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EXPLICATION DU PSAUME XLVII.


1. PSAUME POUR SERVIR DE CANTIQUE AUX ENFANTS DE CORÉ. – 2. LE SEIGNEUR EST GRAND ET DIGNE DE TOUTE LOUANGE DANS LA CITÉ DE NOTRE DIEU, SUR SA SAINTE MONTAGNE. 3. DONT IL ÉTABLIT BIEN LES RACINES A LA JOIE DE TOUTE LA TERRE. – UN AUTRE INTERPRÈTE DIT : QUI S’EST ÉLEVÉE COMME UNE BELLE TIGE A L’ALLÉGRESSE DE TOUTE LA TERRE. – UN AUTRE : A LA SPLENDEUR DE TOUTE LA TERRE, SPLENDEUR DÉTERMINÉE DÈS LE PRINCIPE.

ANALYSE.

  • 1. Explication littérale des versets 1-3 du psaume.
  • 2. Explication des versets 4-9.
  • 3. Explication des versets 10-15. – La justice attribut nécessaire de Dieu.
  • 4. Exhortation.


1. Ici encore il s’agit de populations délivrées de la guerre, délivrées des combats. Car les Juifs, revenus de Babylone et arrachés à leur longue captivité, après avoir recouvré la terre de leurs aïeux et échappé à tant de guerres, chantent des cantiques d’actions de grâces en l’honneur de Celui qui est l’auteur de tous ces biens, et disent : « Le Seigneur est grand et digne de toute louange. » Ils disent qu’il est « grand », mais non pas combien, car nul ne le sait. C’est pourquoi le Psalmiste ajoute « et digne de toute louange. » Sa grandeur n’a pas de limites. Ce qui revient à dire : Il faut nous contenter de le glorifier et de le louer, et cela sans mesure ; il faut le louer, et pour sa grandeur même qui est infinie et qu’on ne peut concevoir, et pour l’immensité des bienfaits dont il nous a comblés. Il a voulu et il a pu ce qu’il a voulu et Dans la cité de notre « Dieu, sur sa sainte montagne. » Que dis-tu, ô Psalmiste ! Tu enfermes l’éloge de Celui qui est infiniment grand et digne de louanges, dans une ville et sur une montagne ? – Non, répond-il, ce n’est pas là ce que je veux dire, mais bien que c’est nous qui l’avons connu avant les autres hommes[1]. – Est-ce encore pour cela qu’il a dit « dans la cité de notre Dieu », ou bien veut-il nous montrer par là que les prodiges opérés dans cette ville ont témoigné de la grandeur et de la gloire de Dieu, que ces Juifs naguère prisonniers, délaissés, méprisés, enfermés sur une terre ennemie comme dans un tombeau, ont été tout à coup entourés par lui d’un tel éclat, qu’ils se sont mis au-dessus de leurs vainqueurs, sont revenus d’exil, ont recouvré leur sécurité première et retrouvé leur patrie dans sa splendeur d’autrefois ? Ce que nous voyons, dit-il, des œuvres de Dieu est si grand, qu’il n’en faut pas plus pour nous prouver son existence. Mais comme autrefois les Juifs n’étaient pas assez intelligents pour le comprendre, il se fit mieux connaître d’eux en les aidant contre leurs ennemis, en leur donnant la victoire, en leur procurant constamment ces triomphes extraordinaires, en tournant à leur profit toutes leurs révolutions, en faisant pour eux des prodiges au-

  1. Le traducteur latin lit πρὸ τῶν ἄλλων τοῦτο… ce qui est en effet la leçon de deux manuscrits, et rend le tout par quod nos auto alia hoc cognoverimus : J’aime mieux lire avec Savile et Morel : πρὸ τῶν ἄλλων τοῦτον.