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à obéir, nous acquérions les biens éternels, parla grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LXXVI.


JE SUIS LA VRAIE VIGNE, VOUS ÊTES LES BRANCHES, ET MON PÈRE EST LE VIGNERON. (CHAP. 15, VERS. 1, JUSQU’AU VERS. 10).

ANALYSE.

  • 1. Combien les disciples ont été timides et craintifs avant la mort de Jésus-Christ. – Parabole de la vigne et du vigneron, laquelle démontre, encore une fois de plus, la parfaite égalité du Père et du Fils.
  • 2. Le Sauveur dit beaucoup de choses en se plaçant au point de vue de ses auditeurs.
  • 3. L’amour est quelque chose de grand ; il est invincible ; ses avantages. – Ce que Jésus-Christ a fait pour nous : excellents témoignages de son amour. – Contre la rapine et l’avarice. – Maux que produisent les richesses et l’avarice. – Jésus-Christ nous a rachetés et nous servons les richesses. – Qui sont ceux qui rient des pauvres : les brutes, les insensés. – Comment ou atteint à la perfection de la vertu. – Éloge de la pauvreté.


1. L’ignorance rend l’âme timide et lâche la doctrine des choses du ciel lui donne de la force et de l’élévation : une âme qu’on laisse privée de soins est craintive, non par sa nature, mais par la disposition de sa volonté. Quand je vois un homme, tantôt courageux, tantôt timide, je dis : ce n’est point là un vice de nature, ce qui est naturel n’est point sujet au changement ; de même, lorsque je vois des gens aujourd’hui craintifs, et demain hardis, je porte le même jugement, et je rejette tout sur la volonté. Ainsi les disciples, avant d’avoir appris ce qu’ils devaient savoir, avant d’avoir reçu le don du Saint-Esprit, étaient extrêmement timides ; mais après ils furent plus courageux que des lions. Pierre lui-même, que les seules menaces d’une servante avaient été capables d’effrayer, exposé dans la suite à mille périls, chargé de coups de fouets, attaché à une croix la tête en bas, ne garde point le silence ; et comme si ç’eût été en songe qu’il souffrait tous ces tourments, il parle avec toute sorte de liberté et d’assurance, mais non pas avant la croix, avant la mort du divin Sauveur.
Voilà pourquoi Jésus-Christ disait : « Levez-vous, sortons d’ici ». Pour quelle raison, je vous prie ? Ignorait-il l’heure à laquelle Judas devait venir ? Craignait-il qu’en arrivant il ne se saisît aussitôt de ses disciples, et que ses ennemis, qui l’épiaient pour le prendre, ne se jetassent sur eux, avant qu’ils eussent prêché et répandu dans le monde l’excellente doctrine qu’il leur avait enseignée ? Loin de nous cette pensée tout à fait indigne de sa Majesté. S’il ne craignait rien de tout cela, pourquoi les fait-il sortir de ce lieu, et les mène-t-il, seulement après avoir fini son discours, au jardin que Judas connaissait ? Et, quoique Judas fût venu en personne, ne pouvait-il pas aveugler les soldats, comme il l’avait déjà fait en son absence ? Pourquoi sort-il donc ? C’était pour donner à ses disciples un peu de temps pour respirer. Il était bien vraisemblable qu’étant dans un lieu ouvert à tout le monde, ils devaient trembler de peur et de frayeur, tant à cause de l’heure qu’à cause du lieu. La nuit était déjà avancée et fort obscure, et ils ne pouvaient guère être attentifs aux paroles de leur Maître, ayant continuellement