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devons-nous faire paraître toute notre fermeté et tout notre courage contre ceux qui accusent et qui attaquent les chrétiens, et les combattre sans merci.
Nous pourrons, mon cher auditeur, nous pourrons repousser nos adversaires, si nous prenons des fortes et des armes dans les saintes Écritures, si nous relevons notre confiance en donnant toute notre attention à cette lecture et ne l’écoutant point légèrement et en passant. Si quelqu’un vient assidûment à nos discours et est attentif à ce que nous y enseignons, quand même il ne lirait pas l’Écriture dans sa maison, néanmoins, dans le seul espace d’un an, il pourra apprendre beaucoup de choses ; car nous ne lisons pas aujourd’hui un livre de l’Écriture et demain un autre, mais nous lisons toujours le même. Cependant, plusieurs sont dans de si malheureuses dispositions, qu’après une si longue lecture, ils ne savent pas même encore le nom des saints livres. Et ce qui est affreux, c’est que ces personnes puissent sans effroi venir écouter la parole de Dieu avec tant de négligence.
Mais si un joueur de luth, si un baladin, ou quelqu’autre histrion convoque la ville à ses représentations, tous accourent vite, tous lui savent gré de les avoir avertis et passent la moitié du jour à cette sorte de spectacle ; ici Dieu nous parle par les prophètes et par les apôtres, et nous bâillons, nous nous ennuyons. L’été et dans le fort des chaleurs, nous allons sur la place ; l’hiver, la pluie et la boue nous retiennent dans nos maisons. Mais à l’hippodrome, où l’on ne peut se mettre à couvert de la pluie, beaucoup, lors même qu’il pleut à seaux et que le vent pousse la pluie au visage, beaucoup, dis-je, poussent la folie jusqu’à s’y tenir patiemment sur leurs pieds ; pour cela ils bravent le froid, la pluie, la boue, la longueur du chemin ; rien n’est capable de les retenir chez eux, ni de les empêcher de courir aux spectacles. Mais ici, où il y a un bon toit, où la chaleur est admirablement tempérée, ils refusent d’y venir ; ici, où il s’agit de la grande affaire du salut. Dites-le, je vous prie, cette conduite est-elle supportable ? Voilà pourquoi, dans ce qui concerne les spectacles, nous sommes si savants et de si grands maîtres ; mais dans les choses nécessaires, nous sommes plus ignorants qu’un enfant. Que si quelqu’un vous appelle cocher ou danseur, vous prenez cela pour une injure, et vous faites cependant tout ce qu’il faut pour vous attirer ce reproche ; qu’un homme de cette sorte vous appelle au spectacle, vous ne reculez pas et vous vous adonnez presque à toutes les parties de cet art, dont vous fuyez le nom. Mais la profession et le nom qui vous conviennent, je veux dire la profession et le nom de chrétien, vous ne savez même pas ce que c’est. Est-il une plus grande folie ? Je voudrais vous répéter souvent ces vérités, mais je crains de me rendre importun, et cela en pure perte. En effet, je vois non seulement les jeunes gens, mais encore des vieillards, se livrer à ces folies : spectacle qui me fait rougir, que de voir un homme vénérable par sa vieillesse, aller au théâtre déshonorer ses cheveux blancs et y mener son fils avec lui. Quoi de plus ridicule ? Quoi de plus infâme ? Le père enseigne à son fils à braver la bienséance.
5. Mon discours vous pique ? C’est ce que je veux : je veux que mes paroles vous affligent, afin que vous renonciez à ces infâmes pratiques. Mais il est des gens, autrement insensibles et froids, que mes paroles ne sont point capables de faire rougir :.mais qu’il soit question de spectacles, ces mêmes gens sont tout de feu, et ils ne finissent point de parler. Demandez-leur qui est Amo. qui est Abdiras, combien il y a de prophètes, combien d’apôtres ? ils ne peuvent même pas ouvrir la bouche ; mais si vous les écoutez sur les chevaux, sur les cochers, ils parlent avec plus de gravité qu’un sophiste et un rhéteur ; et après tout cela ils osent demander : Eh bien ! quel mal, quel tort cela fait-il ? C’est justement cette ignorance qui me fait gémir.
Dieu vous a donné le temps de cette vie pour le servir, et vous l’employez à des choses vaines et inutiles, et encore vous demandez quelle perte vous faites ? Employez-vous inutilement la moindre somme d’argent, vous dites que vous avez fait une perte ; passez-vous des journées entières aux spectacles, qui sont les pompes de Satan, vous ne croyez rien faire de déraisonnable, et vous comptez cela pour rien ? Vous qui devriez employer toute votre vie à la prière et à l’oraison, vous la passez tout entière dans les clameurs, dans le tumulte, à entendre des paroles déshonnêtes, à voir des combats, à des plaisirs qui ne vous conviennent point, à des illusions, à des occupations inutiles et pernicieuses ; et ensuite vous dites à tout le monde : Quelle est la perte que