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que vous ne voulez point faire. Pourquoi donc vous perdez-vous vous-même ? pourquoi jetez-vous ce que vous avez entre les mains ? vous ne pouvez l’égaler ni faire quelque profit ? pourquoi, de plus, vous faire du mal ? Il faudrait vous réjouir avec lui, afin que si vous ne pouvez pas participer à ses travaux, vous en tiriez du moins quelque profit par votre congratulation : souvent la bonne volonté suffit pour nous faire un grand bien. Ézéchiel dit que les Moabites ont été punis pour avoir insulté les Israélites et s’être réjouis de leurs calamités, et que ceux qui gémissent sur les maux d’autrui, obtiennent le salut. Que si ceux qui pleurent sur les maux de leurs frères y gagnent des consolations, à plus forte raison en recevront-ils ceux qui se réjouissent des honneurs qu’on leur fait : le prophète reprochait aux Moabites de s’être réjouis des maux qui étaient arrivés aux Israélites : et cependant c’était Dieu même qui châtiait ces derniers. Mais Dieu ne veut pas même que nous ayons de la joie des châtiments qu’il inflige, et lui-même ne prend point plaisir à se venger. Que s’il faut s’affliger avec ceux qui souffrent, à plus forte raison ne faut-il pas porter envie à ceux qui sont honorés. C’est ainsi qu’ont péri et Coré et Dathan (Nb. 16) qui, d’une part, ont attiré sur eux-mêmes la vengeance divine, et de l’autre, ont rendu par là plus illustres ceux à qui ils portaient envie. Car l’envie est une bête venimeuse, un animal impur, une malice volontaire, qui ne mérite point de pardon, une méchanceté qu’on ne peut excuser, la racine et la mère de tous les maux. Arrachons-le donc de nos âmes, afin que nous soyons délivrés des maux présents, et que nous acquérions les biens à venir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel gloire soit au Père, et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LVI.


COMME JÉSUS PASSAIT, IL VIT UN HOMME QUI ÉTAIT AVEUGLE DÈS SA NAISSANCE. – ET SES DISCIPLES LUI FIRENT CETTE DEMANDE : MAÎTRE, EST-CE LE PÉCHÉ DE CET HOMME, OU LE PÉCHÉ DE CEUX QUI L’ONT MIS AU MONDE, QUI EST CAUSE QU’IL EST NÉ AVEUGLE ? (CHAP. 9, VERS. 1, 2, JUSQU’AU VERS. 6)

ANALYSE.

  • 1. Guérison de l’aveugle-né. – Nul n’est puni pour le péché de ses parents.
  • 2. Jésus-Christ, en rendant la vue à l’aveugle-né, prouvait aux Juifs qu’il est le Créateur.
  • 3. Contradiction apparente ; expliquée. – Saint Paul appelle nuit ce que Jésus-Christ appelle jour, et jour ce qu’il appelle nuit. Félicité de la céleste patrie. – Ce qu’il faut faire pour y parvenir. – Les pauvres nous bâtissent des maisons dans le ciel. Répandre ses biens sur eux.


1. « Comme Jésus passait, il vit un homme qui était aveugle dès sa naissance (1) ». Jésus-Christ, dans son humanité, son zèle pour notre salut, et sa volonté de fermer la bouche aux méchants, ne négligeait rien de ce qu’il lui appartenait de faire, même quand il ne rencontrait qu’indifférence autour de lui. C’est parce que le prophète savait cela qu’il a dit : « Afin que vous soyez reconnu juste et véritable dans vos paroles ; et que vous demeuriez victorieux, lorsqu’on jugera de votre conduite ». (Ps. 50,5) Voilà pourquoi maintenant les Juifs ne pouvaient atteindre à la sublimité de ses paroles, que dis-je ? lorsqu’ils l’appelaient