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partout et voit tout, c’est encourir les derniers supplices.
C’est pourquoi, je vous en conjure, mes chers frères, vivons en ce monde dans une grande paix, et travaillons à nous rendre purs et irréprochables : nous avons un Roi qui a continuellement les veux attentifs sur tout ce que nous faisons. Afin donc que cette lumière nous illumine toujours, attirons ses rayons sur nous. De cette sorte nous jouirons et des biens présents et des biens futurs, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui gloire soit au Père et au Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VI.

UN HOMME A ÉTÉ ENVOYÉ DE DIEU, QUI S’APPELAIT JEAN. (JUSQU’AU VERSET 9)

ANALYSE.

  • 1. De quelle manière Jésus-Christ reçoit témoignage de saint Jean. – La saine doctrine ne sert de rien sans les bonnes œuvres.


1. L’évangéliste, après avoir dit dans son exorde ce qu’il y a de plus important et de plus nécessaire à connaître du Verbe-Dieu, suivant l’ordre et la suite de son sujet, nous va maintenant parler du précurseur qui devait annoncer le Verbe, et qui s’appelait Jean comme lui. Pour vous, lorsque vous entendez que Jean est un homme qui a été envoyé de Dieu, cessez de croire qu’il y ait eu rien d’humain dans ses paroles ; ce n’est point sa doctrine, qu’il nous a enseignée, mais celle de Celui qui l’envoya. Voilà pourquoi il est appelé ange : or, le devoir d’un ange ou d’un ambassadeur est de se Borner à répéter ce qu’on lui a dit. Ce mot : « il a été » ne signifie pas ici le passage du non-être à l’être, ou à l’existence, mais la mission même. Cette parole : « il a été envoyé de Dieu » ne signifie autre chose sinon qu’il était ambassadeur de Dieu.
Comment donc les hérétiques peuvent-ils soutenir que le passage qui dit : « Qui ayant a la forme et la nature de Dieu » (Phil. 2,6), ne prouve pas que le Fils est égal au Père, pour cela seul que le mot θεοῦς, « de Dieu », n’est, pas précédé de l’article τοῦ? Car voici encore un endroit[1] sans article. Diront-ils que ce n’est pas du Père qu’il y est parlé ? mais que répondront-ils encore sur ces paroles du prophète : « J’envoie devant vous mon ange qui vous préparera la voie ? » (Mal. 3,1 ; Mt. 11,10) Ces paroles : « moi » et « vous » signifient deux personnes.
« Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière (7) ». Quoi ! dira peut-être quelqu’un, le serviteur rend témoignage à son Maître ? mais lorsque vous verrez le Maître, non seulement recevoir le témoignage de son serviteur, mais encore venir à lui, et se faire baptiser par lui avec les Juifs, ne serez-vous donc pas dans un plus grand étonnement et dans un plus grand doute ? Mais il ne faut pas vous étonner, ou vous troubler ; vous devez plutôt admirer l’ineffable bonté de ce Maître. Que si quelqu’un demeure saisi de vertige et de trouble, Jésus-Christ lui dira ce qu’il répondit à Jean : « Laissez-moi faire pour cette

  1. On voit bien que le saint Docteur parle du verset qu’il explique : « Un homme a été envoyé de Dieu », où dans le texte le mot θεοὺ n’est point précédé de l’article τοὺ, quoiqu’il soit visible que c’est de Dieu le Père que parle l’évangéliste.