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en lui (30) ». Lorsque le Sauveur s’est abaissé et qu’il a parlé d’une manière simple et grossière, alors plusieurs ont cru en lui. Après cela, me demanderez-vous encore pourquoi Jésus s’abaisse ainsi à parler d’une manière simple et grossière ? Mais l’évangéliste vous en a manifestement fait connaître la raison par ces paroles : « Lorsqu’il disait ces choses, plusieurs crurent en lui ». Les faits mêmes semblent crier par sa bouche : Ne vous troublez pas, vous qui m’écoutez, si vous entendez des paroles basses et grossières ; des hommes qui, après avoir entendu une si grande et si sublime doctrine, n’ont point été persuadés que celui qui l’enseignait était envoyé du Père, ne pouvaient guère être amenés à la foi par des choses – grossières. Et ceci est la justification de ce que le Sauveur pourra dire dans la suite de bas et de grossier.
Les Juifs crurent donc, non pas comme il aurait fallu, mais selon leur portée, grâce à cette simplicité de langage qui charmait et reposait leur esprit. En effet, que leur foi n’était point parfaite, l’évangéliste le fait voir après, en rapportant les outrages qu’ils firent à Jésus-Christ ; et pourtant c’étaient les mêmes Juifs qui avaient cru ; il le déclare ouvertement par ces paroles : « Jésus dit donc aux Juifs qui croyaient en lui : Si vous persévérez dans la créance de ma parole (31) » ; montrant qu’ils n’avaient point encore compris sa doctrine, et que seulement ils écoutaient ce qu’ils disaient ; c’est pourquoi il parle avec plus de force, car il s’était d’abord contenté de dire simplement : « Vous me chercherez » ; mais maintenant il ajoute : « Vous mourrez dans votre péché ». Et il leur fait connaître comment cela arrive : Quand vous serez morts, dit-il, dans votre péché, vous ne pourrez pas me prier, ni me demander grâce. « Ce que je dis dans le monde ». Par ces paroles, il déclare aux Juifs qu’il va passer vers les gentils. Mais comme ils n’avaient pas compris que c’était de son Père qu’il leur avait parlé auparavant, il leur en parla encore ; et l’évangéliste montre la cause pour laquelle le Sauveur s’est servi d’expressions basses et grossières.
3. Si donc nous lisons avec beaucoup de soin et d’attention les saintes Écritures, et non pas légèrement et en passant, nous pourrons acquérir le salut ; si nous les étudions et les méditons assidûment, nous apprendrons la vraie doctrine et la manière de bien vivre. Qu’on soit dur et violent, qu’on ait une âme molle, qu’on soit lâche, qu’autrefois on n’ait nullement profité de cette lecture, maintenant, du moins, on en profitera et on en retirera quelque utilité, fût-elle imperceptible. En effet, si quelqu’un entre dans la boutique d’un parfumeur et s’y arrête un peu, même malgré lui, il sentira bon, il répandra une douce et agréable odeur ; à plus forte raison la répandra-t-il, cette bonne odeur, celui qui fréquente l’Église. Car, comme de la paresse naît la paresse, de même du travail naît la force et la vigueur de l’âme. Encore que vous soyez chargé d’une multitude de péchés, que vous soyez impur, ne vous éloignez pas pour cela de nos saintes assemblées.
Et de quoi, direz-vous, me servira-t-il d’y assister, si je ne profite pas de ce qu’on y enseigne ? Ah ! si vous vous reconnaissez pécheur, si vous vous édites misérable, ce n’est point là un petit profit, ce n’est point là une crainte mal placée, ce n’est point là une frayeur inutile : si seulement vous gémissez de ne pratiquer point ce que vous avez entendu, un jour viendra que vous le pratiquerez. Car il est impossible que celui qui s’entretient avec Dieu et l’écoute, n’en retire pas quelque profit. Au moment de prendre le divin livre des Écritures, nous nous recueillons et nous lavons nos mains. Ne voyez-vous pas combien de précautions avant même de commencer cette respectable lecture ? Si nous la continuons avec soin et avec attention, nous en rapporterons de grands fruits. En effet, si cette lecture ne nous inspirait de pieuses dispositions, nous ne nous laverions pas les mains ; les femmes, qui ont la tête découverte, ne la couvriraient pas aussitôt de leur voile, en signe de recueillement intérieur ; les hommes, dont la tête est couverte, ne la découvriraient pas. Voyez-vous que la posture extérieure est un témoignage de la piété qu’on a dans le cœur ? Ensuite, assis pour écouter, on pousse des gémissements, on condamne sa vie passée.
Appliquons-nous donc, mon cher auditeur, à la lecture de l’Écriture sainte, du moins lisons avec soin les saints évangiles. A peine aurez-vous ouvert ce livre, que vous y verrez le nom de Jésus-Christ, et que vous l’entendrez parler : « Quant à la naissance de Jésus-Christ, elle arriva de cette sorte : « Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, se trouva