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que les disciples ont faites dans la suite. L’ombre de Pierre a rendu la vie à un mort. Et c’est par là que la puissance de Jésus-Christ éclatait davantage. Car i1 n’était ni si admirable, ni sil étonnant, qu’étant en vie, il fît des miracles, que de voir ses disciples, après sa mort, en faite de plus grands en son nom ; c’était là en effet une preuve incontestable de sa résurrection. Si Jésus ressuscité s’était fait voir à vous ; on n’aurait pas si bien cru à sa résurrection, on aurait pu dire : c’est un fantôme. Mais celui qui, après sa mort, voyait son nom seul opérer de beaucoup plus grands miracles que lorsqu’il vivait et demeurait parmi l’es hommes, ne pouvait refuser de croire, s’il n’était complètement fou. La foi est donc un grand bien ; mais c’est la foi qui part d’un cœur fervent, plein, d’amour et d’ardeur. La foi nous fait philosophes et montre que nous le sommes[1] ; elle nous découvre la bassesse de la nature humaine, et, rejetant tous les vains raisonnements, elle s’élève aux choses du ciel et les, contemple, ou plutôt ; ce que la sagesse humaine ne peut comprendre, elle le comprend aisément et le met en pratique. Attachons-nous-y donc, à cette foi, et ne confions point notre salut à des raisonnements : Dites-moi, je vous, prie, pourquoi les gentils n’ont rien, pu comprendre ? N’étaient-ils pas remplis de toutes les connaissances de la sagesse humaine ? Pourquoi n’ont-ils pas pu surpasser des pêcheurs, des faiseurs de tentes, des hommes sans intelligence ? N’est-ce pas parce qu’ils s’appuyaient uniquement sur leurs propres lumières, parce qu’ils voulaient tout tirer de leur, faible raison ; et, qu’au contraire ceux-ci laissaient tout à là foi, et ne voulaient être, éclairés que de sa lumière ? Voilà pourquoi les apôtres ont de beaucoup surpassé les Platon, les Pythagore, et tant d’autres rêveurs voilà pourquoi ils ont surpassé les astrologues, les mathématiciens, les géomètres, les arithméticiens et tous les autres savants, de quelque science qu’ils fussent ornés, de toute la distance, qui existe entre des philosophes dignes de ce nom et des hommes privés du sens commun : Remarquez, en effet, que les apôtres ont enseigné que l’âme est immortelle, et que non seulement ils en ont fait connaître l’immortalité, mais encore qu’ils l’ont persuadée. Mais les philosophes n’ont pas connu d’abord ce que c’est que l’âme, et après qu’ils en eurent découvert l’existence et l’eurent distinguée, du corps, ils se sont divisés entre eux ; les uns disant qu’elle est incorporelle, les autres qu’elle est corporelle, et qu’elle se dissout et périt avec le corps : les philosophes ont dit encore que le ciel est animé, et qu’il est un Dieu ; mais les pêcheurs ont enseigné que Dieu a créé le ciel, et l’ont persuadé aux hommes.
Au reste, que les gentils donnent, tout su raisonnement, il n’est rien en cela qui nous doive surprendre ; maïs que ceux qui paraissent faire profession de la foi, ne soient au fond que des hommes animaux, c’est ce qui est véritablement digne de nos larmes. Voilà pourquoi ils sont également tombés dans l’erreur ; les uns soutiennent, qu’ils connaissent Dieu aussi bien qu’il se connaît lui-même ; ce que les païens mêmes n’ont jamais osé dire les autres, que Dieu ne peut engendrer ni produire sans passion ; n’attribuant à Dieu rien de plus qu’aux hommes : d’autres enseignent que les bonnes mœurs, qu’une conduite irréprochable, ne servent à rien ; mais le temps ne me permet pas de réfuter ces extravagances.
4. Jésus-Christ et saint Paul déclarent, et ont très-grand soin de faire entendre que la foi, quelque sainte et orthodoxe qu’elle soit, n’est d’aucune utilité, si la vie est impure. Jésus-Christ le déclare, par ces paroles : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le royaume des cieux ». (Mt. 21) Et encore : « Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en votre nom ? Et alors je leur dirai hautement : Je ne vous ai jamais connus : Retirez-vous de moi, vous qui, faites des œuvres d’iniquité ». (Id. 22, 23) Car ceux qui ne veillent point sur eux-mêmes, tombent facilement dans le péché, quand bien même ils auraient, une foi pure et saine. Et saint Paul le marque dans son Épître aux Hébreux, par cet avis qu’il leur donne : « Tâchez », dit-il, « d’avoir la paix avec tout le monde », et de vivre dans « la sainteté, sans laquelle, nul ne verra Dieu ». (Héb. 12,14) L’apôtre appelle sainteté la chasteté, voulant que chacun se contente de sa femme, et qu’il n’en aille point chercher d’autre. Celui qui ne se contente pas de sa femme, ne peut se

  1. Que nous sommes philosophes, c’est-à-dire, que nous sommes véritablement chrétiens : Que nous suivons les, principes et les lumières de l’Évangile, de la sagesse, de la droite raison, etc.