutes celles dont il leur avait déjà parlé auparavant, ne se faisaient que pour eux, pour leur utilité et leur avantage. Car comme il leur a dit que non seulement il ne faut point s’attrister, mais qu’il faut même se réjouir de ce qu’il va à son Père, puisque ce n’était pas pour les laisser qu’il y allait, mais parce qu’il les aimait beaucoup : de même il leur fait voir maintenant ici qu’ils doivent se réjouir, et ne point s’affliger. Et voyez de quelle manière il le prouve. Il n’a point dit : Je sais qu’il est fâcheux d’avoir tant à souffrir ; mais soutirez ces choses pour l’amour de moi ; mais considérez que c’est pour moi que vous souffrez.
Ce n’était point encore là une suffisante consolation, c’est pourquoi Jésus-Christ, sans s’y arrêter, en propose une autre ; laquelle ? Souffrir de la sorte, ce sera une preuve et un témoignage certain de votre première vertu, et, au contraire, ce serait pour vous un sujet de douleur et d’affliction, non que le monde vous haït maintenant, mais qu’il dût vous aimer ; ce que le Sauveur leur fait entendre en disant : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ». Si donc vous étiez aimés, vous feriez penser que vous êtes méchants. Après, voyant que ces paroles n’avaient rien avancé, il poursuit encore, et dit : « Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître : s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi (20) ». Par là, le Sauveur montre expressément qu’ils seront ses imitateurs. Car tant que Jésus-Christ a été dans la chair, on l’a persécuté et outragé ; mais après qu’il est monté au ciel, on s’est tourné contre ses disciples, et on les a maltraités. Et encore : comme ils se troublaient, parce qu’étant en petit nombre, ils auraient à combattre contre une si grande multitude de peuple, le Sauveur leur relève le cœur et les encourage, en disant que d’être haïs du monde, ce doit être pour eux un très-grand sujet de joie ; par là, dit-il, vous aurez part à mes souffrances. Vous ne devez donc pas vous troubler, puisque vous n’êtes pas plus grands que moi, comme je l’ai dit : « Le serviteur e n’est pas plus grand que son Maître ». D’où il naît un troisième sujet de consolation, c’est que lorsqu’on vous déshonore et qu’on vous outrage, on outrage et on déshonore aussi mon Père.
« Ils vous feront tous ces mauvais traitements »,