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corrompt le corps, elle ruine l’âme ; elle rend l’homme laid et horrible à voir. Certes si un homme en colère voulait se regarder au miroir, il ne lui faudrait point d’autre avertissement : rien n’est plus affreux qu’un visage en colère. La colère est une espèce d’ivresse, ou plutôt elle est pire et plus misérable qu’un démon : mais être attentifs, à ne se pas répandre en clameurs, c’est la meilleure voie pour arriver à la vraie philosophie. Voilà pourquoi saint Paul commande de fuir non seulement la colère, mais encore les clameurs : « Que toute colère », dit-il, « et toute clameur soient bannies d’entre vous ». (Eph. 4,31)
Soyons donc soumis et, obéissants au grand Maître de toute philosophie, de toute sagesse ! Et lorsque nous nous sentons émus de colère contre nos serviteurs, pensons à nos péchés et rougissons de honte en voyant leur douceur et leur patience. Car quand vous chargez d’injures votre serviteur, et qu’il écoute vos injures patiemment et en silence, que vous faites une action honteuse, et que lui, il se conduit en vrai philosophe : c’est un avertissement qui devrait vous suffire. En effet, quoiqu’il ne soit qu’un valet, toutefois il est homme, doué d’une âme immortelle et honoré des mêmes dons que nous par notre commun Maître. Que si nous étant égal dans les plus grandes choses et dans les dons spirituels, il souffre patiemment vos outrages à cause de je ne sais quelle légère prérogative humaine, de quel pardon et de quelle excuse serons-nous dignes, nous, qui même par la crainte de Dieu ne pouvons, ou même ne voulons pas nous contenir, comme ce domestique le fait par la crainte qu’il a de nous ?
Réfléchissons donc en nous-mêmes sur toutes ces choses, pensons que nous sommes des pécheurs, et que nous participons tous à une même nature ; étudions-nous à parler avec douceur en toute occasion, afin qu’étant humbles de cœur, nous procurions à nos âmes le repos et la paix, et de la vie présente et de la vie future. Je prie Dieu de nous l’accorder à tous, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui, etc.

HOMÉLIE XXVII.


MAIS SI VOUS NE ME CROYEZ PAS LORSQUE JE VOUS PARLE DES CHOSES DE LA TERRE, COMMENT NE CROIREZ-VOUS QUAND JE VOUS PARLERAI DES CHOSES DU CIEL ? – PERSONNE N’EST MONTÉ AU CIEL, QUE CELUI QUI EST DESCENDU DU CIEL, SAVOIR, LE FILS DE L’HOMME QUI EST DANS LE CIEL. (VERSET 12, JUSQU’AU VERSET 16)

ANALYSE.

  • 1. Il ne faut pas chercher à comprendre par la raison la génération du Fils unique.
  • 2. Le serpent d’airain, figure de Jésus-Christ. – Combien Dieu a aimé le monde.
  • 3. Amour de bien : excès de sa bonté pour des pécheurs et des ingrats. – Dieu, pour nous sauver, n’a même pas épargné son Fils, et nous épargnons notre argent : mauvais usage qu’on fait des richesses. – Ce que Jésus-Christ a fait pour nous : notre ingratitude, notre dureté pour lui en la personne des pauvres. – Eussions-nous mille vies, nous devrions les répandre toutes pour Jésus-Christ. – Contre ceux qui, donnant tout à leur luxe, négligent et méprisent les pauvres.


1. Je l’ai souvent dit, je le répéterai maintenant encore, et je ne cesserai point de le dire : Qu’est-ce donc ? C’est que souvent Jésus-Christ, lorsqu’il veut parler de choses élevées et sublimes, s’abaisse à la portée de ses auditeurs, et ne se sert point de paroles dignes de