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HOMÉLIE LI.


LE DERNIER JOUR DE LA FÊTE, QUI ÉTAIT LE PLUS SOLENNEL, JÉSUS SE TENANT DEBOUT, DISAIT A HAUTE VOIX : SI QUELQU’UN A SOIF, QU’IL VIENNE A MOI, ET QU’IL BOIVE. – SI QUELQU’UN CROIT EN MOI, IL SORTIRA DES FLEUVES, D’EAU VIVE DE SON VENTRE, COMME DIT L’ÉCRITURE. (VERSET 37, 38, JUSQU’AU VERS. 44)

ANALYSE.

  • 1. Les auditeurs de la parole de Dieu en doivent avoir une soif ardente.
  • 2. Le Saint-Esprit avait déjà été donné aux saints de l’Ancien Testament ; mais les apôtres le reçurent avec une plus grande plénitude.
  • 3. Effets de la malice et de la méchanceté. – On se perd soi-même, en voulant perdre les autres. – Les Juifs ont voulu détruire la prédication de l’Évangile, et ils ont été eux-mêmes détruits et dispersés. Comment il faut se venger de ses ennemis : beau moyen de se venger. – Laisser, à Dieu notre vengeance comme nous voulons que nos domestiques nous laissent la leur. – On guérit le mal non par le mal, mais par le bien.


1. Il faut que ceux qui viennent entendre la parole de Dieu et qui y croient ; montrent autant d’ardeur pour elle qu’en ont pour l’eau ceux qui sont pressés d’une soif brûlante : il faut que leur âme soit embrasée de désir et d’amour. C’est ainsi que plus fidèlement et plus sûrement ils la pourront garder dans leur cœur. En effet, ceux qui ont bien soif, avalent avec une extrême avidité le verre d’eau qu’on leur présente, et par là ils étanchent leur soif. Ceux donc qui puisent aux sources de la divine parole, s’ils en sont altérés comme des gens qu’une ardente soif consumé, ne cesseront point de boire qu’ils n’aient tout avalé, tout épuisé. L’Écriture sainte le dit, qu’il faut toujours avoir soif, que toujours il faut avoir faim : « Bienheureux ceux », dit-elle, « qui sont affamés et altérés de la justice ». (Mt. 5,6) Et ici Jésus-Christ : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » ; c’est-à-dire, je ne contrains, je ne force personne à venir à moi ; mais si quelqu’un a bonne volonté, s’il a de la ferveur et une grande affection, c’est celui-là que j’appelle.
Mais pourquoi l’évangéliste marque-t-il ainsi « le dernier jour de la fête », qui était le plus solennel ? Car le premier et le dernier jour étaient les plus solennels, et ceux du milieu de l’octave se passaient en festins et en plaisirs. Pourquoi dit-il donc : « Le dernier jour ? » Parce que c’est en ce jour que tout le peuple accourait et s’assemblait. Jésus ne fut pas à la fête le premier jour, et il en dit la raison à ses frères. Il ne prêcha ni le second ; ni le troisième, pour ne prêcher pas inutilement, puisqu’en ces jours on s’abandonnait aux plaisirs et à la joie : Mais le dernier jour, auquel chacun se retirait chez soi, il leur donne le viatique du salut ; et il crie à haute voix, soit pour montrer qu’il parle en assurance et en toute liberté, soit pour faire connaître à toute cette assemblée qu’il avait parlé d’un breuvage spirituel ; et il ajoute : « Si quelqu’un croit en moi, comme dit l’Écriture, il sortira des fleuves d’eau vive de son ventre ». Jésus appelle ventre le cœur, de même que le Psalmiste dit : « Et votre loi est gravée au milieu de mon ventre ». (Ps. 39,11) Et où est ce que l’Écriture dit : « Il sortira des fleuves d’eau de son ventre ? » Nulle part. Que veut donc dire ceci : « Celui qui croit en moi, comme dit l’Écriture ? » Il faut ici ponctuer de manière qu’il ne paraisse que ces mots : « Il sortira des fleuves d’eau de son ventre », sont de Jésus-Christ même. Car comme plusieurs