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HOMÉLIE X.

IL EST VENU CHEZ SOI, ET LES SIENS NE L’ONT POINT REÇU. (JUSQU’AU VERSET, 14)

ANALYSE.

  • 1. Dieu ne force et ne ; contraint point notre libre arbitre.
  • 2. Ce que signifie cette parole : Il est venu. – Que ceux qui n’ont pas voulu recevoir Jésus-Christ sont assez punis par le fait et par les suites de ce refus. – Effets du baptême.
  • 3. Qu’il dépend de nous de conserver la pureté de notre baptême. – Peines et châtiments de ceux qui souillent la robe qu’ils ont reçue dans le baptême. – La foi et la pureté de la vie nécessaires au salut. – De quelle robe doivent se revêtir ceux qui sont appelés aux noces royales.


1. Dieu, qui est clément, libéral et magnifique dans ses dons, Dieu, mes chers frères, n’oublie et n’omet rien de ce qu’il faut pour que nous brillions par l’éclat de nos vertus, parce qu’il veut que nous nous rendions dignes de son approbation ; et ce n’est point par force ou par contrainte qu’il veut que nous allions à lui ; mais il invite, il attire par les bienfaits tous ceux qui veulent se laisser persuader. Voilà pourquoi, à sa venue, les uns l’ont reçu, les autres, repoussé : c’est qu’il ne veut point de serviteur qui le serve malgré soi, ou forcément ; mais il veut que tous viennent à lui librement et volontairement, et qu’ils lui rendent des actions de grâces de cette sorte de servitude.
Les hommes ont besoin de l’aide des serviteurs, voilà pourquoi ils les soumettent malgré eux à la loi de l’obéissance ; mais Dieu n’ayant besoin de personne (Act. 17,25), n’étant nullement sujet aux nécessités qui pèsent sur nous, et ne faisant rien que pour notre salut, laisse tout à notre libre arbitre et à notre volonté ; c’est pourquoi il ne force et ne contraint personne, et dans tout ce qu’il fait il n’a en vue que notre utilité. En effet, servir Dieu forcément et malgré soi, ce serait la même chose que de ne le point servir du tout.
Pourquoi donc, direz-vous, punit-il ceux qui ne veulent point lui obéir ? Et pourquoi a-t-il menacé de l’enfer ceux qui ne gardent pas ses commandements ? c’est parce qu’étant bon, il prend un grand soin de nous, quoique nous ne lui soyons pas obéissants, et qu’il ne s’éloigne et ne se retire pas de nous, lors même que nous nous dérobons et que nous fuyons. Or, comme nous n’avons pas voulu entrer par cette première voie des dons et des grâces, ni nous rendre à la persuasion et aux bienfaits, il en a pris une autre, et c’est celle des supplices et des tourments, qui véritablement est très-rigoureuse, mais toutefois nécessaire. Car la première ayant été méprisée, la seconde est devenue absolument indispensable.
En effet, les législateurs établissent contre les coupables des peines nombreuses et sévères, et cependant nous ne les haïssons pas ; nous ne faisons que les en honorer davantage, car sans rien exiger de nous, et souvent même sans connaître ceux que protégeraient leurs lois, ils ont veillé et pourvu à notre sûreté et au bon ordre de la république, soit en comblant d’honneurs les gens de bien et les élevant aux dignités, soit en réprimant et punissant les malfaiteurs qui troublent le repos public. Que si, dis-je, nous les admirons et nous les aimons, ne devons-nous pas beaucoup plus admirer et aimer Dieu, qui a un si grand soin des hommes ? car il y a une différence extrême et infinie entre leurs soins et la providence que Dieu a pour nous : certes, les richesses de sa bonté sont ineffables, et surpassent tout ce qu’on en pourrait dire.