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sont sortis de différente racine, ou ne sont pas de même substance, vous pourriez avoir raison de parler de la sorte : mais si nous sommes bien éloignés de cette impiété, si nous disons que le Père est sans commencement, et n’a point été engendré, et que le Fils est véritablement sans commencement, mais qu’il est engendré du Père, en quoi cette idée conduit-elle nécessairement au langage impie que vous tenez ? Car le Fils est la splendeur ! or, la splendeur est comprise et renfermée dans la même nature dont elle est la splendeur. C’est pour cette raison que saint Paul, afin que vous n’alliez pas vous figurer qu’il y a un milieu entre le Père et le Fils, l’a ainsi appelé. C’est là, en effet, ce qu’exprime le nom de splendeur.
L’apôtre, après cet exemple, redresse les pensées absurdes qui pouvaient naître de là dans l’esprit des insensés. Que ce nom de splendeur, dit-il, que vous venez d’entendre, ne vous – donne pas lieu de croire que le Fils n’ait pas sa propre hypostase, c’est là un sentiment impie, une folie qu’il faut laisser aux sabelliens et aux marcelliens : mais nous, nous sommes bien éloignés de cette doctrine nous enseignons que le Fils existe dans sa propre hypostase : voilà pourquoi saint Paul, au nom de splendeur, joint celui de « caractère de sa substance » (Héb. 1,3) ; par où il marque qu’il a sa propre hypostase, et montre que sa substance est la même que celle dont il est le caractère. Un nom seul, comme je l’ai déjà dit, n’est pas suffisant pour apprendre aux hommes ce qu’ils doivent croire au sujet de Dieu. Il faut se tenir pour content si, après en avoir joint plusieurs ensemble, on sait tirer ensuite de chacun ce qui convient véritablement à la Divinité. C’est de tette manière que nous pourrons dignement glorifier Dieu ; je dis dignement, c’est-à-dire, autant qu’il est en nous et que nous en sommes capables.
Que s’il est quelqu’un qui ose croire qu’il peut dignement parler de Dieu, et assurer qu’il le connaît comme on se connaît soi-même, personne assurément ne le connaît moins. Instruits de ces vérités, soyons soigneux de bien retenir ce que nous ont appris du Verbe ceux qui, dès le commencement, l’ont vu de leurs propres yeux, et en ont été les ministres ; et n’ayons pas la curiosité de chercher à en savoir davantage. Cette maladie cause deux grands maux dans celui qui en est infecté l’un, qu’il se tourmente vainement à chercher ce qu’il ne peut trouver ; l’autre, qu’il irrite la colère de Dieu, en s’efforçant de renverser les bornes qu’il a mises lui-même. Mais jusqu’à quel point cela excite sa colère, c’est ce qu’il n’est pas nécessaire de vous dire, puisque vous le savez tous.
C’est pourquoi, rejetons et fuyons la témérité et l’arrogance des hérétiques. Écoutons la parole de Dieu avec crainte et avec tremblement, afin qu’il nous protège incessamment ; car il dit : « Sur qui jetterai-je les yeux, sinon sur celui qui est doux et humble et paisible, et qui écoute mes paroles avec tremblement ? » (Ps. 66,2) Rejetant donc cette vaine curiosité, brisons nos cœurs, pleurons nos péchés, ainsi que Jésus-Christ nous le commande : soyons touchés de componction au souvenir de nos crimes, et repassons exactement dans notre esprit toutes les fautes que nous avons commises jusqu’à présent : appliquons tous nos soins et toutes nos forces à nous en laver entièrement. Car Dieu nous a donné pour cela bien des voies et des moyens. « Déclarez le premier », nous dit-il, « vos iniquités, afin que vous soyez justifié ». (Is. 43,26, Sept) Et encore : « J’ai dit : Je confesserai au Seigneur contre moi-même mon injustice, et vous m’avez » aussitôt « remis l’impiété de mon cœur ». (Ps. 31,6, Sept) Repasser souvent ses péchés dans sa mémoire, et s’en accuser, c’est ce qui ne sert pas peu à en diminuer le poids et l’énormité.
Mais voici un second moyen de laver ses péchés encore plus efficace : Ne vous mettez point en colère contre celui qui vous a offensé ; pardonnez à tous ceux qui ont commis des fautes contre vous. En voulez-vous apprendre un troisième ? Daniel va vous le donner, écoutez-le : « C’est pourquoi rachetez vos péchés par les aumônes, et vos iniquités par les œuvres de miséricorde envers les pauvres ». (Dan. 4,24) Il y en a encore un autre : c’est l’oraison fréquente, et la persévérance dans les prières qu’on fait à Dieu. Le jeûne également, s’il est joint à la douceur et à la charité envers le prochain, n’est pas d’une légère consolation, il contribue à la rémission des péchés, il éteint le feu de la colère de Dieu : « Car l’eau éteint le feu, lorsqu’il est le plus ardent, et l’aumône lave les péchés ». (Sir. 3,28) Marchons donc dans toutes ces voies : si