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Sara, fille de Raguel, le démon étant mis en fuite par la fumée, et l’ange l’ayant enchaîné dans les régions de la haute Égypte.

Tobie demeurant avec sa femme envoya Azarias, toujours regardé comme un homme, dans la Médie, et celui-ci, ayant reçu les dix talents, revint avec sa femme et avec l’ange lui-même vers son père. À son retour, le jeune Tobie oignit avec la bile du poisson les yeux de son père ; les écailles tombèrent et il vit aussitôt. Tobie avait cinquante-huit ans lorsqu’il perdit la vue ; il en avait soixante-six lorsqu’il la recouvra. Lorsque Tobie vit la lumière, l’ange se manifesta et fit connaître qu’il n’était point un homme, mais qu’il avait été envoyé de Dieu à leur secours et au secours de Sara. Devenu vieux, Tobie ordonna à son fils d’aller en Médie, à cause de la ruine de Ninive, qui devait arriver selon la parole du prophète Jonas, et il mourut à l’âge de cent cinquante-cinq ans. Le jeune Tobie alla donc dans la Médie où il ensevelit les parents de sa femme et où il apprit la catastrophe de Ninive. Il mourut lui-même à l’âge de cent sept ans. Ainsi finit le livre de Tobie.


LIVRE DE JUDITH.

Ce livre porte le nom de Judith parce que Dieu délivra par elle les enfants d’Israël attaqués et assiégés par Holopherne et frappa Holopherne lui-même. Voici quelle est cette histoire. Nabuchodonosor, roi des Assyriens, lorsqu’il faisait la guerre à Arphaxad, roi des Mèdes, avait demandé du secours à toutes les nations jusqu’à l’Égypte. Personne n’ayant envoyé de secours, mais tous ayant refusé, après qu’il eut vaincu et triomphé d’Arphaxad, il fit la guerre à ceux qui n’avaient point fourni de troupes, et il envoya contre eux Holopherne avec des forces considérables. Celui-ci soumit toutes les autres nations et renversa leurs dieux. Mais les Israélites se fortifièrent, ne voulant point se soumettre à Holopherne, et ils ne furent point effrayés par ses menaces. Le prêtre Joachim écrivit à ceux de Béthulie de couper le chemin à l’armée d’Holopherne, car c’était de ce côté qu’était sa route, et ils le firent. Holopherne prépara ses troupes au combat. Achior, prince des enfants d’Ammon, conseilla à Holopherne de ne point attaquer la nation des Hébreux, parce qu’ils avaient Dieu pour protecteur ; mais Holopherne l’envoya dans Béthulie, assurant qu’il le mettrait à mort s’il triomphait des Hébreux. Achior demeura donc dans Béthulie, tandis qu’Holopherne l’assiégeait et qu’il avait intercepté les eaux. Le peuple était tourmenté par la soif et les chefs de la cité étaient sur le point de la livrer, lorsque Judith déposant ses vêtements de veuve, car elle avait perdu son mari et passait tous ses jours dans le jeûne, prit les ornements d’une fiancée et, demandant que la ville ne fût point rendue avant cinq jours, elle alla trouver Holopherne qu’elle trompa par sa sagesse. Le troisième jour, elle lui trancha la tête, à l’insu de ses soldats et les habitants de la ville suspendirent cette tête aux murailles, afin de la faire voir aux capitaines d’Holopherne. Les Assyriens prirent la fuite et les Israélites fondant de tous côtés sur eux les taillèrent en pièces. Ainsi délivrés, ils pillèrent le camp et remirent à Judith tout ce qui avait appartenu à Holopherne. Pour elle, elle s’en alla à Jérusalem et offrit tout au Seigneur, puis, revenant dans sa maison, elle garda le même genre de vie et demeura veuve jusqu’à sa mort, personne n’ayant pu la décider à contracter un nouveau mariage. Elle mourut, après avoir été admirable dans sa viduité, à l’âge de cent cinq ans. Ainsi finit ce livre.