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Imitez ces saintes femmes : édifiez et instruisez vos maris, non seulement par vos paroles, mais encore par vos bons exemples. Et comment l’instruirez-vous, votre mari, par vos œuvres et vos exemples ? Lorsqu’il ne verra en vous ni malice, ni méchanceté, ni curiosité, ni amour pour les ornements et les parures, ni désir, ni goût pour les dépenses superflues, et qu’au contraire vous vous contenterez simplement de ce que vous avez, alors il vous écoutera avec plaisir, il recevra avec joie vos conseils : mais si vous n’êtes sages qu’en paroles, et si vous faites le contraire de ce que vous dites, alors il vous accusera de bavardage. Mais si vos œuvres sont d’accord avec vos paroles, si vous instruisez en même temps et par vos paroles et par vos œuvres[1], votre mari vous écoutera alors avec plaisir, et vous cédera volontiers, lors, par exemple, que vous ne rechercherez point l’or, les pierres précieuses et la magnificence des habits ; et qu’au lieu de cela vous vous ferez un trésor de modestie, de tempérance, de douceur et de bonté : lors donc que vous vous présenterez à votre époux, ornée de ces vertus, vous serez en droit de les exiger de même de lui. Car si une femme doit faire quelque chose pour plaire à son mari, c’est son âme qu’elle doit parer, et son corps qu’elle ne ferait ainsi que défigurer. En effet, l’or et les parures ne vous rendront pas si aimable à votre mari, que la tempérance et la douceur, et d’être prête à donner votre vie pour lui. Voilà ce qui gagne le cœur et toute l’affection d’un époux. Les ajustements superflus lui déplaisent : ils demandent des soins, ils causent de la dépense et de la gêne ; mais ce que je viens de dire attache le mari à sa femme, parce qu’une volonté droite et bien disposée, l’amitié, l’attachement ne demandent ni soin, ni dépense ; ou plutôt, à proprement parler, c’est là de quoi enrichir une maison. Les parures, on s’en dégoûte par l’habitude : mais les ornements de l’âme répandent tous les jours un nouvel éclat, et allument dans le cœur une flamme plus pure et plus grande.

C’est pourquoi, voulez-vous plaire à votre mari ? ornez votre âme de chasteté et de piété, ayez soin du ménage. Ce sont là les choses qui attachent le plus, et qui ne cessent jamais d’attacher : la vieillesse ne détruit pas cet ornement, la maladie ne le ternit point. C’est le contraire pour la beauté du corps : le grand âge la flétrit, la maladie la consume, et bien d’autres choses la ruinent. Mais les biens de l’âme surpassent tous ceux du corps. La beauté du corps excite l’envie et la jalousie : la beauté de l’âme n’est sujette à aucune maladie, ni à la vaine gloire. En vous attachant de la sorte à parer votre âme, et non votre corps, vous conduirez plus aisément votre ménage, et vos revenus seront plus abondants, si l’or ; dont vous pourriez charger votre corps et vos membres, vous l’employez à des usages nécessaires, comme à la nourriture de vos esclaves et de vos domestiques, à donner à vos enfants l’éducation que vous leur devez, et à d’autres choses raisonnables.

Que si vous étalez cet or aux yeux de votre mari, tandis que son cœur est dans la peine, quel fruit, quel avantage en retirerez-vous ? Non, la douleur ne permet pas que les regards soient charmés. Vous le savez, mon cher auditeur, sûrement vous le savez : qu’on vienne à rencontrer la femme la mieux ajustée et la plus parée, on n’y saurait trouver du plaisir, si le cœur est dans l’affliction et dans la tristesse. Pour se réjouir d’une chose, il faut être gai, il faut avoir le cœur content. Or, si tout l’argent est dépensé à parer le corps de la femme, la gêne régnera dans le ménage, et le mari ne pourra goûter ni joie, ni plaisir. Si vous voulez plaire au vôtre, étudiez-vous à lui donner de la satisfaction, et vous lui en donnerez si vous retranchez la superfluité des parures, si vous rejetez tous les vains ajustements. Ces choses semblent faire quelque plaisir les premiers jours des noces ; mais peu de temps après elles deviennent fades et insipides. Et en effet, si le ciel qui est si beau, si le soleil qui est si brillant, que vous n’oseriez lui comparer aucun corps, nous ne les admirons pas autant que nous le devrions par la coutume où nous sommes de les voir, comment pourrions-nous longtemps admirer un corps paré de beaux vêtements ? Je dis ceci, parce que le désire que vous vous pariez de ces vrais ornements que saint Paul vous prescrit : « Non avec des ornements d’or », dit-il, « ni des perles, ni des habits somptueux ; mais avec de bonnes œuvres, comme le doivent des femmes qui font profession de piété ». (1Tim. 2,9-10)

  1. « Jésus a fait et enseigné ». Voilà l’abrégé de tout l’Évangile : il fait faire avant d’enseigner. Il faut que les œuvres ne démentent pas les paroles.