Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/342

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Jésus. « Et on faisait plusieurs discours de lui en secret parmi le peuple ». Au reste, je crois qu’ils étaient entrés en fureur à cause du lieu où avait été opéré le miracle, et qu’ils n’en étaient point tant irrités par indignation de l’œuvre qu’il avait faite ; que par crainte qu’il n’en fît d’autres semblables. Mais il arriva tout le contraire de ce qu’ils méditaient Malgré eux-mêmes, ils relevèrent sa gloire et le rendirent illustre ; car les uns disaient « C’est un homme de bien ; les autres disaient : Non, mais il séduit le peuple ». La première opinion, je la crois du peuple ; l’autre, des sénateurs et des prêtres. Car c’est à ces hommes méchants et jaloux qu’il appartenait de calomnier Jésus. Il séduit le peuple, disent-ils : En quoi, je vous prie ? Est-ce en feignant d’opérer des miracles qu’il ne fait point ? Mais vous savez le contraire par expérience. « Personne néanmoins n’osait en parler avec liberté, par la crainte qu’on avait des Juifs (13) ». Vous voyez partout que les grands, montrent un cœur corrompu, et que le peuple a de bons sentiments, mais manque du courage qui lui était si nécessaire.
« Or, vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple où il se, mit à enseigner (14) ». L’attente où ils avaient été les rendit plus attentifs à sa parole. Remarquez, en effet, avec quel empressement ceux qui, les premiers jours le cherchaient, et disaient : « Où est-il ? » s’approchent de lui, et l’écoutent parler, tant ceux qui disaient : c’est un homme de bien, que les autres qui disaient c’est un méchant homme. Mais les uns l’écoutaient pour profiter, de sa doctrine, l’admirer, et l’applaudit ; les autres, pour le surprendre dans ses paroles et l’arrêter. Au reste, cette accusation : « Il séduit le peuple », était fondée sur sa doctrine, car ils ne la comprenaient pas. Et ces mots : « C’est un homme de bien », sur ses miracles. Jésus-Christ ayant donc apaisé leur fureur, leur parla avec tant de fermeté et d’assurance, qu’ils écoutaient avec attention, la colère ne leur bouchant plus les oreilles. L’évangéliste ne nous apprend point ce qu’il enseigna, seulement il rapporte qu’il disait des choses admirables, qu’il les adoucit, et changea leurs dispositions, tant sa parole avait de vertu et d’efficace ! Ceux même qui disaient : « Il séduit le peuple », étant tout changés, s’étonnaient alors et l’admiraient, c’est pourquoi ils parlaient de lui en ces termes : « Comment cet homme sait-il les lettres, lui qui ne les a point étudiées (15) ? » Ne voyez-vous pas que, par ces paroles, l’évangéliste veut nous faire connaître que leur admiration était pleine de malignité ? Il ne dit pas qu’ils avaient admiré sa doctrine et reçu sa parole ; mais seulement qu’ils admiraient, c’est-à-dire qu’ils s’étonnaient, disant : « D’où lui vient cette science », quand ce doute aurait dû leur faire apercevoir qu’il n’y avait rien d’humain chez lui.
Mais, comme ils ne voulaient pas reconnaître cela ni le confesser, et qu’ils se bornaient au simple étonnement, voici ce que leur répond le divin Sauveur ; écoutez-le : « Ma doctrine n’est pas ma doctrine (16) ». Par là il répond encore à leur soupçon ; les renvoyant au Père ; pour leur fermer la bouche. « Si quelqu’un », dit-il, « veut faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra si ma, doctrine est de lui, ou si je parle de moi-même (17) ». C’est-à-dire, défaites-vous de votre méchanceté, chassez la colère, l’envie, et cette, haine que vous avez conçue contre moi sans raison, et alors rien ne vous empêchera de : connaître que ma parole est véritablement celle de Dieu : voilà ce qui maintenant couvre votre esprit de ténèbres, voilà ce qui pervertit votre jugement et né vous permet pas de voir, la Vérité : si vous ôtez ces obstacles vos soupçons et vos doutes tomberont, et disparaîtront. Mais Jésus ne leur parla point ainsi, pour ne leur pas faire un reproche trop dur et trop piquant ; cependant il leur insinue tout cela par ces paroles : « Celui qui fait, la volonté de Dieu, reconnaîtra si ma doctrine est de lui, ou si je parle de moi-même », c’est-à-dire, si j’enseigne une doctrine étrangère ou nouvelle, ou contraire à côté de Dieu. Car, en employant ce mot « de moi-même », Jésus-Christ veut toujours dire ceci ; Je ne dis rien de contraire à la volonté de Dieu : tout ce que veut le Père, je le veux aussi. « Si quelqu’un fait la volonté de Dieu, il reconnaîtra si ma doctrine »… Que signifié cela ? « Si quelqu’un fait la, volonté de Dieu ? » Si quelqu’un aime la vertu, il sentira bientôt la force de mes paroles. Si quel qu’un veut lire avec soin les prophéties, il connaîtra si ce que j’enseigne y est conforme ou non.
2. Comment sa doctrine peut-elle être sa doctrine, et ne l’être pas ? Car il n’a point dit : Cette doctrine n’est pas ma doctrine ; mais