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sans en rien excepter, et que, non content de la protéger dans son ensemble, il étend ses soins prévoyants à chacune de ses maisons. Pour nous nous n’avions pas besoin de cela pour le connaître, mais il a profité de cette occasion pour faire éclater sa force aux yeux de ses ennemis. Sous le règne d’Ézéchias les peuples étrangers s’étaient abattus autour de Jérusalem comme un nuage, et l’avaient enfermée comme dans un filet, ils se retirèrent après avoir perdu la plus grande partie de leurs soldats. Bien des fois encore d’autres peuples marchèrent contre elle, qui durent s’éloigner couverts de confusion. Tous ces succès, dit le Psalmiste, on les doit à la Providence divine, et Jérusalem lui doit son éclat. Et sa grandeur ne lui vient pas seulement de son éclat, mais encore de la façon dont elle a conquis cet éclat. « Voici que les rois de la terre se sont assemblés, et ont conspiré unanimement contre elle ; » un autre dit : « Voici que les rois se sont mis en ordre de bataille. Mais l’ayant vu, ils ont été tout étonnés, tout remplis de trouble, et d’une émotion extraordinaire (6) : le tremblement les a saisis ; ils ont ressenti alors les douleurs que sent la femme qui est en travail d’enfant (7), dans le souffle d’un vent impétueux (8). » Un autre dit, « par un vent impétueux ; » un autre, « par une fièvre ardente. Tu briseras les vaisseaux de « Tharsis. » Un autre, « tu broieras. » Dans le texte hébreu on lit « Tharsis. » Dans ce passage le Psalmiste nous explique que c’était une guerre redoutable, une vaste coalition, et que la victoire n’en fut que plus brillante. Car après nous avoir dit que Dieu défend Jérusalem et qu’il la couvre de sa puissante protection, il nous montre ensuite comment il s’y prit pour la défendre. Des milliers de peuples étaient accourus (c’est ce qu’il nous fait comprendre en nous parlant du grand nombre de leurs rois), et ce n’était pas une simple incursion, ils s’étaient coalisés et avaient uni leurs troupes : mais ils rencontrèrent des obstacles si extraordinaires qu’ils se retirèrent frappés d’étonnement : Telle fut l’issue de cette guerre ils battirent en retraite, pleins de stupeur et d’effroi. Profondément troublés ils s’enfuirent tout tremblants, devant un petit nombre d’ennemis, eux si nombreux, devant quelques bataillons disséminés ; eux qui avaient uni leurs armées, et ils ne se sentaient pas plus d’énergie qu’une femme qui est en travail d’enfant. Ce qui prouve bien qu’une intervention surhumaine avait conduit cette guerre, que c’était Dieu qui avait dirigé les armées, qu’il avait non seulement abattu l’orgueil des ennemis, mais aussi troublé leur esprit, et mis dans leur âme les douleurs que ressent la femme dans l’enfantement, et frappé leur cœur d’une indicible épouvante. Il arriva la même chose que si une flotte nombreuse se réunissait, et qu’un vent violent, se déchaînant sur elle, brisait tous les navires, submergeait les galères, et y jetait tout à coup le plus affreux désordre. Car cet exemple me semble montrer que la victoire fut facile, et le désordre extrême. Embarqués sur une flotte, et venus de régions lointaines, tous périrent : la colère de Dieu les renversa, comme eût fait un tourbillon impétueux. C’est pour cela que voulant indiquer d’où ils étaient venus, le psaume ajoute le nom de Tharsis. Car c’est ce que veut dire le texte hébreu par le mot que nous avons mis, à cause de vous, à la suite de notre citation. Voilà ce que l’on peut dire : oit bien on peut répéter ce que je disais plus liant, à savoir que Dieu mit le désordre au milieu de cette multitude d’ennemis, comme les vents violents qui souvent s’abattent sur les vaisseaux de Tharsis et les brisent.
« Nous avons vu dans la cité du Seigneur des armées, dans la cité de notre Dieu, ce que nous avons entendu annoncer (9). » Voyez-vous comme ils s’expliquent ces mots que nous avons vus plus haut : « Dont Dieu établit bien les racines », c’est-à-dire dont Dieu prend toujours soin, qu’il protége toujours, qu’il munit toujours de remparts ? Car après avoir raconté lés événements de ce temps-là, le Psalmiste ramène son récit aux événements du temps passé, et nous montre la parenté qui les unit. Ce que nous avions vu écrit, dit-il, nous l’avons vu réalisé, nous avons vu les victoires, les trophées de Dieu, sa protection et ses magnifiques miracles. Car Dieu n’a pas cessé d’en faire, et c’est bien lui qui nous sauve des dangers, qui nous mène par la main à la connaissance de sa divinité. C’est par un heureux à-propos que le Prophète a fait mention de ces événements arrivés longtemps auparavant, puisqu’il instruit ses concitoyens et par le récit des anciens miracles, et par celui des miracles nouveaux, si bien que ceux dont l’esprit est le plus épais croient, en voyant ce qui vient de se passer, à ce qui s’est passé