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« Car nul », dit l’Écriture, « ne hait sa propre chair, mais il la nourrit et l’entretient ». (Eph. 5,29)
C’est pour cette raison que Dieu nous a donné ce monde pour seule maison, qu’il nous a partagé toutes choses avec égalité ; qu’il a créé un seul soleil pour éclairer tout le monde ; qu’il a étendu le ciel comme une seule tente (Ps. 103,3), préparé une seule table, qui est la terre ; il a aussi préparé une autre table, beaucoup plus excellente que celle-là ; mais celle-ci encore est unique, comme le savent ceux qui participent à nos saints mystères ; il nous a octroyé à tous la même régénération spirituelle. Nous n’avons tous qu’une même patrie qui est dans le ciel : nous buvons tous un même breuvage. Point d’avantage pour le riche, point de désavantage ni d’infériorité pour le pauvre : le Seigneur a également appelé tous les hommes, et il leur a également distribué les biens charnels et les biens spirituels. D’où vient donc une si grande inégalité dans la vie ? c’est de l’avarice et de l’insolence des riches.
Mais je vous en conjure, mes frères, ne vous conduisez plus de même à l’avenir ; unis et liés tous ensemble par la communauté que Dieu a établie, et par le don qu’il nous a fait de tout ce qui nous est le plus nécessaire que les biens terrestres et périssables ne divisent pas nos cours : que les richesses et la pauvreté, la parenté charnelle, la haine, l’amitié ne puissent rompre notre union. Toutes ces choses ne sont qu’une ombre, et moins qu’une ombre pour ceux que la charité de Dieu a unis. Conservons ce lien dans sa force et sols intégrité, et nous fermerons par là tout accès aux esprits malins qui pourraient ébranler cette solide union, que je vous souhaite à tous, mes frères, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui soit, la gloire au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XVI.


OR, VOICI LE TÉMOIGNAGE QUE RENDIT JEAN, LORSQUE LES JUIFS ENVOYÈRENT DE JÉRUSALEM DES PRÊTRES ET DES LÉVITES POUR LUI DEMANDER : QUI ÊTES-VOUS ? (CHAP. 1, VERS. 19, JUSQU’AU VERS. 28)

ANALYSE.

  • 1. Comment la malignité des Juifs se déclare dans les questions qu’ils adressent à saint Jean-Baptiste.
  • 2. Comment ce fidèle précurseur renvoie à Jésus-Christ la gloire que ces mêmes juifs veulent lui attribuer à lui-même – Grande opinion qu’avaient les Juifs de saint Jean-Baptiste. – Leur incrédulité à l’égard de Jésus-Christ est sans excuse et indigne de pardon. – Humilité de saint Jean-Baptiste. – Contre les Anoméens. – L’orgueil renverse toute la vertu de l’âme, et corrompt toutes les bonnes œuvres : il est le père du diable, le principe, la source et la cause de tous les péchés. – De l’aumône. – Les pauvres transportent dans le ciel les biens de ce monde, et les riches qui les leur confient.


1. L’envie, mes chers frères, est une chose terrible et funeste ; oui, mais aux envieux et non à ceux à qui on porte envie. Elle nuit aux premiers, elle les infecte, insinuant en quelque sorte un poison mortel dans leur âme ; que si elle fait du tort à ceux qu’elle attaque, ce tort est léger et nullement considérable, et le profit qui en revient surpasse le dommage. Et non seulement il en est ainsi de l’envie, mais encore de tous les autres vices ; et le dommage qu’ils causent retombe, non sur celui qui souffre, mais sur celui qui fait le mal. S’il n’en était pas ainsi, saint Paul n’aurait pas ordonné à ses disciples de plutôt souffrir