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Si, dans les affaires terrestres de ce monde, nul ne fait de grands profits, lorsqu’il s’y applique mollement et légèrement, à plus forte raison en sera-t-il ainsi dans les choses spirituelles et célestes, parce que celles-ci requièrent et plus de soin et plus de vigilance. Voilà pourquoi Jésus-Christ, quand il renvoie les Juifs aux Écritures, ne les y renvoie pas pour en faire une simple lecture, mais pour les étudier avec soin et avec attention. Car il n’a point dit : lisez les Écritures, mais approfondissez les Écritures. Pour y découvrir le témoignage qu’elles rendent de lui, il fallait beaucoup chercher, beaucoup travailler. En effet, à l’égard des Juifs, ces témoignages étaient cachés sous des ombres et des figures. C’est pour cette raison que Jésus-Christ leur commande de fouiller et de creuser dans les Écritures, afin qu’ils puissent trouver ce qu’elles recèlent dans leur profondeur. Ces témoignages ne sont pas à la surface ni apparents, ils sont très-profondément cachés comme un trésor. Or, celui qui veut découvrir un trésor profondément enfoui, ne le trouvera jamais sans beaucoup de soin et de peine. Voilà pourquoi Jésus-Christ, après avoir dit : « Lisez avec soin les Écritures », a ajouté : « puisque vous croyez y trouver la vie éternelle ». Il n’a point dit : vous pouvez, mais, vous croyez y trouver. Par où il leur montre qu’ils ne feront pas un grand profit, tant qu’ils croiront pouvoir acquérir le salut par la seule lecture ; sans la foi. C’est comme s’il disait : N’admirez-vous pas les Écritures, ne les regardez-vous pas comme des sources de vie ? C’est sur elles maintenant que je me fonde moi-même, car ce sont elles qui rendent témoignage de moi ; mais vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie éternelle.
Jésus-Christ avait donc raison de dire : « Vous croyez » ; puisqu’ils ne voulaient pas écouter sa doctrine, et qu’ils tiraient vanité de la lecture simple qu’ils faisaient des Écritures. Ensuite, de peur qu’on ne le soupçonnât de vaine gloire, à cause du grand soin qu’il avait de se faire connaître, et qu’on ne pensât que, dans son désir d’inspirer la foi en lui, il avait en vue ses propres intérêts (car il avait cité le témoignage de Jean et celui de Dieu le Père, il avait fait mention de ses œuvres ; et il avait promis la vie éternelle, se servant de toutes ces choses pour les attirer et les gagner) comme, dis-je, il était croyable que plusieurs le soupçonneraient de rechercher la gloire, voici ce qu’il a ajouté, faites-y attention : « Je ne tire point ma gloire des hommes (41) » ; c’est-à-dire, je n’en ai point besoin ; je ne suis pas de nature à avoir besoin de la gloire qui vient des hommes. Si la lumière du soleil ne reçoit point d’accroissement de celle d’une lampe, moi, je dois avoir bien moins besoin de la gloire humaine. Mais si vous n’en avez point besoin, pourquoi avez-vous apporté ces témoignages ? « Afin que vous soyez sauvés ». Jésus-Christ l’avait déclaré ci-dessus, ici encore il l’indique par ces paroles : « Afin que vous ayez la vie éternelle ». Il apporte même une autre raison, que voici : « Mais je vous connais : je sais que vous n’avez point en vous l’amour de Dieu (42) ». Comme, sous prétexte de zèle et d’amour de Dieu, souvent ils le persécutaient, parce qu’il se prétendait égal à Dieu ; comme il savait aussi qu’ils ne croiraient point en lui, il a voulu les prévenir et les empêcher de dire : Pourquoi parlez-vous de la sorte ? Je le fais, leur dit-il, pour vous reprendre, parce que ce n’est pas l’amour de Dieu qui vous porte à me persécuter. Car Dieu rend témoignage de moi, et par les œuvres et par les Écritures. Si donc, dans la pensée que j’étais contraire à Dieu, auparavant vous me chassiez, vous me persécutiez, maintenant que je vous ai fait connaître la vérité, vous devriez vous empresser de venir à moi, pour peu que vous eussiez d’amour pour Dieu ; mais vous ne l’aimez pas véritablement. J’ai dit ces choses pour vous prouver que l’orgueil et la vanité vous animent, et que vous ne cherchez qu’à couvrir l’envie que vous me portez. Voilà ce que Jésus-Christ démontre, non seulement par ce qu’il vient de dire, mais encore par ce qu’il ajoute ensuite, car il dit : « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas : si un « autre vient en son propre nom, vous le recevrez (43) ». Vous voyez, mes frères, que si partout Jésus-Christ dit qu’il a été envoyé, qu’il a reçu du Père le pouvoir de juger, et qu’il ne peut rien faire de lui-même, c’est pour ôter tout prétexte à l’endurcissement des Juifs.
Mais de qui dit-il qu’il viendra en son propre nom ? De l’Antéchrist, et il démontre la malice et la méchanceté des Juifs par des preuves incontestables. Si c’est effectivement l’amour de Dieu qui vous porte à me persécuter, vous devrez donc, à plus forte raison,