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en face l’un de l’autre, le Seigneur les voit tous deux. (Pro. 29, 13) Les voix de l’homme sont sous les regards de Dieu, il aperçoit les traces de son passage. » (Id. 2, 21) Il signale aussi sa justice : « Les sacrifices a des impies sont une abomination devant Dieu ; mais il accueille la prière de ceux qui marchent dans le droit chemin. » (Id. 15, 8) Et encore : « Dieu renverse la demeure des orgueilleux, il affermit la borne de l’héritage de la veuve. » (Id. 15, 25) Il n’accomplit pas directement les œuvres de ses mains, mais il fait toutes choses par son Verbe et par la sagesse, et c’est ce qui caractérise le Dieu véritable qu’il est le Père du Fils. Et c’est pour cela qu’il est dit : « C’est par la sagesse que Dieu a affermi la terre. » (Id. 3, 19) Et encore : « Dieu a fait les contrées habitables et inhabitables et tous les lieux élevés que l’homme peut cultiver sous le ciel. Lorsqu’il a fait le ciel, j’étais avec lui ; quand il établissait son trône au-dessus des vents, quand a il plaçait les nuées dans les régions élevées, j’étais avec lui disposant toutes choses. C’était en moi qu’était sa joie ; je me réjouissais tous les jours en sa présence. » (Id. 8, 26,30)

Il y a des sens divers dans ce livre ; celui qui examine dans son esprit les trouvera et découvrira les sens cachés. En voici des exemples : « L’homme intelligent échappe aux ardeurs du a jour ; celui qui transgresse la loi devient le jouet des vents au temps de la moisson. » (Id. 10, 6) Et encore : « Recueille tout ce qui est vert dans les champs, fauche l’herbe de la prairie et rassemble tout le foin de la montagne, afin que tu aies des troupeaux pour te vêtir. » (Id. 27, 25) Et encore : « Si tu t’assieds pour mangera la table des grands, fais attention à ce qui est servi devant toi, « (Id. 23, 1), » et d’autres passages semblables.

Ce livre dit quelle est la notion de la véritable justice, car plusieurs se trompent sur la définition du juste, les uns disant que la justice consiste à rendre le dépôt que l’on a reçu, les autres à rendre le mal pour le mal et le bien pour le bien. De telles définitions n’ont rien d’exact. Ne dites pas, en effet : j’agirai envers lui de la même manière qu’il a agi envers moi ; je tirerai vengeance de lui pour l’injure qu’il m’a faite. Celui-ci [l’auteur des Proverbes] nous enseigne quelle est la véritable justice, savoir : de rendre à chacun ce qui lui est dû en particulier. « Honorez Dieu d’abord par vos œuvres de justice et donnez-lui les prémices de vos fruits de justice. » (Pro. 3, 9) Ensuite, honorez le roi, rendez à vos parents les devoirs qui leur sont dus, à tous ce qui est équitable. Et c’est là un type de la justice. Un autre consiste à justifier son âme, en gardant l’équité et ne se laissant point entraîner par l’iniquité, mais en agissant d’après la raison. « Ne vous laissez pas décevoir. par les mauvais conseils qui vous feraient oublier les enseignements de votre jeunesse « (Pro. 2, 16) ; » mais faites toutes choses avec conseil, de telle sorte que chacun se juge lui-même et ne forme que de bons désirs « Tous les désirs du juste sont bons (Pro. 11, 23) ; le désir du juste est accueilli. » (Id. 10, 25)

Touchant la colère, il s’exprime ainsi : « Ne soyez pas l’ami de celui qui se livre à la colère, n’habitez point avec un homme emporté. (Pro. 22, 24) L’insensé laisse échapper toute sa colère, l’homme sage en économise une partie. » (Id. 29, 11) Celui donc qui se donne ainsi à lui-même une règle, qui conserve saines et pures les actions qui relèvent de chacune des facultés de son âme, celui-là connaîtra la justice véritable.

Régler ses jugements, c’est d’abord juger avec justice et selon la loi de Dieu, car il est dit : « Ouvre ta bouche à la parole de Dieu et juge sainement de toutes choses. Sois juge du pauvre et de celui qui est faible. » (Pro. 31, 8) « Celui qui dit de l’impie : C’est un juste, sera exécrable aux peuples et odieux parmi les nations, car il n’est pas bon de faire acception de personne dans ses jugements. » (Pro. 24, 24) Ces paroles n’offrent pas d’ambiguïté. En second lieu, celui qui juge les autres doit s’appliquer à lui-même le même jugement : qu’il s’examine, qu’il se reprenne lui-même s’il s’est laissé emporter par la colère ; qu’il réprime ses désirs s’ils ont été trop violents ; qu’il excite et réveille la raison s’il l’a laissée sommeiller, et qu’il dise : « Jusques à quand, ô paresseux, demeureras-tu dans ton repos ? » Alors, se gouvernant avec justice et devenu son propre accusateur, il apprendra à porter un jugement droit et il n’entendra pas un autre lui dire : « Vous qui instruisez les autres ne vous instruisez-vous pas vous-même ? Vous qui dites : ne soyez