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HOMÉLIE XXXVIII.


DEPUIS, JÉSUS TROUVA CET HOMME DANS LE TEMPLE, ET IL LUI DIT : VOUS VOYEZ QUE VOUS AVEZ ÉT1 GUÉRI, NE PÉCHEZ PLUS A L’AVENIR, DE PEUR QU’IL NE VOUS ARRIVE QUELQUE CHOSE DE PIRE. (VERS. 14, JUSQU’AU VERS. 21)

ANALYSE.

  • 1. Dieu châtie le corps pour les péchés de l’âme. – La plupart des maladies viennent du péché.
  • 2 et 3. Reconnaissance du paralytique. – Jésus se compare à Dieu son Père, et se déclare son égal.
  • 4. Cette parole : Le Fils ne peut rien faire de lui-même, marque la parfaite égalité et la parfaite union du Père et du Fils. – Contre l’ambition et la passion de s’élever sur les autres. – Fuir la vaine gloire, maux qu’elle produit : chercher la gloire qui vient de Dieu. – Gloire qui vient des hommes, gloire qui vient de Dieu ; leur différence.


1. Le péché est un grand mal, oui, un grand mal, et la perte de l’âme ; mais, de plus, il peut arriver que ce mal déborde jusque sur le corps. Comme, pour l’ordinaire, quand l’âme est malade, nous ne sentons aucune douleur, et, au contraire, si le corps est un peu incommodé, nous apportons tous nos soins pour le délivrer de son incommodité, Dieu pour cela même châtie le corps à cause des péchés de Pâme, afin de rendre la santé à la plus noble portion de l’homme par le châtiment de la moins noble. C’est ainsi que saint Paul corrigea l’incestueux de Corinthe (1Cor. 5,1 ss), il mortifia sa chair pour guérir son âme ; l’incision qu’il fit à son corps le guérit de son vice. En quoi il imita l’habite médecin qui, voyant que l’hydropisie ou le mal de rate ne cède point aux remèdes intérieurs, applique au-dehors et le fer et le feu. C’est ainsi qu’en usa Jésus-Christ à l’égard du paralytique, il le déclare lui-même, écoutez ce qu’il dit : « Vous voyez que vous avez été guéri, ne péchez plus à l’avenir, de peur qu’il ne vous arrive quelque chose de pire. Que nous apprend-il donc par là ? Premièrement, que c’est du péché qu’était venue sa maladie ; secondement, qu’il faut véritablement croire qu’il y a un enfer ; troisièmement, que le supplice de l’enfer est éternel.
Qu’ils paraissent donc ici ceux qui disent Dans l’espace d’une heure j’ai tué, en un instant j’ai commis un adultère. Quoi ! pour un péché si court, je souffrirai une éternité de peines ? Mais voilà un homme dont le péché n’a pas duré aussi longtemps que la punition et qui a passé presque tout le cours d’une vie humaine dans la peine de son péché. En effet, les péchés ne sont pas mesurés au temps, mais à la nature même des crimes. De plus, vous avez à remarquer que, quoique nous soyons sévèrement punis des premiers péchés, nous le serons encore avec beaucoup plus de rigueur dans la suite, si nous retombons à l’avenir dans les mêmes fautes, et cela est très-juste. Car celui que le châtiment ne corrige pas sera désormais plus rigoureusement puni, comme titi homme incorrigible et endurci. Car le premier châtiment aurait dû suffire pour le rendre meilleur et l’empêcher de retomber. Si cette première punition ne le rend ni plus modéré, ni plus sage, et qu’il ne craigne pas de commettre les mêmes fautes, il mérite le supplice, il se l’est lui-même attiré. Or si, même ici-bas, les péchés de rechutes sont plus sévèrement punis que les autres, quand ici nous n’en recevons aucun châtiment, n’avons-nous pas extrêmement à craindre et à trembler qu’en l’autre monde nous n’ayons à souffrir des tourments insupportables ?
Et pourquoi, direz-vous, tous ne sont-ils pas punis de même ? Nous voyons beaucoup de scélérats dont l’embonpoint annonce la bonne