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corrigent point. À quoi bon flatter de douces paroles ceux qui sont menacés d’un supplice effectif ? Vous louez ce danseur, vous l’applaudissez, vous l’admirez, donc vous êtes pire que lui. Lui, sa pauvreté semble l’excuser, si elle ne le justifie pas ; mais vous, vous ne pouvez pas même nous apporter cette excuse. Lui, si je l’interroge et lui dis : Pourquoi avez-vous laissé de côté les autres arts pour en exercer un qui est impur et exécrable, il me répondra : C’est parce que, moyennant un petit travail, je puis beaucoup gagner. Mais vous, si je vous demande pourquoi allez-vous applaudir un homme sans mœurs, qui vit pour la perte d’une infinité de gens ? vous ne pourrez pas avoir recours à une pareille excuse vous serez forcé de baisser les yeux, et vous rougirez malgré vous. Que si, même devant nous, vous êtes hors d’état de vous justifier, lorsque le terrible et redoutable Juge paraîtra assis à son tribunal, lorsqu’il nous faudra rendre compte, et de nos pensées et de nos actions, comment pourrons-nous subsister ? De quels yeux regarderons-nous notre juge ? Que dirons-nous ? Quelle défense apporterons-nous ? Quelle excuse bonne ou mauvaise aurons-nous à donner ? Dirons-nous que nous avons été au spectacle pour y faire de la dépense, pour le plaisir que nous y trouvions, pour la ruine de ceux que nous faisons périr par cet infâme métier ? Sûrement nous ne pourrons rien répondre, mais nous serons infailliblement condamnés à un supplice qui ne finira jamais, qui durera éternellement. Dès maintenant prenons garde de ne pas tomber dans ce malheur, afin que ; sortant de cette vie avec une bonne espérance, nous obtenions les biens éternels que je vous souhaite, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par lequel et avec lequel gloire soit au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XLIII.


LORSQUE LE SOIR FUT VENU, SES DISCIPLES DESCENDIRENT AU BORD DE LA MER ET MONTÈRENT SUR UNE BARQUE, POUR PASSER au-delà DE LA MER, VERS CAPHARNAÜM. IL ÉTAIT DÉJÀ NUIT QUE JÉSUS N’ÉTAIT PAS ENCORE VENU À EUX. – CEPENDANT LA MER COMMENÇAIT À S’ENFLER À CAUSE DU GRAND VENT QUI SOUFFLAIT. (VERS. 16, 17, 18, JUSQU’AU VERS. 26)

ANALYSE.

  • 1. Jésus traverse la mer sans barque et apaise une tempête. – Jésus faisait certains miracles, sans autres témoins que ses disciples.
  • 2. Inconstance et légèreté du peuple. – Miracle du passage de la mer Rouge, miracle de Jésus-Christ marchant sur la mer ; leur différence. – Dieu veut que nous lui rendions grâces des biens terrestres et des biens spirituels qu’il nous fait. – Ne demander à Dieu que les biens spirituels, comme les seuls nécessaires. – Quelles sont les choses que nous devons principalement demander au Seigneur. – Les pécheurs, les scélérats sont riches, pourquoi ? – Aimer des véritables richesses.


1. Ce n’est pas seulement quand Jésus-Christ est, de corps, auprès de ses disciples, qu’il s’occupe d’eux, c’est encore lorsqu’il est absent et même fort éloigné. Sa toute-puissance lui permet de produire des effets pareils dans les conjonctures les plus différentes. Remarquez, par exemple, ce qu’il fait ici : ayant laissé ses disciples, il gravit la montagne. Le Maître étant absent, les disciples, sur le tard, descendirent au bord de la mer et demeurèrent là