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HOMÉLIE XVIII.


LE LENDEMAIN JEAN ÉTAIT ENCORE LA AVEC DEUX DE SES DISCIPLES. – ET JETANT LA VUE SUR JÉSUS QUI MARCHAIT, IL DIT : VOILA L’AGNEAU DE DIEU. – CES DEUX DISCIPLES L’AYANT ENTENDU PARLER AINSI, SUIVIRENT JÉSUS. (VERS. 35, 36, 37)

ANALYSE.

  • 1. Pourquoi saint Jean-Baptiste répétait souvent les mêmes choses ? – Quelques catéchumènes différaient de recevoir le baptême jusqu’à l’extrémité.
  • 2. Les prophètes et les apôtres ont prêché Jésus-Christ absent, saint Jean-Baptiste l’a annoncé présent.
  • 3. et 4. Un passage de saint Chrysostome qui demande à être interprété avec précaution. – Préférer la doctrine de Jésus-Christ à toute autre chose. – Regarder toute sorte de temps comme propre et convenable. – Plus on donne de nourriture au corps, plus on l’affaiblit : plus on en donne à l’âme, plus on la fortifie. – Le dégoût des viandés est un signe de la maladie du corps le dégoût de la parole de Dieu, l’est de même de celle de l’âme. – Quelle est sa nourriture ? – Contre le théâtre et les spectacles.


1. L’homme est indolent et enclin à se perdre, non par la condition même de la nature, mais par une indolence volontaire. Voilà pourquoi elle a besoin de remontrances multipliées ; et c’est pour cela que saint Paul, écrivant aux Philippiens, disait : « Il ne m’est pas pénible, et il vous est avantageux que je vous écrive les mêmes choses ». (Phil. 3,1) Quand une fois la terre a reçu la semence, elle porte aussitôt du fruit et n’a pas besoin de nouvelles semailles ; mais il n’en est pas ainsi de notre âme : après y avoir souvent jeté la semence et l’avoir cultivée avec grand soin, on est trop heureux encore, si elle a reçu une seule fois la graine. En effet, ce qu’on dit ne s’imprime pas tout d’abord dans l’esprit, parce que le sol est très-dur, encombré d’épines, et que l’âme est entourée d’une multitude d’ennemis qui ne cherchent qu’à lui tendre des pièges et à arracher la semence. En second lieu, après que la semence est entrée et a jeté des racines, il faut les mêmes soins pour que la tige se fortifie, qu’elle croisse et porte son fruit et que rien ne l’en empêche. A l’égard des semences, on peut dire que l’épi une fois formé et parvenu à toute sa vigueur, n’a plus de peine à braver la nielle, la sécheresse, ni les autres dangers ; mais à l’égard de la doctrine, il n’en est pas de même : même après que l’œuvre est achevée, un orage qui survient, des difficultés, des troubles qui naissent, les embûches des méchants, une foule de tentations peuvent renverser tout l’édifice.
Ce n’est pas sans raison que nous disons tout ceci ; mais, comme Jean-Baptiste répète les mêmes choses, c’est afin que vous ne le preniez pas pour un conteur importun. Il aurait bien voulu qu’il lui eût suffi de parler une fois pour se faire entendre ; mais, s’apercevant que l’assoupissement où étaient plongés la plupart de ses auditeurs, les empêchait de comprendre sur-le-champ ce qu’il leur enseignait, il les réveille par ces répétitions ; mais vous-mêmes, soyez attentifs, Jean-Baptiste a dit : « Celui qui vient après moi est avant moi ». Et : « Je ne suis point digne moi-même de dénouer les cordons de ses souliers », et : « C’est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu » ; et qu’il « a vu le Saint-Esprit descendre comme une colombe et demeurer sur lui, et il a rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu ». (Mt. 3,11). Et personne n’y a fait attention, nul ne l’a interrogé ou lui a dit : Pourquoi dites-vous ceci, à quel sujet, pour quelle raison ?
Il a dit encore : « Voilà l’agneau de Dieu,