Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE LXIII.


CAR JÉSUS N’ÉTAIT PAS ENCORE ENTRÉ DANS LE BOURG : MAIS IL ÉTAIT AU MÊME LIEU OU MARTHE L’AVAIT RENCONTRÉ. – CEPENDANT LES JUIFS QUI ÉTAIENT AVEC MARIE, ET LE RESTE. VERS. 30, 31, JUSQU’AU VERS. 40)

ANALYSE.

  • 1. Arrivée de Jésus-Christ à Béthanie. – Ferveur de Marie. – Jésus pleure sur Lazare.
  • 2. Jésus devant la tombe ouverte et le cadavre déjà corrompu de Lazare.
  • 3 et 4. La foi est un grand bien et la source de beaucoup de biens. – Preuve incontestable de la résurrection de Jésus-Christ. – Après sa mort, ses disciples ont fait en son nom de plus grands miracles que lui : Jésus ressuscité ne s’est pas fait voir à tous, pourquoi. – Quelle est la foi qui est un grand bien ? – S’y attacher : en suivre les lumières. – Les philosophes n’ont rien pu comprendre, rien connaître, rien persuader. – De simples pécheurs ont tout compris, tout persuadé, pourquoi. – Les apôtres beaucoup au-dessus des philosophes. – Erreurs particulières des Anoméens. – La chasteté appelée sainteté. – Contre les adultères : ils seront exclus du royaume de Dieu, ils tomberont dans l’enfer. – Crime de l’adultère : il se fait plus de tort qu’il n’en fait à sa femme. – Le mari fidèle ne perd point la sainteté pour demeurer avec la femme infidèle : il la perd, s’il se joint à la femme prostituée. – L’adultère, qui cherche à commettre son crime, vit aussi misérablement que ces malheureux qui sont condamnés au supplice.


1. La philosophie est un grand bien. Je parle de la nôtre, car, pour les doctrines des gentils, ce ne sont que des paroles et des fables, et encore des fables qui n’ont rien de philosophique. En effet, parmi eux tout se fait par gloire et par vanité. La philosophie est donc un grand bien, puisque dans cette vie même elle nous récompense. Par exemple, celui qui méprise les richesses, sent déjà, dès à présent, toute l’utilité de ce mépris, il est exempt de tous soins superflus et inutiles. Celui qui foule aux pieds la gloire, reçoit dès ici-bas sa récompense, puisqu’il n’est esclave de personne ; puisqu’il jouit de la véritable liberté. Celui qui désire les biens du ciel, reçoit en ce monde sa récompense, puisqu’il ne fait aucun cas des choses présentes, et que facilement il surmonte toutes les peines et les afflictions de cette vie.
Voici donc une femme philosophe qui a reçu ici la récompense de sa philosophie. Elle est plongée dans sa douleur, elle est trempée de ses larmes et environnée d’un grand monde qui était venu la consoler, et elle n’attend pas que le Maître arrive chez elle, elle n’a point d’égard à sa dignité ; le deuil, une violente affliction ne sont point capables de la retenir. Et toutefois c’est une des faiblesses des femmes qui pleurent de se faire un point d’honneur de leur deuil devant ceux qui les voient pleurer. Il en est tout autrement de Marie ; elle n’a pas plus tôt appris l’arrivée du Maître, qu’elle court au-devant de lui. Or Jésus n’était pas encore entré dans le bourg, car il marchait lentement, afin qu’on ne crût pas qu’il s’empressait d’aller faire le miracle, et qu’on sût qu’il n’était venu que parce qu’on l’en avait prié. Et c’est là ce que veut insinuer l’évangéliste, quand il dit que Marie se leva aussitôt, ou bien il veut nous apprendre qu’elle accourut ainsi pour prévenir l’arrivée du Maître et ne lui pas donner la peine de venir chez elle. Au reste, elle ne vint pas seule, mais accompagnée des Juifs qui étaient dans sa maison. Marthe fit donc preuve d’une grande prudence en appelant tout bas sa sueur, pour ne pas troubler la compagnie, et en s’abstenant de dire pourquoi elle l’appelait, car si les Juifs l’avaient su, plusieurs d’entre eux se seraient retirés. Mais, croyant qu’elle allait au sépulcre