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persécuter l’Antéchrist. L’Antéchrist ne vous prêchera pas une doctrine semblable à la mienne ; il ne dira pas que : le Père l’a envoyé, ni qu’il vient de sa part et par son ordre. Mais, au contraire, il exercera un empire tyrannique, usurpant ce qui ne lui appartient pas, et s’annonçant comme le Dieu de tout l’univers, selon les paroles de saint Paul : « il s’élèvera au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est adoré, voulant lui-même passer pour Dieu ». (2Thes. 2,4) Car c’est là venir en son propre nom. Pour moi, je ne parle pas de même ; mais je déclare que je suis venu au nom de mon Père. Or, qu’après un tel aveu, qu’après avoir si manifestement déclaré qu’il était envoyé du Père, ils ne le reçussent pas, cette obstination suffisait seule pour faire voir à tout le monde qu’ils n’aimaient point Dieu. Et maintenant, par le contraste de l’accueil qu’ils devaient faire à l’Antéchrist, il met au jour leur impudente malignité. Car, puisqu’ils ne recevaient pas celui qui se déclarait envoyé de Dieu, et qu’ils devaient adorer celui qui ne connaîtrait point Dieu, mais qui se vanterait d’être le Dieu de tout l’univers, il était visible que leurs persécutions contre Jésus-Christ partaient de leur envie et de la haine contre Dieu. C’est pourquoi Jésus-Christ donne deux raisons de ce qu’il a dit ; d’abord, la meilleure : « Afin que vous soyez sauvés, afin que, vous ayez la vie » ; mais, sachant qu’ils riraient et se moqueraient de lui, il leur en expose une seconde, plus forte que celle-là, à savoir, que s’ils ne se soumettent pas et s’ils n’obéissent pas à sa parole, Dieu ne cessera point pour cela d’agir en toutes choses selon sa coutume.
2. Saint Paul, parlant prophétiquement de l’Antéchrist, dit : « Dieu leur enverra une opération d’erreur, afin que ceux qui, au lieu d’ajouter foi à la vérité, ont consenti à l’iniquité, soient tous condamnés ».(2Thes. 2,11-12) Le Sauveur ne dit pas que l’Antéchrist viendra ; mais « s’il vient », s’abaissant ainsi à la portée de ses auditeurs ; leur iniquité n’était pas encore arrivée à son comble ; c’est pourquoi il a tu la raison de cet avènement. Mais saint Paul l’a ouvertement déclarée polir ceux qui sont intelligents : c’est l’Antéchrist qui ôte aux Juifs toute excuse. Jésus-Christ découvre ensuite la cause de leur incrédulité, en disant : « Comment pouvez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? (44) » Par où il montre encore qu’ils n’avaient pas en vue les intérêts de Dieu, mais qu’ils couvraient de ce prétexte leurs propres passions. Ils étaient, en effet, si éloignés de faire ce qu’ils faisaient pour la gloire de Dieu, qu’ils recherchaient moins sa gloire que celle des hommes : Comment auraient-ils donc conçu un si grand zèle pour la gloire de Dieu, eux qui la méprisaient si fort ; qu’ils lui préféraient même la gloire humaine ? Puis, après avoir dit que les Juifs n’avaient point d’amour de Dieu, et le leur avoir prouvé par deux raisons : l’une, par ce qu’ils avaient fait contre lui ; l’autre, par ce qu’ils feraient pour l’Antéchrist, et leur avoir démontré clairement qu’ils étaient indignes de tout pardon, Jésus-Christ fait comparaître Moïse pour prononcer contre eux une nouvelle accusation.
« Ne pensez pas que ce soit moi qui vous doive accuser devant le Père : vous avez un accusateur, qui est Moïse, en qui vous espérez (45).
« Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce que c’est de moi qu’il a écrit (46).
« Que si vous ne croyez pas ce qu’il a écrit ; comment croirez-vous ce que je vous dis ? (47) ». C’est-à-dire, dans ce que vous faites contre moi, c’est Moïse que vous outragez avant moi : le refus que vous faites de croire atteint Moïse plus que moi-même. Vous voyez de quelle manière il les pousse jusque dans leurs retranchements ; et leur ôte tout moyen de justification. Lorsque vous me persécutiez, vous alléguiez l’amour que vous avez pour Dieu ? Or, j’ai fait voir que c’est la haine de Dieu qui vous a poussés à agir de la sorte. Vous m’accusez de ne point garder le sabbat et de violer la loi ? Je me sais justifié de cette accusation. Vous assurez que vous marquez votre fidélité à Moïse dans ce que vous avez la hardiesse de faire contre moi ? Et moi je montre que c’est là principalement en quoi vous désobéissez à Moïse. Et tant s’en faut que je m’oppose à la loi ; que vous n’aurez point d’autre accusateur que celui-là même qui vous a donné la loi. Comme donc, parlant des Écritures, Jésus-Christ disait : « Vous croyez y trouver la vie éternelle » ; maintenant de même, parlant de Moïse, il dit : « En qui vous espérez » : où l’on voit que le Sauveur les