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qui aurez tant contribué à égarer ceux qui sont dans les ténèbres ? Je voudrais, si vous en aviez le loisir, vous apporter et vous lire ici un écrit qu’a composé contre nous un exécrable philosophe païen, et aussi celui d’un autre beaucoup plus ancien, afin de vous réveiller par cette lecture, et de chasser votre extrême paresse. Quand ces philosophes ont passé tant de nuits sans dormir pour nous attaquer, quel pardon pouvons-nous espérer si nous ne savons pas même repousser les traits qu’ils ont lancés contre nous ? Pourquoi Dieu nous a-t-il créés et mis au monde ? N’entendez-vous pas l’apôtre qui vous dit : « Soyez toujours prêts à répondre pour votre défense à tous ceux qui vous demanderont raison de l’espérance que vous avez ». (1Pi. 3,15) Saint Paul aussi vous donne le même avertissement : « Que la parole de Jésus-Christ », dit-il, « demeure en vous avec plénitude ». (Col. 3,16) A cela que répondent ces étourdis, ces insensés ? Soit bénie toute âme simple, et « celui qui marche simplement marche en assurance ». (Prov. 10,9) Ils appliquent mal les passages de l’Écriture : et voilà la cause de tous les maux, que bien des gens ne sachent point les employer à propos. Par exemple, à l’endroit cité, l’Écriture ne parle point d’un homme insensé, ni de l’ignorant, mais de celui qui n’est ni méchant ni artificieux : du sage. S’il fallait entendre ce passage selon l’application qu’ils en font, ce serait en vain qu’il est dit : « Soyez prudents comme des serpents et simples comme des colombes ». (Mt. 10,16) Mais pourquoi nous arrêter davantage à des choses dont vous ne ferez aucun profit ? Aux reproches que nous vous avons déjà faits, nous en pourrions ajouter bien d’autres encore sur vos mœurs et sur la conduite de votre vie. Car de quelque côté qu’on nous envisage, on ne voit en nous que misères et sujets de risée ; toujours prêts à reprendre les autres, nous sommes des lâches et des paresseux quand il s’agit de nous corriger des imperfections qu’on relève en nous. C’est pourquoi, je vous en conjure, rentrons en nous-mêmes et ne nous bornons pas à censurer ; cela ne nous suffirait pas pour apaiser la colère de Dieu et nous le rendre propice ; mais attachons-nous à nous perfectionner en toutes choses, afin qu’après avoir vécu en vue de la gloire de Dieu, nous jouissions de la gloire future ; puissions-nous tous l’obtenir, par 1a grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soit la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.