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faisons violence à notre nature ; soyons plus doux, travaillons un peu pour nous reposer éternellement. Ne ravissez point l’or, mais ravissez ces richesses qui vous apprendront à regarder l’or comme de la boue. Dites-moi : Si vous trouviez sous vos yeux et sous votre main du plomb et de l’or, lequel prendriez-vous ? ne serait-ce pas l’or que vous saisiriez ? Eh bien ! là où celui qui emporte est puni, vous vous attachez à ce qui est de plus grande valeur, et là où celui qui emporte est honoré et récompensé, vous livrez, vous abandonnez ce qui est de plus grand prix. Que si de l’un et de l’autre côté il y avait une punition à craindre, ne vous seriez-vous pas plutôt jeté sur ce qui vaut le mieux ? mais dans le vol que je vous propose, vous n’avez rien à craindre, une félicité éternelle en est la récompense.
Et comment, direz-vous, peint-on l’emporter, ce royaume ? Ce que vous avez dans vos mains, jetez-le ; car tant que vous aurez les mains embarrassées, vous ne pourrez conquérir cet autre trésor : représentez-vous un homme qui a les mains pleines d’argent ; tant qu’il le serrera dans ses mains, pourra-t-il prendre de l’or ? ne faut-il pas qu’auparavant il jette l’argent et qu’il ait les mains libres ? En effet, un voleur doit être adroit et alerte pour n’être pas pris. De même, il y a autour de nous des puissances ennemies qui nous guettent, toujours prêtes à se jeter sur nous pour nous enlever notre trésor. Mais évitons-les, fuyons-les et ne laissons au-dehors aucune prise sur nous. Coupons, rompons les liens qui nous retiennent, dépouillons-nous des biens de ce monde. Quelle nécessité d’avoir des habits de soie ? Jusques à quand nous étalerons-nous ces futilités ridicules ? Jusques à quand cacherons-nous notre or dans la terre ? Je voudrais de tout mon cœur ne plus vous parler continuellement de ces choses ; mais jamais vous ne cessez de me donner sujet de vous en parler. Corrigeons-nous enfin aujourd’hui, afin que, donnant aux autres ce bon exemple, les biens que Dieu nous a promis, nous les obtenions, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel gloire soit au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LV.


LES JUIFS LUI RÉPONDIRENT DONC : N’AVONS-NOUS PAS RAISON DE DIRE QUE VOUS ÉTES UN SAMARITAIN ET QUE VOUS ÊTES POSSÉDÉ DU DÉMON ? – JÉSUS LEUR REPARTIT : JE NE SUIS POINT POSSÉDÉ DU DÉMON : MAIS J’HONORE MON PÈRE. (VERS. 48, 49, JUSQU’A LA FIN DU CHAP. VIII)

ANALYSE.

  • 1. Venger avec force ce qu’on dit contre Dieu, souffrir patiemment ce qu’on dit contre nous.
  • 2. Réfutation des Anoméens et des Avens. – Cette parole : *Je suis, marque en Jésus-Christ son éternité.
  • 3. Profiter du temps, ne point différer sa conversion. – L’âme, qui est devenue insensible, est semblable au pilote qui a abandonné son vaisseau au gré des vents. – Quels efforts doit faire la vertu pour l’emporter sur la violence des passions. – L’envieux, en voulant perdre quelqu’un, se perd lui-même. – Portrait de l’envieux et de l’envie.


1. C’est une chose impudente et insolente que le vice : lorsqu’il devrait rougir de honte, c’est alors qu’il s’emporte et fait plus fortement éclater sa colère ; c’est ce qui arriva pour