qui il était, « qu’il était le Messie et le Fils de Dieu », mais qu’ils feignaient de ne le point savoir ; rien n’était plus propre à les piquer, à les enflammer de colère.
« Ils cherchaient donc les moyens de le prendre ; et » néanmoins « personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue (30) ». Remarquez-vous bien, mes frères, qu’une main invisible les retenait et qu’elle réprimait leur violence. Et pourquoi saint Jean n’a-t-il pas dit que leur fureur s’était apaisée, parce que Jésus-Christ les avait invisiblement retenus, mais seulement que son heure n’était pas encore venue ? L’évangéliste a voulu parler d’une manière humaine et plus simple, afin qu’on crût aussi à l’humanité de Jésus-Christ. En effet, comme partout il raconte de lui des choses grandes et élevées, c’est pour cette raison qu’il en mêle aussi de pareilles çà et là. Mais quand le Sauveur dit : « Je suis de lui », il ne parle pas comme un prophète qui l’est par grâce, il le dit parce qu’il voit le Père et qu’il est avec lui.
« Pour moi, je le connais », dit-il, « parce que je suis » né « de lui (29) ». Faites-vous bien attention, mes frères, qu’en toute occasion il prouve ce qu’il a déjà dit : « Je ne suis pas venu de moi-même » ; et : « Celui qui a m’a envoyé est véritable ? » C’est de peur qu’on ne le croie séparé de Dieu. Et remarquez en même temps l’utilité de ces paroles simples et grossières. En effet, après cela, continue l’évangéliste, plusieurs disaient : « Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en fait celui-ci (31) » Quels miracles ? Il y en avait trois : celui du vin, celui du paralytique, celui du fils de l’officier ; l’évangéliste n’en rapporte pas davantage : d’où l’on voit manifestement, comme je l’ai souvent fait remarquer, que les évangélistes ont omis bien des choses, et se bornent aux miracles, à propos desquels se déclara la malice des princes. Ils cherchaient donc les moyens de le prendre et de le faire mourir. Qui ? Ce n’est pas le peuple qui n’aspirait point au gouvernement et dont le cœur n’était pas empoisonné de l’envie, mais ce sont les prêtres. Car pour le peuple il disait : « Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles ? » Néanmoins, ce n’était point là une foi saine et irrépréhensible, mais une foi appropriée à l’intelligence d’une telle multitude. Dire : « Quand le Christ viendra », ce n’est point là parler comme des gens qui croient que celui-ci est le Christ. Ou il en faut convenir, ou attribuer ce propos à une intervention secourable du peuple, et dire que, lorsque les sénateurs et les princes des prêtres faisaient tous leurs efforts pour faire entendre que Jésus n’était point le Christ, le peuple dit : Supposons que cet homme ne soit point lé Christ, le Christ lui sera-t-il supérieur ? Comme je l’ai souvent dit : ce n’est ni la doctrine, ni les sermons, ce sont les miracles qui attirent la populace et là font accourir.
« Les pharisiens entendirent ces discours que le peuple tenait de lui, et les princes » des prêtres avec eux ; envoyèrent des archers pour le prendre (31) ». Ne le voyez-vous pas, mes frères, que la violation du sabbat n’était qu’un prétexte ? Voilà ce qui les irritait le plus : les discours du peuple. Car, à présent qu’ils n’ont rien à blâmer, ni dans ses paroles, ni dans ses œuvres, toutefois ils veulent s’emparer de lui à cause de ces propos de la foule. Et comme la crainte d’un soulèvement lés intimide et les retient, ils envoient des archers tenter l’expédition. Quelle violence ! quelle fureur ! ou plutôt, quelle infamie ! Souvent, ils avaient eux-mêmes essayé de le prendre, et comme ils ne l’avaient pu, ils en donnent la commission à des archers, pour assouvir, par un moyen quelconque, leur fureur et leur rage. Et cependant, Jésus avait été assez longtemps à discourir avec eux auprès de la piscine, sans qu’ils eussent fait la même tentative ; véritablement ils avaient cherché les moyens de le prendre, mais ils n’avaient point osé mettre la main sur lui. Maintenant qu’ils voient tout le peuple près d’accourir à Jésus-Christ, ils ne peuvent plus se posséder.
Que répond donc Jésus-Christ ? « Je suis encore avec vous un peu de temps (33) ». Il pouvait, d’une seule parole, dompter et épouvanter ces hommes, et, il leur fait une réponse des plus humbles ; c’est comme s’il leur disait : Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? pourquoi me persécutez-vous ? Attendez un peu, et sans que vous ayez besoin de faire tant d’efforts, ni d’user de violence, je me livrerai moi-même entre vos mains. Après quoi, de peur qu’on ne crût qu’en disant : « Je suis encore avec vous un peu de temps », il parlait de la, mort commune â tous, les hommes, comme, en effet, ils le pensèrent ; pour leur ôter cette opinion qu’après sa mort il n’agirait plus, il a ajouté : « Et vous ne pouvez venir
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