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HOMÉLIE V.

TOUTES CHOSES ONT ÉTÉ FAITES PAR LUI, ET SANS LUI RIEN N’A ÉTÉ FAIT DE CE QUI A ÉTÉ FAIT. (VERSET 3, JUSQU’AU VERSET 6)

ANALYSE.

  • 1. Comment certains hérétiques altéraient le sens du 3e verset du 1er chapitre de l’Évangile selon saint Jean par un changement de ponctuation.
  • 2. Conséquences absurdes auxquelles conduit le sens admis par les hérétiques.— Que le Saint-Esprit n’a pas été fait.
  • 3. Le Fils de Dieu est égal à son Père.— Fécondité inépuisable du Créateur.— Dieu n’est pas un être composé.
  • 4. Que les pécheurs ne diffèrent point des gens ivres et furieux.— Il faudrait mieux aller et se montrer nu dans les rues, que couvert et chargé de péchés.


1. Moïse commence l’histoire de l’Ancien Testament par ce qui est sensible à nos yeux, et en fait une description fort étendue. Il dit : « Au commencement Dieu a fait le ciel et la terre » (Gen. 1,1) ; il ajoute : Il a fait la lumière, le firmament, les étoiles, et des animaux de toutes sortes d’espèces : car il serait trop long de nommer tout en particulier.
Mais notre évangéliste renferme tout en un seul mot : et ces choses, et toutes celles qui sont au-dessus d’elles. Et certes, c’est avec justice et avec raison : Premièrement, toutes ces choses sont connues des auditeurs ; et en second lieu, il se hâte d’entrer dans un sujet plus grand et plus élevé. Ainsi il commence sa narration, non par les ouvrages, ou par les créatures, mais par leur auteur et leur Créateur. C’est pourquoi Moïse, n’ayant entrepris de traiter que la moindre partie de la création, puisqu’il n’a point parlé des puissances invisibles, s’arrête uniquement à ce point : mais Jean qui tout à coup veut s’élever jusqu’au Créateur, passe légèrement et en courant sur toutes ces choses, et renferme tout ce qu’a dit Moïse et ce qu’il a omis, dans ce peu de paroles : « Tout a été fait par lui ». Et de peur que vous ne croyiez qu’il n’a en vue que ce dont le législateur a déjà fait mention, il ajoute : « Rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui », c’est-à-dire, rien de ce qui peut tomber sous les sens, ou de ce qui est invisible et purement intellectuel, n’a été fait que par la vertu, et par la puissance du Fils.
Nous ne mettrons pas un point après ces mots : « Rien n’a été fait », comme font les hérétiques, qui, voulant que le Saint-Esprit ait été créé, lisent ainsi : « Ce qui a été fait était vie dans lui ». C’est rendre ces paroles inintelligibles. Car premièrement, il n’était pas à propos de parler du Saint-Esprit en cet endroit ; et en second lieu, si l’évangéliste avait voulu l’indiquer, pourquoi se serait-il expliqué si obscurément ? Où est la preuve que ce soit du Saint-Esprit qu’il ait dit ces paroles ? mais encore, selon leur manière même de ponctuer, nous trouverons que ce n’est pas le Saint-Esprit qui a été fait, mais que c’est le Fils qui s’est fait lui-même.
Soyez donc attentifs, afin de bien retenir le texte, et nous, lisons cependant le passage selon leur manière de le ponctuer ; l’absurdité qui en résulte sera plus visible et plus manifeste : « Ce qui a été fait était vie dans lui ». Sur quoi ils disent que le mot : « Vie » signifie le Saint-Esprit. Mais il se rencontre ici, que la vie est aussi appelée lumière : car l’évangéliste ajoute : « Et la vie était la lumière des hommes ». Donc, selon eux, saint Jean dit ici que le Saint-Esprit est la lumière des hommes : mais que diront-ils sur ce qui suit ? Saint Jean