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HOMÉLIE XVII.


CECI SE PASSA À BÉTHANIE, au-delà DU JOURDAIN, OU JEAN BAPTISAIT. – LE LENDEMAIN JEAN VIT JÉSUS QUI VENAIT A LUI, ET IL DIT : VOICI L’AGNEAU DE DIEU, VOICI CELUI QUI ÔTE LE PÉCHÉ DU MONDE. VERS. 28, 29, JUSQU’AU VERS. 35

ANALYSE.

  • 1. Je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers ; voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde ; ces paroles de Jean-Baptiste sont d’admirables témoignages rendus à la grandeur de Jésus-Christ.
  • 2. Jésus-Christ n’avait besoin d’aucun baptême.
  • 3 et 4. On a faussement avancé que Jésus-Christ avait fait des miracles dans son enfance.— Pourquoi les Juifs n’ont point cru en Jésus-Christ, ayant ouï la prédication de saint Jean-Baptiste, et vu tant de prodiges et de miracles. – Quoiqu’il y ait eu des visions sous des figures sensibles, tous cependant ne les ont pas vues. – Si l’on ne voit pas que saint Jean-Baptiste ait rendu en témoignage à Jésus-Christ, qu’il était le Fils de Dieu, c’est que tout n’est pas écrit. – Fidélité des évangélistes. – Contre les Gentils du temps de saint Chrysostome. – On trouve des défenseurs du théâtre, on n’en trouve point de la vérité et de la religion. – Écrits des philosophes contre les chrétiens du temps du saint Docteur.


1. C’est un grand bien de parler hardiment et avec une entière liberté ; de mépriser tout, quand il s’agit de confesser Jésus-Christ : ce bien est si grand et si admirable, que le Fils unique de Dieu fera lui-même l’éloge de celui qui l’aura ainsi confessé devant les hommes. Et certes, il n’y a point de proportion dans la récompense. Vous le confessez et le reconnaissez sur la terre, et lui vous reconnaîtra dans le ciel (Mt. 10,32) : vous le reconnaissez devant les hommes, et lui vous reconnaîtra devant son Père et devant tous les anges. Tel était Jean-Baptiste : il ne regardait ni à la multitude, ni à la gloire, ni à quoi que ce soit ; mais toutes ces choses, il les foulait aux pieds, et, avec cette liberté qui convenait à son ministère, il prêchait Jésus-Christ devant tout le mondé. Car, si l’évangéliste marque le lieu où Jean prêchait, c’est pour montrer la liberté avec laquelle ce héraut faisait tonner et retentir sa voix. Ce n’est point dans sa maison, ni dans un coin reculé, ni dans le fond d’un désert, mais c’est sur les bords du Jourdain, au milieu d’une multitude d’hommes, et en présence de tous ceux qu’il baptisait ; car les Juifs y étaient : c’est là, dis-je, qu’il fit cette admirable confession, pleine d’une très-grande, très-profonde et très-sublime doctrine, par où il déclara qu’il n’était Pas digne lui-même de dénouer les cordons des souliers de Jésus-Christ !
Mais comment l’évangéliste marque-t-il le lieu ? par ces paroles : « Ceci se passa à Béthanie ». Sur quoi il est à observer que les meilleurs textes portent à Béthabara. Car Béthanie n’est pas au-delà du Jourdain, ni dans le désert, mais proche de Jérusalem.
Saint Jean marque aussi le lieu pour d’autres raisons. Comme il avait à raconter des choses qui n’étaient point anciennes, mais qui s’étaient tout récemment passées, il en prend à témoin ceux qui s’y étaient trouvés présents et qui les avaient vues. Étant bien sûr qu’il n’ajoutait rien à la vérité, et qu’il rapportait véritablement et simplement les choses comme elles s’étaient passées, il tire sa preuve du lieu qui ne pouvait point être, comme j’ai dit, une faible démonstration de la vérité.
« Le lendemain Jean vit Jésus qui venait à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Les évangélistes se sont partagés les temps. Saint Matthieu passant légèrement sur le temps qui a précédé l’emprisonnement de Jean-Baptiste, se hâte de venir à ce qui s’est fait après : Saint Jean l’évangéliste, non seulement ne passe pas en peu de mots sur ces faits, mais il y insiste particulièrement.